Solennité du Christ Roi de l’univers, 22 novembre. Homélie de Guy, diacre : Veiller sur « ces plus petits de mes frères »

2020-11-23T23:38:25+01:0023 novembre 2020|

Frères et sœurs, bien aimés de Dieu. Cette fête du Christ Roi de l’univers fut instituée par le pape Pie XI en 1925 pour souligner combien cette royauté du Christ devait rayonner dans tous les domaines de nos vies et sur toute l’humanité. Cette fête du Christ Roi clôture chaque année notre année liturgique.

Mais qui est ce Roi que nous couronnons du titre « Roi de l’univers »? Dans la revue Magnificat ; voilà les litanies royales que je trouve ce matin pour décrire ce roi. Je vous lis ce qui le définit :

« Roi sans palais/ Roi sans armées/ Roi sans trésor/Roi d’un royaume de pauvres/ Roi d’un royaume de frères/ Roi d’un royaume de pécheurs/ Roi qui détruis la violence/ Roi qui renverse les puissances/ Roi qui relèves ceux qui tombent/ Roi qui dissous les ténèbres/ Roi qui guéris les blessures/ Roi qui pardonnes les péchés/ Roi d’humilité/ Roi plein de douceur/ Roi sur un ânon. »

Voici notre Roi : dans son abandon proclamé roi, par Pilate lors de son jugement, ou dans sa nudité sur la croix par les gardes romains.

Dans les lectures précédentes du mois de Novembre, le Seigneur nous a appelé à veiller : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure » (Mt 25,13) dans la parabole des 10 jeunes filles. Nous étions invités à la vigilance, veiller dans la prière, dans l’attente de son retour. Le pape ces jours-ci, nous rappelait le père Gibson à la messe, nous demande de veiller à notre connexion avec Dieu : mettre en « veille » son smartphone, sa télé. Aujourd’hui, les textes de la liturgie nous orientent résolument vers le prochain « veiller sur » et quel meilleur modèle nous est donné : le bon Berger, que ce soit dans le texte du prophète Ezéchiel, ou dans ce psaume 22 qui est le chant du peuple d’Israël à son berger : Dieu.

Dans le premier texte d’Ezéchiel, nous avons là le modèle du bon berger qui « veille sur« . Trois fois l’expression « veiller sur » revient, « Maintenant, j’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis » Le prophète Ezéchiel annonce au peuple dispersé par l’Exil à Babylone ce berger qui veillera sur son peuple et le ramènera au bercail, c’est-à-dire à Jérusalem. Un bon berger surveille son troupeau, dernièrement sur les pentes de la Montagne Noire, je voyais une bergère (Il y a de plus en plus de femmes qui font ce métier) prenant soin de son troupeau, donnant des ordres à son chien de berger. Elle surveillait ces bêtes pour les faire rentrer avant qu’une épaisse nappe de brouillard s’abatte sur les prés. Elle les regardait et les approchait avec bienveillance comme fait Dieu avec nous.

Mais venons en à l’Évangile de ce jour. Nous lisons dans l’Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu cette splendide parabole du Seigneur Jésus appelée « Le jugement dernier » ; c’est la dernière parabole racontée par le disciple Matthieu juste avant les récits de la Passion et de la Résurrection du Seigneur.

Avec cette phrase très forte du Christ. Quand le Christ veut attirer notre attention il commence par le mot AMEN, puis je vous le dis. «  Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » Dans une retraite prêchée par un diacre Pierre Cormier qui nous a quittés, il nous témoignait de sa conversion en entendant cette phrase de l’Évangile selon St Matthieu, et ce fut un tel ébranlement pour lui d’entendre cela, qu’avec son épouse par la suite ils se sont occupés pendant longtemps de Mère de Miséricorde, « ces plus petits de mes frères » ont pris ce jour là le visage de femmes marquées par un avortement ou par le deuil de l’enfant qui n’a pas vu le jour.

Saint Jean de la Croix (contemporain de Thérèse d’Avila , Espagne, XVIè siècle nous le disait avec force : «  Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour » c’est-à-dire l’amour concret pour le prochain en difficulté. Notre engagement concret d’aimer et de servir Jésus dans nos frères les plus petits et le plus dans le besoin.

Le Pape François nous le disait à la même époque, il y a 3 ans, en commentant cet Évangile

« Ce mendiant, ce Sans domicile fixe qui tend la main c’est Jésus, ce malade à l’Hôpital ou la personne âgée chez elle ou dans un EHPAD qui attend ma visite c’est Jésus. »

Ne pas en rester aux intentions. L’amour du prochain se traduit par des actes très concrets, des gestes de l’ordinaire : donné à manger, donné à boire, habiller, accueillir l’étranger, visiter le malade, le prisonnier. Le Seigneur ne nous demande pas des actes compliqués. Dans ce temps de reconfinement, je peux rendre visite par le téléphone, le portable, le smartphone aux plus isolés.

Lorsque le Christ envoie au début de sa mission ces apôtres, il leur dit ceci « Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non il ne perdra pas sa récompense. » (Mt 10, 42)

Le Christ qui, à l’Ascension nous a quittés pour siéger à la droite du Père est resté aussi parmi nous. Il ne règne pas seulement au ciel mais aussi dans ce frère, cette sœur qui a besoin de moi, et que je dois servir comme un roi.

Quand nous doutons de l’existence de Dieu, tournons-nous vers le pauvre, car Dieu non seulement se reconnaît dans ces pauvres, mais il est lui-même ce pauvre que nous abordons. Ce qu’un pauvre sollicite c’est l’amour d’amitié, un amour gratuit. Saint Vincent de Paul, nous dit rencontrer un pauvre c’est comme en regardant une pièce de monnaie cotée face vous avez le visage de Dieu, côté pile vous avez l’image du pauvre «  Les pauvres sont nos maîtres » nous dit Vincent de Paul.

Pour terminer, deux remarques que je tire de commentaires de Marie Noëlle Thabut sur cette parabole. (Ecoutez-la sur Radio Présence, chaque dimanche de 8h à 8h30).

La première nous voyons que les justes n’ont même pas besoin d’être conscient : « Quand est ce que nous t’avons vu ? Quand sommes nous venus jusqu’à toi ? » Des non-chrétiens sont aussi appelés les « bénis de son père ». Nous chrétiens, n’avons pas le monopole de l’Amour. Dans ce jugement dernier, le salut leur est accordé. Tout cela est réconfortant.

Seconde remarque : Quand nous rencontrons dans la Bible l’opposition entre les bénis et les maudits, les bons et les méchants, les justes et les pécheurs ; il faut comprendre que ce sont deux comportements qui sont visés et non pas deux catégories de personnes. Le Christ ne sépare pas l’humanité en 2 catégories de personnes. Nous savons tous que nous avons chacun notre visage de lumière et de ténèbres. Nous pouvons nous retrouver dans l’une et l’autre catégorie. Qui n’a pas manqué de charité ? Qui n’a pas fait semblant de ne pas voir ? Nous comptons aussi sur la Miséricorde de Dieu.

Conclusion :

Dans cette dernière parabole, au moment de quitter le monde, le Christ nous confie ce qu’il a de plus précieux au monde : l’humanité. Le Christ nous demande de veiller sur «  les plus petits de mes frères » sur notre prochain. Nous n’avons que cette courte vie pour aimer et recevoir la vie éternelle. Demandons au Seigneur la force de le faire par cette Eucharistie que nous allons vivre maintenant et en recevant la communion tout à l’heure dans nos églises. Amen