Chers amis, en ce 29ème dimanche du temps ordinaire, nous célébrons la journée mondiale de la mission. Le Pape et les évêques nous rappellent encore la mission de l’Église : annoncer la bonne nouvelle du salut jusqu’aux extrémités de la terre. C’est une occasion qui nous est offerte pour penser à tous ces prêtres, religieux, religieuses et laïcs qui ont quitté leur famille et leur pays pour être les messagers de la Bonne Nouvelle c’est-à-dire annoncer l’Évangile dans des pays qu’ils ne connaissaient pas.
Nous sommes tous invités à être des disciples missionnaires.
La première lecture extraite du livre d’Isaïe nous parle d’un serviteur souffrant. En parlant de ce serviteur souffrant, Isaïe dit : « Broyé par la souffrance, le serviteur a plu au Seigneur. Mais s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours : par lui s’accomplira la volonté du Seigneur. À ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu’il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur,, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés. » Ce serviteur assume consciemment l’injustice et l’iniquité de son maître, il donne sa vie pour lui. Ce modèle doit être notre exemple. Chers amis, l’attitude de ce serviteur souffrant dont parle Isaïe, Jésus l’a fait sien. Il y a vu le programme de sa mission rédemptrice. Et aujourd’hui, Jésus veut nous associer tous à sa mission. Il nous envoie vers les autres, en particuliers vers tous ceux qui sont broyés et brisés dans leur corps et leur cœur : les malades alités ou hospitalisés, les handicapés, les exclus… Cela passe par des visites, des gestes d’accueil, de partage et d’amitié. Aller vers celui qui déprime, celui qui souffre de tous les maux, c’est une manière de participer à la mission du Christ serviteur.
La seconde lecture, la lettre aux Hébreux, nous montre, elle aussi la manière dont Jésus assume le service qui lui incombait. L’auteur de la lettre aux Hébreux affirme que Jésus a été éprouvé en toute chose comme nous le sommes, mais qu’il n’a jamais cédé au péché. Il a accepté toutes les souffrances de la condition humaine et a vécu solidement avec nous. Il a ainsi acquis la capacité de compatir à nos souffrances, à notre destin. Il est nécessaire pour pouvoir compatir véritablement aux souffrances d’autrui d’avoir soi-même éprouvé la souffrance. Jésus a voulu souffrir afin de pouvoir compatir mais aussi d’être en capacité de nous communiquer la miséricorde divine, de pouvoir le faire de manière profonde, complète et parfaite. Nous devons nous aussi, lorsque nous sommes dans les peines et la souffrance, être capables de penser à nos frères et sœurs plus malheureux. Jésus notre grand prêtre a partagé nos épreuves. Il est celui qui nous fait grâce et nous obtient la miséricorde. Il a fait le lien entre la terre et le ciel. Il intercède pour le salut de tous les hommes. Nous sommes tous appelés à participer au sacerdoce du Christ. Notre mission c’est de faire miséricorde, de pardonner et d’accueillir tous ceux qui traversent des moments difficiles. C’est ainsi que nous deviendrons des fidèles témoins de l’Évangile.
Dans l’évangile de ce jour, nous voyons que les apôtres n’ont rien compris de la mission du Christ. Deux apôtres, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchèrent de Jésus et lui demandent d’obtenir les premières places : « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire » Ils parlent de la gloire de Jésus. Ils veulent la partager avec lui. Cette demande est surprenante car elle intervient immédiatement après la troisième annonce de la passion par Jésus : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le fils de l’homme sera livré aux chefs des prêtres et aux scribes. Ils le condamneront à mort, ils le livreront aux païens ; ils se moqueront de lui, ils cracheront sur lui, ils le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera » (Mc 10, 33-34). Jésus vient à peine d’annoncer les humiliations et les violences qu’il va subir que les deux apôtres lui demandent les places d’honneurs ! Ils sont aveugles. Ils ne voient pas le contraste criant entre leurs ambitions et l’humiliation de Jésus.
Chers amis, il nous arrive, à nous aussi, de réagir d’une manière semblable. Jésus se révèle à nous comme celui qui a subi la mort par amour et nous cherchons des privilèges, des avantages, des satisfactions personnelles. Nous sommes ambitieux et nous voulons plus d’honneurs.
L’évangile nous rapporte que les dix autres s’indignent alors contre Jacques et Jean. Ils le font car ils ont la même ambition.
Bien souvent, dans notre vie quotidienne, nous nous indignons, nous aussi, de ce que font les autres car nous avons les mêmes prétentions. Nous sommes contrariés en voyant que les autres veulent avoir la même chose que nous. Jésus les réunit et leur transmet un enseignement très important : « Vous le savez : ceux que le regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres : les grands leur font sentir leur pouvoir. Mais il leur dit : « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi ». Les apôtres doivent agir à l’inverse du monde. Il dit : « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous ». Comme il l’avait déjà fait en d’autres occasions (Mc 9, 35), il rappelle aux disciples quelle est la vraie grandeur, la vraie valeur. La grandeur véritable ne consiste pas à opprimer et écraser les autres par un pouvoir obtenu grâce à l’ambition. Elle consiste à servir, à se mettre à la disposition des autres afin de les aider à vivre dignement. C’est de cette manière que l’on peut plaire à Dieu et vivre comme Jésus lui-même a vécu. Il conclut son enseignement en disant : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Chers amis, nous devons renoncer à chercher des avantages personnels que sont le privilège, le pouvoir, afin de laisser toute la place possible à Jésus, et avec lui, de servir humblement nos frères et sœurs.
Amen.
