C – 6è dimanche de Pâques – « Trois attitudes nécessaires et urgentes pour retrouver notre ADN de baptisé »

2019-05-26T20:29:28+01:0026 mai 2019|

Mes chers frères et sœurs. Comment pouvons-nous contempler la gloire de Jésus et lui rendre gloire dans notre vie, dans nos familles, dans l’Église et dans le monde ?

A quelques jours de l’Ascension, Jésus nous indique trois attitudes nécessaires et urgentes pour manifester sa vie et sa gloire dans notre vie. Ces trois attitudes sont urgentes et nécessaires pour l’Église et pour le monde qui ont besoin de renouveau, d’un nouvel élan, d’une conversion en profondeur… Elles nous permettent de retrouver son ADN de vrai disciple du Christ, pour ne plus nous contenter d’avoir notre nom inscrit quelque part dans un registre de baptême ou de confirmation.

La première attitude est celle-ci : « Demeurer en Jésus et Le laisser demeurer en nous ». Jésus s’adresse à nous en disant : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Jésus nous dit qu’il a besoin de notre amour. Vous rendez-vous compte ? Il ne s’agit pas d’un copain de classe, le voisin ou la voisine de bureau, de la chorale ou d’aumônerie qui tout d’un coup nous avoue ses sentiments amoureux pour nous demander de l’aimer à notre tour ! Il s’agit de Dieu lui-même, Jésus Ressuscité qui frappe à la porte de notre cœur pour nous déclarer son coup de foudre et nous demande de l’aimer à notre tour. Comme vous le savez mieux que moi d’ailleurs, un amour à sens unique, sans réponse positive ne donne aucune joie. Pour être vraiment bénéfique et produire du fruit, l’amour attend une réponse positive.

Cette expérience humaine est transposable au niveau spirituel. Depuis le baptême, et plus encore à la confirmation, Jésus nous dit qu’il nous aime. Lors de notre confirmation, comme nos jeunes et nos adultes qui s’y préparent pour ce mois de juin, ce n’est pas nous qui confirmons quelque chose, mais c’est Jésus lui-même qui confirme ce qu’il nous a déjà donné dans le baptême : sa vie divine, son amour sans compter. Il attend que chacun de nous lui confirme son amour car c’est dans la rencontre de ces deux amours, celui du Christ avec un « A » majuscule et le nôtre, avec un petit « a » minuscule que se réalise notre ADN de disciple du Christ. Pour cela, comme deux amoureux qui se parlent et s’écoutent en essayant de communiquer de la manière la plus harmonieuse, à travers le verbal et le non verbal, Jésus nous demande de garder sa Parole, de l’habiter, de la fréquenter, de la connaître à fond, de la prier, de la méditer pour être habité par Lui.

La Parole de Dieu est la lampe et la nourriture de notre âme, de même que le pain et le vin que nous recevons dans chaque messe. Le disciple de Jésus, n’a pas besoin d’appuyer sa foi sur des apparitions, sur des miracles… mais sur cette parole de Jésus qui nous certifie lui-même qu’il demeure réellement en nous par l’eucharistie : « Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui » nous dit-il et encore « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Nous devons en être conscients chaque jour. Demeurer en Jésus signifie rester avec Lui, « lui donner un bout de mon temps ou un bout de ma vie ». Demeurer en Jésus signifie ne pas le fuir, ne pas le mettre de côté dans notre vie. N’ayons pas peur d’ouvrir notre cœur à Jésus pour qu’il y demeure et le remplisse de son Amour. Parce que Jésus demeure en vous par son Esprit saint nous n’avons plus besoin de « prouver son existence ». Il nous est simplement demandé de témoigner de lui, sans peur dans notre vie.

