Homélie Ier Dimanche -Avent (Année A)

2018-01-28T20:19:41+01:0030 novembre 2016|

Mes chers frères et sœurs. Ce dimanche, nous entrons, avec l’Eglise Universelle, dans une nouvelle année liturgique qui ouvre ses portes par le temps de l’Avent . Ce temps est caractérisé par trois mots clefs : attente, venue et joie. Pendant ce temps de préparation à Noël, chacun de nous est appelé à élaborer un programme de préparation spirituelle au niveau personnel, pourquoi pas en couple, voire même en famille, pour que la date du 25 décembre ne soit pas un jour de l’année comme n’importe quel autre jour… Ainsi, Noël que nous préparons sera pour nous, pour les nôtres, votre couple, nos familles, notre communauté…. une vraie et réelle renaissance dans la Joie de l’Amour.

L’Avent indique la venue et en même temps, il comporte une attente dynamique et constructive qui mobilise en énergie tous les chrétiens. Le temps de l’Avent ressemble à une famille qui attend un bébé : dès la conception, (j’ose dire même dès le projet des parents d’avoir un enfant) tout est mis en œuvre pour que le bébé se sente déjà aimé de ses parents, de toute la famille…et qu’à sa naissance, il sente une ambiance accueillante et chaleureuse. Le chrétien, pendant le temps de l’Avent, vit dans cette dynamique d’un cœur qui attend l’Amour de Dieu dans la Joie, un cœur qui se prépare activement à se laisser remplir d’Amour par ce Dieu qui descend et qui marche à la rencontre de notre humanité afin de nous partager sa vie divine. S’il n’y pas cette préparation joyeuse et cette attente dans l’amour, le temps de Noël, malgré toutes ces lumières dans nos rues, nos magasins et dans nos maisons, ne sera qu’une date écrite en rouge sur le calendrier, et qui n’aura servi qu’à nous permettre de boire une coupe de champagne, manger un peu de foie gras et une bûche en dessert…..

Nos cœurs doivent être dans la Joie pendant ce temps liturgique qui va durer quatre semaines, et dont le point culminant sera, cette année, le samedi 24 décembre au soir avec la célébration de la Veillée de Noël. On le voit déjà, même dans une société qui se revendique laïque : toutes ces lumières dans les rues et sur nos fenêtres, nos magasins qui se remplissent de nouveaux produits, les marchés de Noël qui se multiplient et se développent partout dans le pays -malgré la peur du terrorisme- tout cela montre que Noël est une fête qui appelle à la joie. Le danger pour notre société et pour nous, c’est de faire la fête en oubliant celui qui est l’Auteur de la Fête, c’est à dire, Dieu fait homme en Jésus-Christ. Soyons donc dans la joie, profitons pleinement de la joie de ce temps de l’Avent. Ces quatre semaines de l’Avent ne sont pas le temps de carême, il ne s’agit pas d’un temps de tristesse ! L’Eglise ne convertit pas les gens par prosélytisme, mais par attraction, parce que les chrétiens, par leur joie, leur chaleur, leur rayonnement donnent envie aux autres, nous dit le pape François. Alors, pendant l’Avent, quittons ces visages de carême qui nous caractérisent parfois dans nos communautés catholiques. Pendant ce temps, faisons-nous plaisir, invitons nos voisins pour un apéro ou un café dans nos villages, vivons des soirées de louange, allons aux concerts dans nos églises, rendons nos messes plus joyeuses… C’est cette joie que nous devons vivre même si l’évangile de ce dimanche a un côté terrifiant quand nous entendons les paroles du Christ à ses disciples : « Jésus disait à ses disciples : «Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme ». Le temps de l’Avent nous annonce et nous prépare à une Bonne Nouvelle. Nous n’attendons pas un coup de fil qui va nous annoncer la mort de Dieu, mais bien sa naissance ! Et si c’est la naissance de Dieu que nous attendons, alors, comme une mère enceinte, en contemplant la Vierge Marie pendant ce temps, nous devons nous aussi être dans la joie de l’attente de ce Dieu qui veut naître dans notre cœur. Son cœur est débordant d’amour pour chacun de nous, mais il a besoin que le nôtre soit aussi débordant de joie et d’amour afin que le monde reconnaisse que les chrétiens croient en un Dieu Vivant et source de Joie.

L’année liturgique que nous avons commencée avec ce premier dimanche de l’Avent nous rappelle le sens de toute la vie chrétienne. Les chrétiens sont chaque jour en marche vers la venue du Sauveur. Celui en qui nous croyons, le Sauveur que nous attendons est le Prince de Paix qui invite les chrétiens à bâtir des ponts entre les peuples pour devenir artisans de paix chaque jour dans notre monde. C’est cela que le prophète Isaïe nous dit dans la première lecture : « Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur ».

Telle est la dynamique du temps de l’Avent : construire la paix autour de nous. Je pense à ces rencontres familiales de Noël, plus ou moins joyeuses, plus ou moins obligatoires… avec des parents, des fratries, des familles et belles-familles plus ou moins unies ou divisées, dans lesquelles le climat n’est pas toujours le plus paisible ni apaisant. Dans ces circonstances, chacun de nous a pour mission, pendant ce temps de l’Avent, de préparer ces rencontres dans un esprit de paix, de réconciliation, de cohésion familiale pour que Noël soit vraiment un temps de joie et de paix pour toutes les familles. Nous pouvons donc prier pour cela dès à présent afin que les haches de guerre et les haines soient enterrées, et que nos cœurs libérés de toute rancœur s’apprêtent à accueillir et à aimer tendrement comme ce Petit Enfant de Marie, tendre et fragile dans sa crèche de Bethléem que nous contemplerons ensemble à Noël.

Telle est la dynamique de l’Avent ! C’est un temps d’engagement, de conversion, de liberté dans la prise de décision de faire du bien autour de soi, d’abandonner la vie sombre et incolore qui caractérise parfois notre vie personnelle, celle de notre couple, de la famille ou celle de la communauté ecclésiale. Le temps de l’Avent est une occasion qui nous est donnée pour opérer la révolution de l’amour en nous-même et autour de nous. Comme ces lumières qui illuminent nos rues et nos maisons, le temps de l’Avent veut que la vie de chacun de nous soit radieuse et lumineuse afin que le monde entier découvre, par notre joie, que nous sommes enracinés dans une Source intarissable d’amour qu’aucune épreuve de la vie ne peut dessécher.

C’est toute notre vie qui doit être une attente joyeuse, et pas seulement les quatre semaines avant Noël : notre vocation fondamentale, qui trouve sa racine dans notre baptême, qui s’actualise dans une vocation particulière à travers le sacrement du mariage ou le sacrement de l’ordre, ou dans la vie consacrée, est celle de s’unir chaque jour à Dieu qui vient à notre rencontre pour sceller avec nous une alliance nouvelle et éternelle dans laquelle nous trouverons le vrai bonheur. Seigneur, donne-nous de t’attendre dans la Joie. Donne-nous de rayonner de ta joie et de ta Paix, afin que le monde, en regardant notre vie, s’approche de Toi qui est la Source de la vraie Joie et du vrai Bonheur. Amen.

Ancien curé de l'ensemble paroissial