B – Vigile pascale – « Témoignons de notre foi joyeuse en Christ Ressuscité »

2018-04-04T18:44:46+01:004 avril 2018|

Mes chers frères et sœurs. Après sa mort sur la croix, à la tombée de la nuit, quand il n’y avait plus aucune lumière, Jésus fut descendu de la croix. Dans l’urgence, il fallait penser à son ensevelissement. Il fallait se presser, sauter certaines étapes du rite funéraires car le sabbat imposait le repos. C’est après le repos du sabbat qu’il fallait compléter le parcours funéraire. C’est cela que nous raconte l’évangile selon saint Marc : « Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus».

Sans l’intention de blesser votre foi, je peux vous affirmer que ces saintes femmes qui courent au tombeau ne pensent aucunement à la résurrection, même si celle-ci a été annoncée à plusieurs reprises quand Jésus parlait de sa mort cruelle prochaine à Jérusalem. Pour ces femmes en effet, Jésus est désormais dans sa tombe. Elles y vont pour prendre soin de son corps qui restera dans le tombeau, mais elles veulent lui donner un peu de dignité et de soin. Pour ces saintes femmes, le tombeau est devenu la fin de tout. La mort a eu le dernier mot ! On dirait que, pour elles, le tombeau avait rendu éternelle la mort de Jésus. Il ne reste qu’à donner un peu de dignité au corps de cet homme qu’elles ont tellement aimé et qui pourra vivre dans leur cœur désormais, mais elles n’espèrent plus le revoir vivant !

Ces saintes femmes ont cependant un souci : une pierre lourde et énorme bloque l’entrée du tombeau, et elles n’ont pas beaucoup de forces, ces pauvres femmes qui n’ont pas mangé depuis le soir du jeudi saint ! : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? ». C’est le cas de certaines femmes du groupe de nos catéchumènes qui m’ont dit cet après-midi qu’elles n’avaient pas mangé depuis hier… un jeûne avant la grande fête du Baptême en cette nuit de Pâques !

Ce souci va disparaître à l’arrivée parce qu’elles remarquent en effet que cette grande pierre a été roulée, et que l’entrée est libre : « Levant les yeux, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande ». Pour elles, il y a quelque chose d’anormal ! Quelqu’un les aurait-il précédé pour faciliter leur tâche? Quand elles entrent au tombeau « elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc ». Elles sont convaincues de se retrouver devant une manifestation de Dieu, un théophanie, et pour cela elles ont peur. Qu’est-ce que le Seigneur veut nous communiquer à travers cet homme vêtu de blanc ? Mais là encore, la peur est immédiatement dissipé par l’ange du Seigneur : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé »

La foi chrétienne est un appel à la confiance, à vaincre la peur. Rendez vous compte que tout le mystère de la Rédemption commence par l’annonce de l’ange du Seigneur à Zacharie, Marie, Joseph en leur disant de ne pas avoir peur. A Zacharie, l’ange dit « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée : ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean ». Ensuite, l’ange rassure Marie en disant : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus » (Lc 1, 30-31) et à Joseph perturbé de voir Marie enceinte avant leur mariage, et cherchant comment la répudier discrètement, l’ange du Seigneur dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1, 20). De même les bergers à Noël sont visités par un ange qui leur annonce la naissance de Jésus en les rassurant : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2,10-11). A la naissance comme à la résurrection, l’ange nous redit que la foi chrétienne est un appel à la confiance, à vaincre la peur car il s’agit d’une Bonne Nouvelle.

Mes chers amis, chers catéchumènes qui allaient être baptisés en cette nuit sainte, retenez bien cette vérité : le cœur de notre foi, la résurrection doit être annoncée. Les chrétiens, devant le tombeau vide, sont en compagnie de l’ange de Dieu, qui nous annonce la résurrection en nous rassurant et en nous confiant la mission de devenir des messagers de la Bonne Nouvelle : Christ est vraiment vivant. Le tombeau est vide parce que désormais, par le baptême, le Ressuscité vit dans le cœur de chaque chrétien qui L’annonce par sa vie et son témoignage, répandant le bon et beau parfum du saint Chrême du baptême, comme le colonel Arnaud Beltrame, chrétien pratiquant converti adulte à l’âge de 33 ans qui donne sa vie à la suite du Christ ! La rencontre avec Christ Ressuscité change forcément notre vie pour vivre de Lui et avec Lui, et enraciner notre Joie en Lui. Cette joie de croire est le plus beau témoignage que le monde attend des chrétiens.

Alors, mes chers frères et sœurs, les saintes femmes sont allées dire aux disciples que Jésus les précède en Galilée qui devient le lieu où le Ressuscité veut rencontrer de nouveau ceux qui l’avaient abandonné sur la croix par peur ou par lâcheté le vendredi saint. Jésus ressuscité désire nous rencontrer personnellement ! Il serait tellement beau que chacun de nous se rappelle quelle a été sa « Galilée », ce lieu, ce contexte, cette circonstance qui a permis ou favorisé « sa rencontre personnelle avec le Ressuscité » pour le suivre.

