C – 2 TC – « En ce temps de carême, interrogeons-nous sur la manière dont l’eucharistie transfigure notre vie ! »

2019-03-19T07:38:25+01:0019 mars 2019|

Mes chers frères et sœurs ! Dimanche dernier, nous avons contemplé Jésus tenté dans le désert après avoir passé quarante jours de jeûne. Cet épisode des « Tentations au désert » mettait en évidence l’humanité du Christ qui, comme nous, a fait l’expérience de la tentation par le diable. En ce deuxième dimanche du carême, comme chaque année, c’est l’épisode de la Transfiguration sur le mont Tabor que nous contemplons. Ici, comme dimanche dernier, l’épisode de la transfiguration est tellement important qu’il est lui aussi repris par les trois évangiles synoptiques. Si l’Église nous le fait méditer en ce deuxième dimanche de carême, c’est pour nous annoncer que le carême et la passion conduisent à la résurrection. En méditant la transfiguration, nous avons une sorte d’anticipation, un avant-goût de la résurrection. Il s’agit d’un appel, une invitation, sur notre chemin vers Pâques, à ne pas nous décourager mais tenir ferme.

En ce deuxième dimanche de carême, je voudrais insister sur un des piliers du temps de Carême, pour ne pas l’oublier. C’est la prière. L’évangile nous dit : « En ce temps-là,  Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier ». Saint Luc est l’évangéliste qui insiste le plus sur la prière de Jésus. Plusieurs fois, il nous présente Jésus en prière, comme pour nous inciter à faire comme lui, surtout à certains moments important de sa vie.

Nous voyons Jésus en prière à son baptême par Jean-Baptiste : « Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » (Lc 3,21-22). N’oublions pas que par le baptême, chacun de nous acquiert une dignité sacerdotale, cela veut dire que nous sommes faits pour prier, pas seulement pour nous- mêmes, mais aussi pour les autres. En ce temps de carême, puissions-nous enraciner notre baptême en le nourrissant dans la prière.

Plus tard, saint Luc nous présente encore Jésus en prière au moment de choisir ses douze Apôtres : « En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres » (Lc 6, 12-13). Le choix de douze est un choix important pour Jésus car il devra s’appuyer sur eux pour annoncer la Bonne nouvelle. La leçon que nous pouvons tirer de cet épisode est de ne pas prendre nos décisions sur un coup de tête, mais de nous mettre à l’écoute de Dieu, à travers un discernement qui doit toujours être fait dans la prière. Si le chrétien veut faire la volonté de Dieu, c’est dans la prière, grâce à la lumière de l’Esprit saint que nous découvrons cette volonté et recevons aussi la grâce nécessaire pour l’accomplir. En ce temps de carême, comme Jésus, il nous est possible et bienfaisant, de prendre un temps important de prière pour lui confier notre vie et lui demander conseil, dans les grandes et petites décisions que nous sommes appelés à prendre. Une journée de récollection ou de retraite ne sera pas de trop.

Un autre épisode dans lequel saint Luc nous présente Jésus en prière est l’imminence de sa passion, au mont des Oliviers : « Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. » (Lc 22, 39-49)

Dans cet épisode, Jésus nous rappelle que la prière est une arme contre les tentations et contre Satan. Celui qui vit une vie de prière suffisante sait aussi faire la vérité sur sa vie car il la voit avec la lumière du Seigneur. Il sait repérer les pièges du Malin contre qui nous devons mener le combat spirituel. La prière est une arme redoutable contre le mal. Négliger sa vie de prière, c’est se fragiliser. En ce carême, un temps de combat spirituel, rappelons-nous de prier intensément, prière pour mener notre combat contre le Mal et pour l’Amour, pour le Bien.

Au milieu de tous ces épisodes de prière, saint Luc nous présente la belle expérience de la transfiguration qui se réalise au cours de la prière : « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire » Sur le mont Tabor, Jésus a un visage lumineux, enveloppé d’un vêtement resplendissant, et entouré par Moise et Elie, c’est-à-dire, la Loi et les Prophètes. Cet épisode est rempli de plusieurs références bibliques. La montagne est le lieu de la rencontre du Seigneur. Cela est arrivé à Moïse et Elie. Leur présence sur le mont Tabor rappelle aussi la première et ancienne alliance de Dieu avec son Peuple, une alliance stipulé par la médiation de Moïse, et dont les prophètes, représentés ici par Elie, devaient défendre, rappeler et assurer la fidélité de la part du peuple. La présence de Jésus inaugure la nouvelle et éternelle alliance qui se réalise à travers sa mort et sa résurrection. Luc nous dit en effet : « Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. » C’est à Jérusalem que Jésus va sceller cette nouvelle alliance à travers son don total, par son corps livré et son sang versé par amour pour nous.

Les sacrements, et tout spécialement l’eucharistie, sont les modalités par lesquelles nous entrons, vivons e actualisons cette nouvelles alliance. Si le Seigneur nous donne la vie par le baptême, c’est dans les autres sacrements et tout particulièrement dans l’eucharistie, en recevant son corps et son sang, que cette vie divine en nous se nourrit, se construit, grandit et s’affermit pour produire du fruit. Une transfiguration se réalise pour chacun de nous chaque fois que nous célébrons l’eucharistie. En ce temps de carême, pouvons-nous nous interroger sur notre manière de vivre l’eucharistie. La messe est-elle vraiment la source et le sommet de notre vie ? Si la prière est importante, la messe est la forme excellente et parfaite de la prière du chrétien. Un chrétien qui ne participe pas à la messe se prive de ce qui est nécessaire et indispensable pour grandir et porter du fruit.

En ce temps de carême, demandons la grâce d’être les témoins de la grandeur extraordinaire de l’eucharistie en y participant avec foi, et en invitant nos familles, amis et proches à y prendre part. Que l’eucharistie reçue en ce jour transfigure chaque jour nos vies pour les rendre semblables à celle de Christ qui se donne à nous et s’est donné totalement pour nous. Amen.