« Vos visages me manquent », la lettre émouvante de Michel, diacre… confiné!

2020-04-26T19:23:29+01:0026 avril 2020|

En ce troisième dimanche de Pâques, nous étions invités à contempler les compagnons d’Emmaüs ; d’abord empêchés de reconnaître le Christ du fait de leur tristesse, puis retrouvant la vraie joie, celle qui naît de notre foi, de notre rencontre avec Christ Ressuscité et nous pousse en avant. Inspiré par cet évangile, Michel, diacre permanent, nous écrit.

« J’espère ardemment que mon petit mot spontané vous trouvera tous en très bonne santé, physique, psychologique mais aussi spirituelle. Je voulais vous exprimer les sentiments qui sont les miens en ce moment, vos sourires, vos visages ainsi que vos personnes, tout ce que vous représentez, individuellement ou de façon communautaire, à savoir l’Église dans toute sa diversité me manquent.

Je suis un peu comme ces disciples qui après la Pâque rentrent chez eux. Ils se sont séparés comme nous avons dû le faire, ou nous sommes rentrés chacun chez nous pour y demeurer. Ce passage sur les disciples d’Emmaüs est éloquent tant l’Évangile peut être le reflet de ce que nous vivons. Ils sont rentrés chacun chez soi, avec tristesse et lassitude. Ils sont rejoints et enseignés par Jésus lui-même, qui marche avec eux -les disciples n’ont pas eu besoin de justification ou d’attestation!- et ils le reconnaissent à la fraction du pain, ce qui les ramène à Jérusalem pour témoigner.

Il est vrai que nous aussi d’une certaine façon, nous pouvons avoir tendance à vivre cette séparation avec un peu de nostalgie, de tristesse, et peut être avec un peu de lassitude après toutes ces semaines. Car le lien de la prière ou le lien numérique ne remplace en rien ce lien direct et fraternel qui nous unit, et qui montre cette Église se rassemblant pour fêter et signifier le Christ présent dans le monde. Ce moment nous permet de mesurer combien l’Église est un organe vivant et vivifiant j’ajouterais même vitale pour chacune de nos vies.

Jésus les rejoint et les enseigne sur leur route, là où ils en sont, entre Jérusalem et Emmaüs. Aujourd’hui, le Christ nous rejoint entre la salle de bain et le salon et il nous enseigne également. Son enseignement, c’est bien évidemment sa Parole, mais c’est aussi la confrontation à cette situation inédite, ou tant de paroles sont proclamées toutes aussi contradictoires les unes que les autres parfois. Cette situation nous renvoie à cette question : Qu’est ce qui est essentiel pour moi ? Où devrais-je écrire « essence ciel ». Cet « essence ciel » c’est l’Esprit saint qui nous accompagne chacun, et qui nous a été donné afin que nous ne soyons jamais seuls. Ce carburant n’est pas coté en bourse, et sa seule fluctuation se résume à notre capacité d’accueil. Laissons-le nous conduire, et nous aider à entretenir cette petite flamme en nous, qui s’appelle l’Amour, la Foi et l’Espérance, pour qu’au moment où nous nous retrouverons, la rencontre de ces petites flammes alimente un grand feu.

Cette rencontre est à venir, elle est devant nous chers amis, car nous aussi nous reprendrons ensemble de façon adaptée, et précautionneuse dans un premier temps, notre retour vers Jérusalem, et nous le reconnaîtrons à la fraction du pain, heureux de célébrer et de signifier ensemble le Christ vivant au milieu de nous. Célébration à laquelle nous serons partie prenante par le Christ et dans l’Esprit, elle sera pour ceux qui ne croient pas, pour celles et ceux qui resteront dehors ou sur les pas de la porte, pour celles et ceux qui sont dans les difficultés, les peines et le désarroi, ou qui nous ont quittés. Voilà le service qui plaît à Dieu, et qui nous fait grandir. Oui, gardons l’espérance que bientôt nous ferons à nouveau Église, nous aurons à nouveau des divergences de point de vue, des tensions, des questions, la vie quoi, mais nous aurons vécu quelque chose qui nous aura rendu plus fort et plus aimant envers le Seigneur, et chacun d’entre nous.

Je voulais simplement vous partager ce qui m’habite en ce moment, et vous redire l’importance que vous avez chacun à mes yeux. Car si vous n’étiez pas, je ne serai pas non plus. Je ne serais pas ce serviteur à votre service que vous avez fait naître en votre sein… même si j’ai plutôt l’impression d’être un serviteur inutile en ce moment !

Chers amis, soyez assurés de ma prière et de mon affection fraternelle. Que le ciel vous tienne en grâce ».

Votre humble serviteur, Michel

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