Bien chers frères et sœurs, nous voici à un moment crucial de l’Évangile, bien choisi pour la présente fête du Christ, roi de l’univers. C’est l’épisode dit du « bon Larron », qui ne se trouve que chez saint Luc.
L’attitude de plusieurs personnages fait référence à la royauté de Jésus, qui vient d’être crucifié ; ses vêtements, partagés. Un panneau précise : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Le peuple observe. Les chefs tournent Jésus en dérision, les soldats aussi se moquent de lui. Un malfaiteur crucifié avec cet humble roi l’injurie. Combien de ses contemporains ont rejeté Jésus ? (Souvenez-vous de ses pleurs sur la ville de Jérusalem « Ah ! si tu avais reconnu
Quant à notre relation au roi de nos vies, elle a quelque chose à voir avec cette histoire de Tagore :
J’étais allé, mendiant de porte en porte, sur le chemin du village lorsque Ton chariot apparut au loin, pareil à un rêve splendide, et j’admirais quel était ce Roi de tous les rois. Mes espoirs s’exaltèrent et je pensais : c’en est fini des mauvais jours, et déjà je me tenais prêt dans l’attente d’aumônes spontanées et de richesse éparpillées partout dans la poussière.
Le chariot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et Tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue. Soudain, alors, Tu tendis Ta main droite et me dis : « Qu’as-tu à me donner ? » Ah! Quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurais perplexe ; enfin, de ma besace, je tirais lentement un tout petit grain de blé et Te le donnai.
Mais combien fut grande ma surprise lorsque, à la fin du jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas de pauvres grains. Je pleurais amèrement alors et pensais : « Que n’ai-je eu le cœur de Te donner mon tout ! »
Mais revenons à l’Évangile et au « bon larron ». Ce brigand suscite l’avant-dernière parole du Christ, écoutons-la à notre tour. Ces mots sont solennels : « Amen, je te le dis, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis. » L’adverbe « AUJOURD’HUI » retentit souvent dans l’évangile selon saint Luc. Quand ? Lors de la naissance de Jésus : « aujourd’hui, il vous est né un sauveur », puis « aujourd’hui, cette parole s’accomplit à vos oreilles » à la synagogue de Nazareth. Ou encore, quand Jésus alla loger chez Zachée « Aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison »…
En fait, le passage de Jésus est toujours l’aujourd’hui de Dieu, le temps de la grâce, le moment où les portes de la miséricordes sont ouvertes ! Quand le roi s’approche de nous, qu’il descende d’un carrosse ou qu’il soit crucifié par la misère et la méchanceté, c’est le moment favorable. Alors nous aussi, disons la prière du brigand qui a rencontré la lumière : « Jésus, souviens-toi de moi… » (connaissez-vous ce refrain ? Jesus, remember me when you come into your kingdom )
Au fait, comment les vendeurs de voitures appellent-ils leur proposition de découvrir leurs dernières merveilles ? Opération portes ouvertes… Eh bien, le royaume de Jésus, c’est une opération portes ouvertes. Portes ouvertes au paradis ! « Veuillez vous donner la peine d’entrer ». Cela semble moins difficile que de monter dans une navette spatiale, mais le royaume des cieux vaut mille Stations Spatiales Internationales, n’est-ce pas ?
Chers amis, aujourd’hui, chacun de nous pourrait être comme les soldats moqueurs ou comme les chefs ironiques qui ont fait crucifier Jésus, roi pauvre et sans armée. Je vous propose plutôt de reprendre à notre compte l’attitude du bon Larron : il donne tout ce qui lui reste à Jésus et ne sera pas déçu de sa réponse. Eh bien, nous allons signifier l’offrande de notre vie dans la collecte, dans le pain et le vin. Seuls une confiance cordiale, un cœur brisé, un esprit humilié nous ouvriront les portes de son royaume, « aujourd’hui » et à l’heure d’entrer au paradis. Puisque tu viens à nous aujourd’hui, Jésus, souviens-toi de nous quand tu viendras dans ton royaume.
Amen.