C – 4 TC – « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! »

2019-04-07T10:00:30+01:007 avril 2019|

Chers amis, ce quatrième dimanche qui se trouve au milieu du carême, est le dimanche de la joie. Nous lisons dans l’antienne d’ouverture : « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil ! Ainsi vous serez nourris et rassasiés de l’abondance de sa joie. » L’Église nous donne aujourd’hui à méditer le texte de l’enfant prodigue qui nous fait part tout d’abord d’une scène d’accusation : «Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux.» C’est une accusation extrêmement grave et Jésus en guise de réponse, va leur donner une parabole pour justifier son attitude et son action. Cette parabole comporte un paradoxe étonnant : le Christ ne va pas parler de lui, mais il va parler de son Père parce qu’il n’existe qu’en référence à son Père. Cette parabole met en avant la figure du père. Elle nous présente un père qui respecte pleinement la volonté de ses enfants, même si celle-ci a pour conséquence une séparation qu’il ne désire pas. Le plus jeune des fils dit à son père : «Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient ». Le père ne fait aucune difficulté et partage ses biens entre ses fils. Par la suite, quand le cadet décide de partir, il le laisse faire. Son cœur est certainement rempli de tristesse car il sait bien que, loin de la maison paternelle, il ne sera pas heureux. Arrivé à l’étranger, ce fils disperse tous ses biens en vivant d’une manière désordonnée. Il perd aussi la dignité de fils. Après un temps de plaisir facile, il se retrouve dans une situation pénible et indigne. Il est contraint de garder un troupeau de porcs. Ici, nous comprenons donc qu’il se trouve sur une terre étrangère car les Hébreux ne possèdent pas de porcs, animaux considérés comme impurs. La situation se complique pour ce fils car lorsque la disette survient, il n’est plus autorisé à se nourrir de ce qui est donné aux porcs. Il a totalement perdu sa dignité de fils et il le reconnaît. Après une longue réflexion, il décide de rentrer pour demander à son père : «Je veux retourner chez mon père, et je lui dirai : père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends-moi comme l’un de tes serviteurs.» Comment le père réagit-il ? « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il court se jeter à son cou et le couvrit de baisers. » Ce geste est magnifique. Le père est content de revoir son fils vivant. Il invite ses serviteurs à organiser la fête : «Vite, apporte le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le , mangeons et festoyons.»

Quant au fils aîné, il se comporte comme les Pharisiens et les scribes à l’égard de son frère. Il ne comprend pas l’attitude de son père à l’égard de son frère qui a tant dispersé. Il reproche ensuite à son père de ne jamais lui avoir donné un chevreau pour festoyer avec ses amis alors qu’il a accueilli avec une très grande générosité un frère qui s’est comporté de manière indigne. Le père essaye de calmer son fils en disant : «il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie, il était perdu, et il est retrouvé.» Le père veut communiquer à son fils aîné sa miséricorde, sa générosité. Le père est dans une immense joie, son fils était mort et il est retrouvé. Ce père miséricordieux symbolise notre Père céleste, lui qui nous pardonne sans compter le nombre de nos péchés. Dieu est amour, il est miséricordieux. Notre Père nous a donné son fils pour qu’il vienne dans le monde pour nous sauver : «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique non pour juger le monde mais pour le sauver.» Devant le péché du monde, Dieu a une seule attitude, celle de la miséricorde infinie.

Chers amis, cette parabole du père miséricordieux et ses fils, dans cet évangile de saint Luc se charge de nous rappeler bien des difficultés connues dans nos familles ou ailleurs, et où la réconciliation n’est vraiment pas facile. Mais Dieu est amour, il est bon, et il est notre Père à tous. Cela signifie qu’il pardonne tout, et qu’il ne peut supporter les querelles entre les frères, entre les peuples. Pour réconcilier le monde, le Christ a versé son sang ! Et il nous demande à tout faire pour que grandisse au milieu de nous son royaume de paix, de réconciliation. Au terme de cette parabole, nous devons nous demander : De quel côté sommes-nous ? Sommes-nous plutôt de celui du père ou celui du fils prodigue ou celui du fils aîné ? Lorsque les pécheurs se convertissent, comment nous comportons-nous à leur égard ? Agissons-nous avec la générosité du père miséricordieux ou avec la dureté du fils aîné ? En ce temps de carême, prions-nous véritablement pour les pécheurs ? Une des caractéristiques du carême est de prier pour les pécheurs, de désirer leur conversion. Il y a dans le monde des personnes qui perdent leur dignité humaine par malhonnêteté et par nombre d’autres comportements erronés. Nous devons prier pour eux afin qu’ils se convertissent et nous devons être disposés à les accueillir avec la générosité du père de la parabole.

Et saint Paul aujourd’hui dans son épître nous dit ceci : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Il s’agit de laisser faire tout l’amour du Seigneur : lui seul peut transformer les cœurs. Pour le laisser faire, il nous faut nous dessaisir de nos rancœurs et nos désirs de vengeance, et nous abandonner à la volonté de Dieu. Nous ne pouvons pas l’accompagner sur le chemin de Pâques sans consentir à sa volonté d’aimer tous les hommes et de les réconcilier.

Chers amis, le carême est donc un temps pour découvrir cette donnée qu’est l’amour, jusqu’au pardon qui réconcilie. Et le sacrement de réconciliation que l’Église nous propose répond exactement à l’exhortation de saint Paul : laissez-vous réconcilier avec Dieu. Que cette parole étonnante de Paul résonne dans nos cœurs. C’est Dieu qui, dans le Christ, se réconcilie avec le monde. Tout vient de lui : il nous a réconciliés avec lui par le Christ et il nous a donné pour ministère de travailler à cette réconciliation. La parabole de ce jour explique bien le texte de saint Paul. C’est le Christ qui prend sur lui tous nos péchés et qui met dans notre bouche la parole de la réconciliation. Que l’Esprit Saint nous aide à nous réconcilier avec Dieu ! Amen.