C – 3 TA – « La joie comme chemin de conversion »

2018-12-19T00:43:40+01:0019 décembre 2018|

Beaucoup d’agitation autour de Jean Baptiste, beaucoup de personnes viennent à lui pour recevoir le baptême. La foule, les collecteurs d’impôts, et les soldats, on pourrait presque y voir une certaine similitude avec les événements qui traversent notre pays, ou le peuple, ceux qui prélèvent les impôts, et pour finir les garants du maintien de l’ordre peuvent former un mélange « explosif ».

Dans leur empressement à recevoir le baptême de Jean Baptiste, surgit la question de l’agir : « que devons-nous faire ? » Tous ont conscience que cet acte doit changer leur vie, on peut entendre cette question comme : « comment nous convertir ? Quel chemin prendre ? »Jean Baptiste les invite chacun à rester à leur place, à agir dans l’humilité, tout comme lui, qui ne se trouve pas digne de dénouer les courroies des sandales du Christ. Sa réponse : La solidarité entre les hommes, l’aide aux plus petits et aux plus pauvres, le strict respect de ce qui est demandé aux collecteurs d’impôt, et aux acteurs du maintien de l’ordre d’avoir une conduite exemplaire. On pourrait ainsi résumer : chacun avec humilité doit prendre sa place et œuvrer dans une vie de partage, de charité, d’honnêteté et de justice. Voilà en quelque sorte ce à quoi engage le baptême de conversion proclamé par Jean. Se mettre au service.

Alors frères et sœurs nous qui avons été baptisés, ou qui le seront bientôt : « Que devons-nous faire ? »

Si Jean baptise d’eau, le Christ lui baptise dans l’Esprit Saint et le feu. Si le Baptême de Jean est un baptême de conversion de l’ordre du faire, le baptême du Christ est de l’ordre de l’être, et les deux sont nécessaires, pour que nous puissions recevoir un baptême intégral et vivre une conversion intégrale, c’est-à-dire qui touche tout notre être. Si la liturgie de ce jour nous invite à la joie, c’est pour nous rappeler que l’un des premiers fruits de l’Esprit en nous est bien la joie. Mais attention il n’est pas question ici de joie qui provient d’une conjoncture extérieure, liée à un moment précis, même si la perspective de Noël nous appelle à la joie, mais bien de cette joie qui vient de Dieu, joie intérieure, qui nous est donnée par la présence de l’Esprit en nous.

« Soyez toujours dans la joie du Seigneur. nous dit saint Paul dans la deuxième lecture. Comment accueillir ce toujours ? Comment recevoir cette invitation ? Quand nous traversons des moments d’épreuve personnelles, quand il nous est donné de voir la violence, le désordre et les actes de terrorisme, la peur du lendemain face à notre finitude, la maladie, nous pouvons avoir alors un sentiment d’incompréhension, un sentiment étrange face à cette parole, une invitation indécente.

Personnellement, j’ai longtemps achoppé sur une telle invitation, mais j’ai eu la grâce, je dis cela avec le recul maintenant, de vivre un événement professionnel qui m’a fait découvrir le vrai sens de la joie qui vient de Dieu. Après 26 années de travail au sein d’un même service, j’ai été mis au placard sans aucune explication, mis à l’écart d’une organisation, sans que personne ne me donne de perspective, trahison, incompréhension. La dépression n’était pas loin, c’était dur. Mais le Seigneur m’a fait comprendre qu’il était à mes côtés et qu’il traverserait cette épreuve sans me lâcher la main. J’ai donc pu avancer malgré ce sentiment et traverser ce moment douloureux avec cette joie intérieure que le Seigneur lui ne me lâchera jamais. C’est une grâce qui m’a permis de comprendre ce qu’est réellement la joie qui vient de Dieu dont nous parlent les textes aujourd’hui. Cela ne nous évite pas les moments difficiles, ce n’est pas comme une sorte d’anesthésie qui fait que nous sommes dans une attitude béate par rapport aux événements.

La joie qui vient de Dieu, c’est la joie qui s’appuie sur la foi que Dieu est présent dans ma vie. « Le Seigneur ton Dieu est en toi tu n’as plus à craindre le malheur. » C’est la joie qui s’établit dans l’Espérance : « Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes circonstances, dans l’action de grâce, priez, et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. » La joie qui vient de Dieu, c’est la joie qui puise sa charité dans la charité de Dieu lui-même : « Il te renouvellera par son amour »

Les fruits sont : la paix, la louange, la confiance. La confiance et la paix ce sont les signes de cette présence de Dieu ou, devrais-je dire de cette conscience que nous avons de cette présence, car Dieu est présent en chacun d’entre nous. La louange ce n’est pas rendre grâce à Dieu pour ce que je vis mais bien pour ce qu’il est, mon Seigneur et mon Dieu.

La joie comme conversion du cœur : frères et sœurs, demandons cette grâce de pouvoir entrer dans cette joie, pour que Dieu lui-même trouve sa joie en nous, et que nous puissions demeurer en lui.

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