B – 3e Carême – « Devenons les pierres vivantes du sanctuaire de Dieu qu’est le Christ »

2018-03-06T20:49:51+01:006 mars 2018|

Chers amis, en ce dimanche, la liturgie nous propose comme première lecture le texte du décalogue. Dans le décalogue, les premiers commandements concernent notre relation à Dieu. Ceux qui viennent ensuite concernent notre relation avec le prochain. Le décalogue pose les conditions indispensables afin d’être dans une relation favorable avec Dieu. Il n’est pas possible de vivre en communion avec Lui si nous ne Le respectons pas et si nous ne respectons pas les droits de nos frères. Celui qui tue, qui commet l’adultère, qui vole, qui porte de faux témoignages ou a des désirs mauvais ne peut être dans une relation favorable avec Dieu.

Chers amis, nous sommes tous créés pour vivre en communion avec Dieu. Nous devons apprécier cette vocation qui est une réalité merveilleuse. Il n’y a rien dans le monde qui puisse avoir autant d’importance. La communion avec Dieu et le fait d’être en syntonie avec son amour sont les choses les plus importantes qui déterminent notre existence. La communion avec Dieu est, pour Jésus, la réalité fondamentale. Il vit totalement pour le Père et cherche à répandre l’amour du Père. Comme nous le voyons dans l’épisode évangélique de ce jour, il étend cet amour au fait de défendre le respect pour la maison du Père. « L’amour de ta maison fera mon tourment. » Les disciples se rappellent de ce passage du psaume (Ps 68 ; 10) pour comprendre le sens du geste de Jésus qui purifie la maison de Dieu. Ce geste est particulièrement risqué. Il suscite d’ailleurs l’hostilité immédiate des autorités religieuses et de ceux dont les intérêts sont mis en cause.

Mais Jésus n’a aucune hésitation. En voyant dans le Temple des personnes qui s’adonne au commerce, il se fait un fouet avec des cordes et chasse les vendeurs en disant : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »

Chers amis, notre vie doit être dirigée non par la recherche du profit mais par la générosité. Nous devons toujours nous souvenir de ces paroles de Jésus afin de repousser les fréquentes tentations de faire de notre âme, qui est la véritable maison de Dieu, un lieu de marché et de vivre dans la recherche continuelle de notre intérêt plutôt que de l’amour généreux.

Les juifs demandent compte à Jésus de son geste, ils exigent un signe de son autorité : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? » Il faut, en effet, une autorité particulière pour prendre ainsi soin de la maison de Dieu. Jésus répond en donnant un ordre mystérieux : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » De telles paroles ne peuvent bien évidemment que susciter la surprise des juifs qui demandent : « Il a fallu quarante six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ? » L’évangéliste Jean nous donne la clé nécessaire afin de comprendre ce passage : «  Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps. » Jésus fait ici référence à son mystère pascal ; la destruction du sanctuaire ancien et la reconstruction d’un nouveau sanctuaire bien différent.

Cette déclaration de Jésus sera ensuite reprise dans le récit de la passion. L’unique accusation qui sera portée contre lui au cours du procès devant le Sanhédrin sera justement d’avoir affirmé : «  Je détruirai ce Temple fait de main d’homme, et en trois jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera pas de main d’homme.» (Mc 14, 58). L’accusation est d’ailleurs fausse puisque Jésus n’a jamais dit : « Je détruirai » mais « détruisez ce Temple ». Il avait bien annoncé la ruine de Jérusalem, la destruction du Temple et du sanctuaire mais il n’a jamais dit qu’il en serait l’artisan ! Lorsqu’il sera sur la croix, les passants se moqueront de lui en disant : « Hé ! Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi-même, descends de la croix ! » (Mc15, 29-30). Le voile du sanctuaire se déchire au moment de la mort de Jésus. C’est l’annonce de sa destruction. Elle n’est pas survenue immédiatement mais quelques années après la mort de Jésus.

Nous sommes en face du mystère pascal de Jésus qui peut être résumé dans la phrase qu’il adresse aux juifs : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Le vrai sanctuaire, c’est le corps de Jésus. Durant ce carême, préparons-nous à vivre intensément le mystère pascal de Jésus. Souvenons-nous que le vrai sanctuaire de Dieu a été rejeté par les hommes et détruit. Et dans la seconde lecture, saint Paul déclare : « Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. » Le mystère pascal manifeste la puissance et la sagesse de Dieu ; mais plus que tout, il manifeste son amour. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. »(Jn 3,7). Jésus nous a aimés et s’est livré à la mort pour nous, pour nous faire entrer dans une relation de communion avec Dieu. C’est pourquoi, si nous voulons atteindre Dieu, nous devons devenir membres du corps du Christ, nous devons être les pierres vivantes du sanctuaire de Dieu qu’est le Christ (1P 2,1-10). Telle est notre vocation.

Pendant ce temps de carême, nous devons participer au mystère pascal du Christ par toute notre vie : une vie d’amour généreux, de refus des idoles, de recherche de la justice et de la paix et de la croissance dans l’amour. Que nos catéchumènes soient soutenus dans leur combat spirituel et que l’Esprit Saint les guide jusqu’à la rencontre du Christ ressuscité.

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Vicaire de l'ensemble paroissial