En contemplant les parcours de nos catéchumènes, je suis conforté dans la certitude que la famille, Église domestique, est parmi ces lieux privilégiés où Jésus continue à nous rencontrer et à nous faire grandir dans la Foi. Franz, Joffrey Charlène, Sébastien, c’est la grâce de la famille qui vous a conduit au baptême ! Demander le baptême de son enfant, vouloir de se marier à l’église, pour ensuite cheminer vers le mariage, se mettre en chemin avec son fiancé ou sa fiancée vers le baptême, la confirmation et l’eucharistie est une grâce extraordinaire pour un couple ! Vous avez rencontré un prêtre, une communauté qui vous ont parlé du Christ… C’est beau de vous entendre dire que vous êtes heureux de grandir dans la Foi et dans l’Amour, en tant que couple, à travers cette préparation du catéchuménat…

La famille peut être aussi un lieu où, pour des raisons tellement diverses, on se retrouve à être le seul non-baptisé dans la fratrie. C’est le cas de Jacques! Le Ressuscité voulait certainement vous rencontrer personnellement ici à Castelginest, après votre carrière de footballeur professionnel pour faire de vous son témoin. Le milieu sport a aussi besoin de chrétiens ! Le baptême de vos trois enfants demain matin à Lalande sera une grâce pour toute votre famille. Laribel m’a dit qu’elle a toujours eu une la foi à travers sa famille mais elle n’a pas été baptisée petite, sans en connaître les raisons. Ses enfants seront prochainement baptisés avec l’arrivée beaux jours ! Marina et Anna sont mère et fille ! Quelle joie de cheminer et d’être baptisée avec sa mère, avec son enfant, et de voir sa famille grandir dans une foi joyeuse. Je pense à votre petit enfant ou neveu qui a été baptisé pendant que vous étiez déjà en chemin vers votre propre baptême ! Vous êtes mère et fille, mais désormais sœurs, grâce au baptême !

Quand vous les croisez, à la messe ou dans la rue, Elvina et sa mère donnent l’impression d’être les deux meilleures amies du monde ! La foi de l’une rejaillit sur l’autre, comme hier à Labastide-Saint-Sernin où je les voyais se tenir par la main en se mettant à genou pendant le chemin de croix. C’est beau de témoigner d’une foi généreuse, dans une sorte de complicité spontanée et heureuse en famille. Cindy et Audrey nous rappellent deux points auxquels nous devons être attentifs dans la vie chrétienne : être accueillant et persévérant, ne jamais se décourager ! Après avoir frappé aux portes de l’Église une première fois, Cindy dit n‘avoir pas été bien accueillie par le prêtre et la communauté ecclésiale… Pourtant, elle n’a pas perdu courage ! En témoignant de son cheminement pendant deux ans, Cindy souligne l’accueil des prêtres, de la communauté paroissiale et des accompagnateurs qui lui donne la joie de faire partie d’une communauté. Audrey a aussi été persévérante dans son cheminement ! Une première tentative de préparation sur deux ans, pendant qu’elle était encore en primaire, l’a découragée ! Au cœur de lourdes épreuves familiales, le décès de sa maman Françoise pour laquelle nous prions ce soir, Audrey a retrouvé des amis chrétiens, des accompagnateurs et une communauté qui lui permettent aujourd’hui de témoigner de sa foi.

Sophie, la plus stressée du groupe… est la fille qui se consacre tellement à son métier qu’elle pense que le travail suffit à tout combler… Mais, elle a réalisé que le travail, aussi passionnant qu’il soit, ne suffit pas pour étancher la soif profonde que nous avons en nous d’être heureux. Dans ce cadre professionnel, Sophie a rencontré Clémentine, une collègue, désormais sa marraine qui, elle-même, a vécu sa confirmation à la Pentecôte l’an dernier. La foi joyeuse de Clémentine, puis celle de Christine Glandor qu’elle a submergée de questions, l’a conduit à franchir le grand pas pour appeler le curé de sa paroisse : une rencontre qui a tellement stressé une Sophie déjà stressée de nature… Aujourd’hui, grâce à la communauté, sa marraine et ses accompagnateurs, Sophie est heureuse de découvrir l’Amour de Dieu pour elle ! Chers catéchumènes, toute la communauté rend grâce pour votre foi et elle a besoin de vous ! Devenez des pierres vivantes pour l’Église et notre communauté qui a besoin d’un souffle et dynamisme toujours nouveaux.

Douze catéchumènes et douze rencontres avec Jésus Ressuscité. Il désire rencontrer personnellement chacun de nous, au cœur de notre quotidien devenu la Galilée où il nous précède. Demandons la grâce, en cette Veillée Pascale, d’être chacun l’ange vêtu de blanc qui annonce la résurrection en montrant le tombeau vide. Beaucoup de nos contemporains refusent de croire en Jésus parce qu’ils Le cherchent encore dans le tombeau vide. Puissions-nous ressusciter avec Jésus pour Le porter vivant aux autres, dans les différentes des Galilée de nos vies. Joyeuse Pâques à vous tous !

Ancien curé de l'ensemble paroissial