Formation diocésaine des équipes de funérailles : Vivre et annoncer le mystère de la Résurrection

2018-01-28T20:19:36+01:0028 mars 2017|

Cette année, l’équipe des funérailles de notre ensemble paroissial Aucamville-Saint-Loup Cammas a suivi une formation sur le thème de la Résurrection. En diocèse en novembre ou en mars dernier : chaque rencontre questionne et renforce la foi de chacun et vient nourrir leur mission auprès des familles endeuillées.

« Quels signes du Ressuscité, la foi, l’Esprit Saint me permettent-ils de déceler dans ma vie et autour de moi ? Comment parlons-nous de la Résurrection ? Comment annoncer la Résurrection aux familles en deuil ? ». Ces questions furent données aux diverses équipes des funérailles de tout le diocèse -200 personnes en novembre dernier, à la maison diocésaine du Christ-Roi- comme autant de pistes de réflexion pour enrichir leur mission auprès des familles endeuillées. Comme l’Espérance, dont elles doivent témoigner dans ces moments tragiques de la vie, la Résurrection est une question tout autant importante, centrale qu’elle est difficile à aborder au moment de la mort d’un proche. Avec le père Cyprien Comte, directeur du séminaire, des clés ont été données pour avancer.

S’appuyer sur le Nouveau Testament
Le tout jeune docteur en théologie, prêtre accompagnateur de notre ensemble paroissial les a puisées dans le Nouveau Testament, qui est justement fondé sur l’annonce de ce qui fait le cœur de notre foi (le kérygme) et en particulier la foi en la Résurrection. Le Nouveau Testament parle de cet événement de la Pâques de quatre façons au moins : Il en parle à travers le tombeau vide qui souligne l’absence du Ressuscité (Marc 16, 1-8) ; il en parle à travers l’expérience de Marie Madeleine qui « reconnaît » son maître au petit matin, dans l’Évangile de saint Jean (20, 11-17) ; il nous parle de la « glorification » du Ressuscité dans l’Évangile de saint Matthieu (28, 16-20) dans lequel les disciples se rendent sur la montagne pour adorer. Enfin, le Nouveau Testament illustre avec l’expérience des disciples sur la route d’Emmaüs dans l’évangile de Saint Luc (24, 13-35) comment la Résurrection est tout entière vie de l’Église. Vivre la Résurrection, c’est croire qu’elle donne sens à la mission, qu’elle en est le fondement par l’action mystérieuse du Christ et de l’Esprit Saint. A relire d’urgence l’exhortation du pape François « La joie de l’Evangile » dont nous reprenons ici des passages-clé sur ce thème (lire ci-contre). Également le livre de l’écrivain orthodoxe Olivier Clément, «Christ est ressuscité, propos sur les fêtes chrétiennes » ou celui de la jeune Communauté de l’Agneau, présente à Toulouse : « Dieu est ressuscité ».

“L’action mystérieuse du Ressuscité et de son Esprit”, exhortation apostolique Evangelii Gaudium, la joie de l’Evangile, Pape François (Extraits)

