C – 25 TO – « Mettre nos biens matériels au service de nos biens spirituels »

2019-09-24T18:24:09+01:0024 septembre 2019|

En méditant ce texte il m’est venu en mémoire les paroles d’une chanson d’un chanteur connu : « Travailler c’est trop dur et voler c’est pas beau, demander la charité c’est quelque chose j’peux pas faire. » Voilà des paroles que notre intendant de la lecture de ce jour a cherché à mettre en pratique quand son maître a appris sa mauvaise gestion, et qu’il comptait bien se séparer de lui. Passage de l’Évangile rempli de paradoxe, où Jésus contre toute attente semble faire l’éloge des pratiques de ce serviteur. Ce que fait l’intendant n’est ni plus ni moins qu’un système de fausses factures à l’envers, diminuer les dettes des débiteurs de son maître pour les recouvrir mais aussi pour bien se faire voir de ces derniers, ce qui est très habile. D’ailleurs on peut supposer que le système de fausses factures devait fonctionner également dans son sens premier, où il surévaluait les dettes pour son enrichissement personnel avec quelques sacs de blé en plus. Pratique, qui est encore de mise à notre époque, vous en conviendrez, qui est presque devenu monnaie courante. 

Force est de constater que profit, gain, indice du cac 40, pouvoir d’achat, consommation, croissance économique, sont devenus les moteurs de nos sociétés basées avant tout sur l’économie de marché. Nous vivons comme sous une chape de plomb où tout est ramené à l’argent. Très rares sont les discours où l’homme est au centre, où l’on parle projet de vie, comme si seul l’argent et les biens matériels pouvaient nous apporter plus de vie et de bonheur. Bien sûr, il serait facile de fustiger l’argent et les biens matériels, mais il faut dire que nous avons besoin pour nous vêtir, nous nourrir, nous loger, payer nos factures. Par contre, faire un mauvais procès à l’argent avec le nombre de personnes qui vivent proche du seuil de pauvreté, voire en deçà, serait indécent. Profitons de cette péricope qui nous aide à prendre du recul et faire un retour sur nos propres vies, afin de faire les bons choix. 

Si Jésus semble louer les pratiques de cet intendant, c’est plus pour son habileté que son honnêteté, et c’est là, la pointe de cette parabole qui nous livre l’essentiel: « Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. » Demeures éternelles ? Jésus nous invite à cette même habileté pour acquérir le bien véritable. Bien véritable qui est la demeure du père où nous est réservée une place. On ne peut pas servir Dieu et l’argent, car en nous mettant au service de l’argent c’est-à-dire, en le plaçant au-dessus de tout, nous tombons dans un piège qui nous incite à vouloir toujours plus : « Je possède donc je suis, » et à la fin ce sont nos biens qui nous possèdent. Et c’est l’amour de l’argent qui nous conduit, avec comme conséquences : enfermement, inquiétude, égoïsme. Quand Jésus nous dit que l’on ne peut pas servir Dieu et l’argent, il nous met face à un choix, où il faut concilier les deux. 

Puisqu’il faut concilier les deux, faisons le choix de mettre nos biens matériels au service de nos biens spirituels, de vivre avec ce dont nous avons besoin sans chercher plus qu’il ne faut et cela va dans le sens d’une croissance humaine, spirituelle, mais aussi écologique. Moins de grosse voiture souvent inutile qui consomme plus qu’il ne faut, moins de nourriture gaspillée, c’est une façon aussi de prendre soin de notre maison commune avec un partage accru envers les plus pauvres. C’est un combat dans lequel il nous faut entrer même si nous allons à contre-courant de la majorité de nos frères. Il nous faut de la volonté mais aussi demander la grâce de Dieu pour cela.

Nous ne devons pas oublier que l’essentiel est d’avoir ce bien véritable et de sauver nos âmes, c’est ce que disait le saint curé d’Ars : « Voyez mes enfants, il faut réfléchir que nous avons une âme à sauver et une éternité qui nous attend …. » Être de bon gérant de nos âmes voilà un chemin de vie, vivre selon le commandement de Dieu. : « Aimer Dieu et aimer son prochain ». C’est ce que nous retrouvons dans l’oraison qui a été lue au début de cette messe.  

« Tu as voulu que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain » Chemin difficile mais chemin de bonheur et de salut, car c’est mettre nos pas dans ceux du Christ en l’imitant. Ainsi nous passons d’une vie droite et morale à une vie en Dieu. 

Frère et Sœur, choisir Dieu c’est faire le choix d’un investissement à long terme qui rapporte à tous les coups, très gros. Alors j’ai une proposition à vous faire. Je vous propose l’ouverture d’un livret d’obligation. Un livret où nous pouvons déposer tous nos biens spirituels. Son nom : Livret d’Obligation pour la Vie Eternelle : son acronyme c’est LOVE (aimer en anglais). Je vous propose de déposer dans ce livret, tous nos actes d’amour, tous nos actes de miséricorde, tout ce qui fait de nous des imitateurs du Fils, et ainsi faire la volonté du Père. Au moment où les placements véreux se multiplient, voilà une solution pour faire fructifier ce que nous sommes mais aussi ce que nous avons reçu comme charisme, et autres biens spirituels. Et puis ce n’est pas tout. Ce livret accepte également ce qui est moins bon. Rassurez-vous ce n’est pas du blanchiment d’argent, mais c’est le même principe. Car ce livret unique en son genre, fait également fructifier tout ce qui fait que nous ne sommes pas toujours à la hauteur de cet amour de Dieu, et cela change nos manques en miséricorde, en pardon, en amour pour nous faire grandir et nous faire savoir que c’est lui La source de l’amour véritable. Frères et sœurs, je vous assure c’est un placement béton, et gratuit.

Être de bons gérants des biens qui nous sont confiés, voilà ce qui nous est demandé aujourd’hui ; faire en sorte que nos biens matériels ne nous possèdent pas, et qu’en intendants  avisés et habiles, nous sachions les mettre aux services de nos biens spirituels pour qu’ils nous conduisent vers les demeures éternelles.

Vous vous souvenez les paroles de la chanson du début : Voici la suite.

 « Chaque jour que moi je vis on me demande de quoi je vis, j’dis que je vis sur l’amour et que j’espère de vivre vieux. » J’ajouterai : j’dis que je vis sur l’amour et que j’espère d’en vivre éternellement. Frères et sœurs qu’il en soit ainsi. 

Que le ciel vous tienne en grâce.