6è dimanche de Pâques, homélie de Michel, diacre : Honorer dans nos cœurs la Sainteté du Seigneur : un chemin de crête.

2020-05-17T18:47:56+01:0017 mai 2020|

Ce que nous vivons en ce moment est une situation tout à fait inédite, et la façon que nous avons de nous retrouver en ce premier dimanche qui est en fait le sixième dimanche de Pâques l’est tout aussi vous en conviendrez.

  • Durant cette première semaine de « déconfinement », voici ce que la Parole de Dieu nous dit : « Si quelqu’un m’aime il gardera ma Parole, mon père l’aimera, nous viendrons vers lui et chez lui nous nous ferons une demeure. » Jn14 .

  • Ou encore « Demeurez en moi, comme moi en vous. » Jn 15

Alors que nous souhaitons sortir de nos demeures, le Seigneur lui veut se faire une demeure.

St Pierre dans sa première épître, nous exhorte à « Honorer dans vos cœurs la sainteté du Seigneur : le Christ. » Si le Christ est en nos cœurs, c’est par la présence de l’Esprit saint en nous. Esprit qui nous a été est donné au baptême et qui sans cesse agit en nous et demeure en nous. Et Jésus nous parlant de l’Esprit saint, nous redit aujourd’hui: « Car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. »

Dans notre cœur : L’Esprit saint réside dans notre cœur. Les résonances du mot cœur ne sont pas les mêmes en français et en hébreux, même si sur le plan physiologique ils amènent à un organe identique. En hébreux, le cœur n’est pas uniquement le lieu des sentiments et des émotions, là où se développe la vie affective, mais il désigne le « dedans » de l’homme. C’est le lieu des pensées, des idées, des souvenirs, des projets et des décisions, lieu où l’homme tire sa personnalité, ce qu’il est en profondeur, lieu de son être intégral. Dans la Bible, c’est le lieu où l’homme rencontre Dieu, où il nous rencontre dans notre intimité, là où nous ne pouvons pas nous cacher, comme l’avait fait Adam, dans le livre de la Genèse.

Comment honorer cet hôte intérieur ?

  • Pour répondre simplement à cette question, Je vous propose 4 mots : Gloire, confiance, liberté et fierté. Glorifier le Seigneur par nos chants, mais la gloire dont il s’agit là, n’est pas celle qui doit s’exprimer par nos voix. Elle n’est pas non plus celle que l’on réserve aux héros, qui s’apparente à la gloriole toute humaine que nous recherchons tous. Dans la Bible hébraïque la gloire se dit « kabôd », et signifie le poids. C’est le poids d’un être, sa valeur réelle, l’importance de sa présence, la place qui lui est due. Rendre gloire à ce Dieu, qui nous habite, c’est lui laisser la première place, toute la place, c’est le laisser habiter les moindres recoins de notre être, même ces endroits où nous n’allons pas toujours, tant quelques fois ils sont sombres. Cela nécessite de trier et de faire un peu de ménage, pour sortir tout ce qui nous encombre, et même nous entrave bien souvent. J’espère que la période de confinement a été propice pour faire cela. Vous savez ces petites choses que l’on n’ose pas jeter pensant que cela pourra toujours servir.

  • Faire le ménage, je vous avoue que ce n’est pas naturel chez moi, tant je trouve que cette machine munie d’un tuyau et d’une brosse au bout fait beaucoup de bruit. Plus sérieusement, laisser à l’Esprit Saint la première place, demande d’être dans la confiance. Bien entendu qu’il est important de se faire confiance dans ce que l’on entreprend, mais encore ce mot est piégeur, il s’agit là de faire entièrement confiance dans l’action de l’Esprit. Savoir qu’il ne va pas nous demander au-delà de nos capacités, certes il nous incitera à agir avec douceur et respect, mais en nous donnant les charismes qui vont bien pour l’édification du corps qui est notre communauté, et de l’Église. Confiance dans sa présence qui est source de guérison intérieure, guérison des blessures du passé, guérison de nos peurs, car n’oublions pas que c’est le paraclet, le consolateur que le Seigneur nous a laissé, le consolateur, le libérateur, et il nous aide à accéder aux réalités d’en haut.

  • L’esprit du Seigneur nous libère de ces peurs qui nous habitent: peur de manquer, peur de ne pas réussir, de ne pas être à la hauteur. Le premier fruit de cette libération c’est la joie, joie de se sentir aimé et pardonné de nos péchés. Le second fruit qui est aussi important que le premier, c’est la libération de ces penchants qui nous éloignent de l’amour de Dieu et de nos frères. Là aussi l’action de l’Esprit en nous, nous amène à nous reconnaître pécheur, mais sans nous laisser aller à la culpabilité, car il nous fait découvrir que nous sommes avant tout pardonnés et aimés du père, des fils relevés à chaque fois qu’ils crient vers lui.

  • Comme le disent les paroles de ce chant : « L’esprit Saint qui nous ait donné, fait de nous tous des fils de Dieu » Voilà un motif de fierté. Non pas la fierté d’être ce que je suis, de ce que j’ai accompli ou de ce que je possède. Mais la fierté d’être enfant de Dieu à part entière, et d’appartenir à cette grande famille des chrétiens. Là encore le mot est piégeur. C’est peut-être à cause de cela que nous n’employons pas souvent ce mot, et que nous n’avons pas cette attitude d’être fier d’être enfant du père, enfant d’un même père. Cette fierté n’est pas à interpréter comme de l’orgueil, mais simplement comme la fierté que nous avons envers cette filiation, et par cette disposition simplement l’honorer.

Jésus nous donne par grâce ce qui l’est par nature.

Par son incarnation, Jésus a épousé notre humanité, il porte en lui la nature divine et la nature humaine. Si au jour du baptême nous recevons la grâce de devenir enfant de Dieu, le travail de l’Esprit en nous, nous aide à découvrir cette filiation et à nous transformer au fil du temps. Pour expliciter cette présence et ce travail, les pères de l’Église parlent de divinisation. Nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous dit le livre de la Genèse : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance » Cette image c’est la grâce reçue, nous sommes créés à l’image de Dieu, mais pour diverses raisons cette image s’est ridée, déformée. Le travail de l’Esprit est de restaurer en nous cette ressemblance ou plus exactement de nous amener à coopérer à cette restauration pour revenir à cette alliance que Dieu nous propose toujours et sans cesse. Si les orientaux emploient le mot divinisation, le latin lui parle de sanctification. N’ayons pas peur de nous laisser transformer pour devenir des saints. L’Esprit saint nous fait naître à chaque instant à la vie de Dieu, pour peu que nous l’honorions pour sa présence.

Frères et sœurs, force est de constater que nous sommes habités, ce qui d’un point de vue clinique pourrait paraître inquiétant, voir aliénant, mais en fait, voilà de quoi rendre compte de l’espérance qui nous habite, de cette créature nouvelle que nous devenons. J’aime à dire que nous sommes en devenir. Il s’agit de la vie dans l’Esprit, alors n’ayons pas peur de lâcher les chevaux. Honorons le Seigneur en lui faisant toute la place qu’il mérite, dans la confiance agissons en toute liberté, et soyons fier d’être chrétien, et de simplement le dire au monde.

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