  1. Dans le deuxième chapitre, nous avons réfléchi sur ce manque de spiritualité profonde qui se traduit par le pessimisme, le fatalisme, la méfiance. Certaines personnes ne se donnent pas à la mission, car elles croient que rien ne peut changer et pour elles il est alors inutile de fournir des efforts. Elles pensent ceci : “Pourquoi devrais-je me priver de mon confort et de mes plaisirs si je ne vois aucun résultat important ?”. Avec cette mentalité il devient impossible d’être missionnaires. Cette attitude est précisément une mauvaise excuse pour rester enfermés dans le confort, la paresse, la tristesse de l’insatisfaction, le vide égoïste. Il s’agit d’une attitude autodestructrice, car « l’homme ne peut pas vivre sans espérance : sa vie serait vouée à l’insignifiance et deviendrait insupportable ».
[211] Si nous pensons que les choses ne vont pas changer, souvenons-nous que Jésus Christ a vaincu le péché et la mort et qu’il est plein de puissance. Jésus Christ vit vraiment. Autrement, « si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message » (1 Co 15, 14). L’Évangile nous raconte que les premiers disciples allèrent prêcher, « le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole » (Mc 16, 20). Cela s’accomplit aussi de nos jours. Il nous invite à le connaître, à vivre avec lui. Le Christ ressuscité et glorieux est la source profonde de notre espérance, et son aide ne nous manquera pas dans l’accomplissement de la mission qu’il nous confie.
  1. Sa résurrection n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale. Il est vrai que souvent Dieu semble ne pas exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence et la cruauté ne diminuent pas. Pourtant, il est aussi certain que dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit. Dans un champ aplani commence à apparaître la vie, persévérante et invincible. La persistance de la laideur n’empêchera pas le bien de s’épanouir et de se répandre toujours. Chaque jour, dans le monde renaît la beauté, qui ressuscite transformée par les drames de l’histoire. Les valeurs tendent toujours à réapparaître sous de nouvelles formes, et de fait, l’être humain renaît souvent de situations qui semblent irréversibles. C’est la force de la résurrection et tout évangélisateur est un instrument de ce dynamisme.
  1. De nouvelles difficultés apparaissent aussi continuellement, l’expérience de l’échec, les bassesses humaines qui font beaucoup de mal. Tous nous savons, par expérience, que parfois une tâche n’offre pas les satisfactions que nous aurions désirées, les fruits sont infimes et les changements sont lents, et on peut être tenté de se fatiguer. Cependant, quand, à cause de la fatigue, quelqu’un baisse momentanément les bras, ce n’est pas la même chose que les baisser définitivement, car on est submergé par un désenchantement chronique, par une paresse qui assèche l’âme. Il peut arriver que le cœur se lasse de lutter, car, au final, la personne se cherche elle-même à travers un carriérisme assoiffé de reconnaissances, d’applaudissements, de récompenses, de fonctions ; à ce moment-là, la personne ne baisse pas les bras, mais elle n’a plus de mordant ; la résurrection lui manque. Ainsi, l’Évangile, le plus beau message qui existe en ce monde, reste enseveli sous de nombreuses excuses.
  1. La foi signifie aussi croire en lui, croire qu’il nous aime vraiment, qu’il est vivant, qu’il est capable d’intervenir mystérieusement, qu’il ne nous abandonne pas, qu’il tire le bien du mal par sa puissance et sa créativité infinie. C’est croire qu’il marche victorieux dans l’histoire « avec les siens : les appelés, les choisis, les fidèles » (Ap 17, 14). Nous croyons à l’Évangile qui dit que le Règne de Dieu est déjà présent dans le monde, et qu’il se développe çà et là, de diverses manières : comme une petite semence qui peut grandir jusqu’à devenir un grand arbre (cf. Mt 13, 31-32), comme une poignée de levain, qui fait fermenter une grande quantité de farine (cf. Mt 13, 33), et comme le bon grain qui grandit au milieu de l’ivraie (cf. Mt 13, 24-30), et peut toujours nous surprendre agréablement. Il est présent, il vient de nouveau, il combat pour refleurir. La résurrection du Christ produit partout les germes de ce monde nouveau ; et même s’ils venaient à être taillés, ils poussent de nouveau, car la résurrection du Seigneur a déjà pénétré la trame cachée de cette histoire, car Jésus n’est pas ressuscité pour rien. Ne restons pas en marge de ce chemin de l’espérance vivante !
  1. Comme nous ne voyons pas toujours ces bourgeons, nous avons besoin de certitude intérieure, c’est-à-dire de la conviction que Dieu peut agir en toutes circonstances, même au milieu des échecs apparents, car « nous tenons ce trésor en des vases d’argile » (2 Co 4, 7). Cette certitude s’appelle “sens du mystère”. C’est savoir avec certitude que celui qui se donne et s’en remet à Dieu par amour sera certainement fécond (cf. Jn 15, 5). Cette fécondité est souvent invisible, insaisissable, elle ne peut pas être comptée. La personne sait bien que sa vie donnera du fruit, mais sans prétendre connaître comment, ni où, ni quand. Elle est sûre qu’aucune de ses œuvres faites avec amour ne sera perdue, ni aucune de ses préoccupations sincères pour les autres, ni aucun de ses actes d’amour envers Dieu, ni aucune fatigue généreuse, ni aucune patience douloureuse. Tout cela envahit le monde, comme une force de vie. Parfois, il nous semble que nos efforts ne portent pas de fruit, pourtant la mission n’est pas un commerce ni un projet d’entreprise, pas plus qu’une organisation humanitaire, ni un spectacle pour raconter combien de personnes se sont engagées grâce à notre propagande ; elle est quelque chose de beaucoup plus profond, qui échappe à toute mesure. Peut-être que le Seigneur passe par notre engagement pour déverser des bénédictions quelque part, dans le monde, dans un lieu où nous n’irons jamais. L’Esprit Saint agit comme il veut, quand il veut et où il veut ; nous nous dépensons sans prétendre, cependant, voir des résultats visibles. Nous savons seulement que notre don de soi est nécessaire. Apprenons à nous reposer dans la tendresse des bras du Père, au cœur de notre dévouement créatif et généreux. Avançons, engageons-nous à fond, mais laissons-le rendre féconds nos efforts comme bon lui semble.
  1. Pour maintenir vive l’ardeur missionnaire, il faut une confiance ferme en l’Esprit Saint, car c’est lui qui « vient au secours de notre faiblesse » (Rm 8, 26). Mais cette confiance généreuse doit s’alimenter et c’est pourquoi nous devons sans cesse l’invoquer. Il peut guérir tout ce qui nous affaiblit dans notre engagement missionnaire. Il est vrai que cette confiance en l’invisible peut nous donner le vertige : c’est comme se plonger dans une mer où nous ne savons pas ce que nous allons rencontrer. Moi-même j’en ai fait l’expérience plusieurs fois. Toutefois, il n’y a pas de plus grande liberté que de se laisser guider par l’Esprit, en renonçant à vouloir calculer et contrôler tout, et de permettre à l’Esprit de nous éclairer, de nous guider, de nous orienter, et de nous conduire là où il veut. Il sait bien ce dont nous avons besoin à chaque époque et à chaque instant. On appelle cela être mystérieusement féconds !

