Mystagogie ou comment une néophyte a grandi dans la foi et trouvé sa place dans l’Eglise.
Quand j’ai pris la décision de me faire baptiser, je venais d’arriver dans la région toulousaine après un deuil familial. Éloignée de ma famille, j’ai ressenti le besoin de me rapprocher de Dieu pour survivre à ce drame. Je ne connaissais pas encore la portée du soutien de la paroisse et les liens qui peuvent s’y tisser.
A l’époque, j’avais une vision très réduite de la vie de foi et de l’Église.
J’ai donc commencé une préparation avec 3 accompagnateurs, très différents dans leur caractère, leur foi et leur vécu. En plus de l’accompagnement régulier, ils m’accompagnaient aux rencontres diocésains et je les croisais à l’église. Cela a été très important car à part eux, je ne connaissais quasiment personne dans l’assemblée. J’avais tendance à me mettre sur un bout de banc, tout au fond, car je n’avais pas encore trouvé ma place. Je ne me sentais pas légitime, n’étant pas baptisée, de m’asseoir au centre de l’église.
En grand groupe (rencontre avec tous les catéchumènes de la paroisse), j’ai pu ainsi voir que je n’étais pas seule. Que d’autres personnes très différentes cherchaient Dieu de la même manière que moi. Au-delà des rencontres rythmées par la prière, la lecture des textes et les échanges, j’étais davantage en recherche de liens avec les autres catéchumènes. Je trouvais les prières proposées un peu trop formelles. Ces réunions ne nous permettaient finalement pas de nous connaître véritablement puisque nous ne prenions pas le temps de parler de notre vie personnelle.
J’ai vécu avec intensité le sacrement du baptême et de la confirmation à la veillée de Pâques 2016. Je n’ai pas construit de liens forts avec les personnes baptisées cette année-là, mais au fil du temps j’ai pu rencontrer d’autres accompagnateurs, responsables de service de paroisse, prêtres … et mon cercle s’est élargi. Petit à petit, je reconnaissais plus de monde à la messe du dimanche, et de véritables amitiés se sont créées. Je participais davantage aux messes, on me proposait de temps en temps de lire ou de faire la quête. Petit à petit, je prenais ma place dans l’assemblée.
Quand le Père Joseph m’a demandé d’accompagner (avec deux autres personnes) un catéchumène, j’ai d’abord hésité. Je ne me sentais pas prête au niveau liturgique à transmettre quelque chose à d’autres. Je pense qu’il a bien fait de me rassurer. De me proposer ce service directement après les sacrements, cela m’a permis de ne pas me laisser le temps de m’éloigner de l’église.
Effectivement, malgré ma grande foi et après un sacrement si fort que le baptême, je me serais peut-être laissée piégée par les aléas quotidiens. J’aurais mis ma foi de nouveau au second plan dans ma vie.
Forgée par mon éducation, j’ai toujours baigné dans le monde associatif, il me semblait normal de redonner ce que mes accompagnateurs avaient fait germer lors de ma préparation.
D’autres propositions m’ont été faites : chorale paroissiale, groupe de prière Bible et Partage, formations pour les accompagnateurs, groupe d’oraison…. Nous avions créé avec d’autres anciens catéchumènes de la paroisse un groupe regroupant les néophytes. Nous nous retrouvions de temps en temps pour visiter le patrimoine d’église de la région (Saint Sernin, Abbaye Sainte Marie du Désert, Lourdes…) afin de découvrir l’Évangile autrement.
J’ai progressivement choisi d’intégrer le bureau du catéchuménat paroissial (bureau composé d’anciens et de nouveaux baptisés-confirmés). En effet, j’avais à cœur que les catéchumènes se sentent rapidement intégrés. Je voulais palier à ce qui m’avait manqué à l’époque. Je trouvais les réunions « grand groupe paroissial » qui se tenaient 4 fois par an, un peu trop formelles. J’ai pu ainsi donner mon avis, dire mon vécu, j’ai été écoutée dans mes manques et mes besoins. Cela a été discerné pour faire grandir dans la foi les catéchumènes et néophytes. J’ai pu faire des propositions et nous avons amélioré le fonctionnement et les propositions du catéchuménat paroissial.
Par exemple, les premières rencontres grand groupe de l’année ont davantage mis l’accent sur les échanges personnels bien avant la lecture de textes et de transmission de connaissances. Nous avions mis en place des « apéros-messe », où nous nous retrouvions entre catéchumènes après la messe pour se voir de manière informelle, très souvent sans nos accompagnateurs, où nous pouvions parler librement de nos obstacles, nos joies, nos peurs dans notre préparation.
Ceci est mon expérience. D’autres néophytes ont eu des propositions pour s’intégrer dans un service et vraiment y participer ou même par exemple créer un groupe de prière des hommes, un autre l’école d’Oraison, intégrer la préparation au mariage, d’autres l’accueil boisson lors des rencontres ! etc.
L’investissement dans un service d’Église quelconque de la paroisse après le sacrement de l’initiation chrétienne doit, à mon sens, vraiment être présenté comme un mûrissement et un don. Personnellement j’ai vraiment continué à grandir au service des catéchumènes en participant à leur accompagnement. Je vis le fait que le sacrement n’est pas une fin en soi. Le néophyte a son rôle à jouer dans l’Église d’aujourd’hui, par son dynamisme et la grâce reçue dans le baptême. Il peut collaborer à la vitalité de l’Église, créer, être le reflet d’une Église active, ouverte, joyeuse et surtout accueillante en Christ !