4ème dimanche de Pâques, homélie de père Jean : « Rien ne peut confiner la parole de Dieu »

2020-05-02T22:25:46+01:002 mai 2020|

Chers amis, nous célébrons le 4ème dimanche de Pâques pendant une période inédite. Avec l’apparition du coronavirus qui ravage le monde, tout est à l’arrêt. Et le seul moyen plus efficace pour ne pas attraper le coronavirus, c’est le confinement. Depuis mi-mars, nous sommes tous confinés. Nous avons la peur au ventre. Mais, dans notre angoisse, notre inquiétude, notre désarroi, nous nous confions au maître de la vie : Dieu notre créateur, c’est lui qui a le dernier mot de notre histoire. Nous sommes confinés, mais rien ne peut confiner la parole de Dieu. Nous espérions être déconfinés très prochainement à partir du 11 mai, pas du tout, nous sommes comme des brebis délaissés par ceux qui nous gouvernent : pas de messes, pas célébrations religieuses. Nos évêques sont en colère ; ils ne comprennent plus ; les prêtres sont déboussolés. Qui pourra nous libérer de cette triste situation ? Les textes bibliques de ce dimanche nous montrent les débuts de la prédication de Pierre, entouré des apôtres. Après l’ascension de notre Seigneur Jésus Christ, les apôtres se sont confinés pendant dix jours. Ils avaient peur. Ils se sont sentis menacés de mort à cause de leur appartenance au Christ. Mais le jour de la Pentecôte, ils sont déconfinés ; ils n’ont plus peur. L’Esprit Saint les a libérés. Ils sont sortis du lieu où ils se cachaient pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile. Pierre s’adresse solennellement au peuple : «  Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ. » Profondément touché par la parole de Pierre, le peuple a réagi immédiatement : «  Frères, que devons-nous faire ? » Et la réponse de Pierre est claire : «  Convertissez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour obtenir le pardon de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint Esprit. » Beaucoup se sont fait baptiser. Pour eux, c’est vraiment la joie de l’Évangile. «  La communauté s’augmenta ce jour-là d’environ trois mille personnes. »

Dans sa première lettre, Pierre s’adresse à des communautés déjà établies qui éprouvent des difficultés. Il les exhorte à se tourner vers ce modèle qu’est le Christ : « puisque le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces.» Saint Pierre ajoute : «  Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice. » Le Christ a pris sur lui nos péchés pour nous en libérer. C’est par ses blessures que nous sommes guéris. L’opprimé qui est conscient de partager la destinée de son Seigneur n’aura plus jamais une âme d’esclave. Il découvrira que le Seigneur est son berger et qu’avec lui, rien ne saurait lui manquer (Ps 22).

Chers amis, c’est précisément cette image du berger que Jésus utilise dans l’évangile de ce dimanche. Tout au long de son ministère, nous le voyons parcourir les villes et les villages pour annoncer la Bonne Nouvelle. Il y rencontre des foules qui sont comme «des brebis sans berger ». Jésus est profondément touché jusqu’aux entrailles par leur douloureuse situation. Les grands prêtres, les scribes, les pharisiens qui auraient dû s’en occuper les ont pratiquement abandonnés. Dans l’Ancien Testament, le prophète Jérémie dénonce:«ces misérables bergers qui laissent périr et se disperser les brebis du pâturage». Dans cette page d’évangile, Jésus dénonce les pharisiens qui expulsent les brebis du troupeau de Dieu. Ce qu’il faut comprendre, c’est que Jésus se présente à tous comme l’unique pasteur. Il se présente comme l’unique guide de toute l’humanité. «Tous ceux qui sont intervenus avant moi sont des voleurs et des bandits», dit Jésus. Jésus oppose donc les faux pasteurs , voleurs et bandits, qui prétendent guider les autres sans vrais mandat au vrai pasteur qui entre , lui, en toute clarté , par la porte, et que le portier introduit. Jésus nous avertit avec force : vous serez volés et détruits. Autrement dit, tous les faiseurs de belles promesses sont des voleurs et des bandits. C’est vrai que les évêques et les prêtres sont présentés comme les bergers du peuple qui leur est confié. C’est également vrai pour tous ceux qui exercent des responsabilités dans différents domaines. Mais les uns et les autres ne pourront être berger que s’ils sont vraiment reliés au Christ. Nous ne sommes que des intendants. Dans cet évangile, Jésus se présente aussi comme la porte : «Moi je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé». Cela veut dire que c’est par lui que nous devons passer si nous voulons être de vrais pasteurs. Ceux qui ne passent pas par la porte sont des voleurs et des bandits. Ces derniers ne viennent que pour voler, égorger et détruire. Ce n’est pas le cas de Jésus : il est venu pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il veut que tous les humains aient la vie en abondance. Le Seigneur Jésus nous dit encore dans l’évangile de Jean : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14,6). Jésus a conscience d’être un passage, une porte, qui donne accès au Père, à la vie éternelle. Tous les baptisés, nous sommes invités à devenir disciples missionnaires c’est-à-dire nous sommes envoyés pour continuer ce que Jésus a fait. Mais rien n’est possible sans lui. Il est notre porte d’entrée. Il est le passage obligé. Tout le travail des communautés chrétiennes doit passer par lui. Autrement dit, notre mission n’est pas de travailler pour le Seigneur mais de faire le travail du Seigneur. C’est de lui qu’on reçoit le salut et la vie en abondance. Nous devons accueillir cet évangile comme une invitation à remettre le Christ au cœur de nos vies et à nous laisser guider par lui. Nous avons soif de lui. Il vient en nous dans l’eucharistie. Durant ce confinement, la communion nous manque. «Qui mange mon corps et boit mon sang aura la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour», dit Jésus. Nous espérons que bientôt, nous reprendrons le chemin de nos églises. Vos prêtres vous attendent impatiemment.

Chers amis, c’est aujourd’hui la journée mondiale des vocations. Nous pensons aux évêques, aux prêtres, aux religieux et religieuses. Mais la vocation ce n’est pas seulement l’affaire de quelques-uns. L’appel du Seigneur est pour tous. C’est à chacun et chacune de dire oui ou non à l’appel de Dieu. Dieu ne force personne. Il y a encore aujourd’hui des millions d’hommes et des femmes non encore évangélisés. Prions pour que Dieu suscite des vocations dans nos familles, dans nos villages, dans notre Diocèse. Jésus lui-même nous dit : «J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie : il faut que je les conduise avec les autres.» L’Église attend des pasteurs selon le cœur de Jésus, des hommes et des femmes qui osent risquer leur vie au nom de l’évangile. Des hommes et des femmes qui donnent leur vie pour le salut des autres. Jésus compte sur chacun de nous pour être les témoins et les messagers de son amour dans le monde d’aujourd’hui. C’est ainsi que nous pourrons participer à son œuvre de rassemblement : «Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie». Jésus ne nous envoie pas seul. Il nous envoie les uns avec les autres et surtout avec lui. La vocation de tout baptisé est vocation à devenir disciple du Christ ; c’est en Église que nous participons à sa mission d’annonce de l’Évangile au monde. C’est en passant par Jésus que nous pourrons témoigner du salut qu’il est venu offrir au monde. En communion les uns avec les autres et avec toute L’Église, nous pouvons chanter et proclamer : «Tu es mon berger, ô Seigneur, rien ne saurait manquer où tu me conduis». Nous prions sans cesse pour que nous soyons déconfinés le plutôt possible. Amen