L’équipe des funérailles rend hommage à Bernard Valéna

« Il était mon frère », confie Adeline tandis que Marie-Hélène note que le mot « fraternité » le définit mieux que tout autre. Bernard Valena a passé plus de dix ans au sein de l’équipe de funérailles de l’ensemble paroissial de Saint-Loup Cammas devenue en 2015, l’ensemble paroissial Aucamville-Saint-Loup Cammas. Cette année-là, la maladie l’avait trop épuisé pour qu’il puisse poursuivre son engagement au service des défunts et de leur famille. Pourtant, c’est bien lui, l’amoureux du petit village et de l’église de Bazus, qui avait conduit l’équipe à travailler, déjà, en Doyenné soutenant le projet pastoral de Père Joseph. Son ouverture tout autant que son sens de l’organisation l’incitait à voir plus loin. Avec dévouement, il animait le service des funérailles. Précis et méticuleux, il faisait les plannings, préparait les célébrations avec les familles endeuillées, remplissait les différentes tâches administratives liées au décès et… communiquait ! Il savait appeler les membres de l’équipe, il les soutenait et développait un esprit d’entraide et de convivialité au sein d’un service difficile et particulièrement sollicité dans les paroisses. Il avait également pour les familles en deuil beaucoup d’empathie, savait mettre les personnes en confiance et écouter leur douleur avec respect et amour. « Bernard était apprécié de tous et aimait chaque être humain unique pour lui. Ses propos toujours mesurés et sages prenaient un sens fort dans sa bouche », souligne Adeline. «Il avait un savoir-être extraordinaire, il m’a appris beaucoup. C’est grâce à lui que je suis aujourd’hui engagée dans ce service pour lequel je reçois autant que je donne! ».

Seigneur accueille Bernard auprès de toi et souviens-toi de ce qu’il a fait de bien et de beau sur cette terre.