La deuxième attitude est : « se Souvenir, se rappeler, ne pas oublier ». Jésus nous dit : « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »  De même que la maladie d’Alzheimer est une catastrophe pour qui en souffre car il oublie tout et ne reconnaît plus rien ni personne, ni même ses enfants, de même, l’Alzheimer spirituel est une catastrophe pour la société, pour l’Église. Le pape François n’arrête pas de dénoncer cette maladie chez les chrétiens. De même que ne pas oublier les guerres passées, les calamités, les tragédies vécues dans l’histoire nous aide et nous engage pour ne plus y retomber dans l’avenir ; de même, se rappeler des bienfaits de Dieu dans notre histoire personnelle et collective nous aide à garder l’espérance dans les moments difficiles. C’est pour cette raison que nous devrions, personnellement, dans nos groupes, mouvements, services… faire une relecture spirituelle de tout ce que nous avons vécu cette année pour y voir Dieu à l’œuvre. Se souvenir que la main de Dieu nous a accompagné dans le passé nous permet d’entrevoir l’avenir avec espérance car il a promis qu’il ne nous abandonnera jamais.

Le Saint Esprit est le Don par excellence. Une des missions du Saint Esprit dans notre vie est de nous rappeler que nous sommes définitivement enfants de Dieu. Saint Paul nous rappelle que le Saint-Esprit murmure en nous et nous pousse à appeler Dieu « Abba », c’est-à-dire, « papa ». Le Saint-Esprit vient à notre aide pour nous souvenir, nous rappeler tout ce que Jésus nous a donné, pour ne pas le laisser s’endormir en nous. Imaginez un peu ! Un jour, vous avez reçu un très beau cadeau à Noël, à votre anniversaire… Celui qui vous l’a offert y a mis beaucoup d’amour. Il a interrogé vos amis et proches, pour être sûr que cela vous fasse plaisir. Vous recevez votre cadeau avec des larmes de joie ! Le soir, fatigué de la routine de la fête, vous posez votre cadeau quelque part…! Ensuite vous l’oubliez complètement ! Une année plus tard, en faisant du rangement, vous découvrez votre cadeau presque emballé, couvert de poussière ! Quel gâchis ! De même, l’Esprit-Saint est là pour nous rappeler que nous sommes définitivement enfant de Dieu, que Dieu nous a comblés de beaucoup de grâce depuis notre naissance et que rien ne peut vous séparer de son amour.

La troisième attitude, « c’est de cultiver la Paix en nous et autour de nous ». Jésus nous dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » Nous sommes effrayés, angoissé, nous avons peur de toutes ces choses douloureuses qui se passent dans nos familles, dans l’Église et dans le monde. Rappelez-vous que les disciples de Jésus, étaient aussi effrayés et angoissé. Ils avaient énormément peur après la mort de Jésus. En venant à leur rencontre, après la résurrection, Jésus leur dit « La paix soit avec vous ». Pour construire la paix, nous devons la retrouver d’abord en nous. La paix est construite de manière graduelle. Il est inutile de penser apporter au monde la paix si nous ne la recevons pas d’abord dans notre cœur pour la cultiver ensuite dans notre famille resserrée, nos CPL, nos groupes et services…. Petit à petit, graduellement, les bénéfices de cette paix qui jaillit de notre cœur atteindront toute l’humanité.

Jésus, qui nous fait don de sa paix dans notre cœur, nous envoie aussi pour en témoigner dans le monde. « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » nous dit-il dans les Béatitudes. Être artisan de paix ne signifie pas tout accepter et tout tolérer même quand c’est mal et immoral. La paix dont Jésus parle est celle qui refuse de se compromettre avec le mal. Se taire devant le mal subi, encaisser, se laisser manipuler par qui que ce soit, sans rien dire, n’est pas une attitude pacifique parce que cela nous détruit de l’intérieur et risque d’exploser tôt ou tard. Devant le mal, l’artisan de paix doit savoir dire exprimer ses désaccords, savoir dire « stop, ça suffit maintenant ! » et dénoncer le mal. Nous devons savoir dire quand une chose ne nous convient pas.

C’est cela que nous voyons dans la première lecture des Actes des Apôtres : dans l’Église Primitive, les apôtres ont un désaccord profond concernant l’accueil des nouveaux convertis qui viennent du paganisme. Ils expriment leurs divergences ouvertement, après avoir prié le Saint-Esprit. Ils vivent le premier des conciles, celui qu’on appelle le Concile de Jérusalem qui leur permet de trouver une solution qui convient à tout le monde. Ils nous montrent ainsi que la paix se cultive dans la vérité et dans le dialogue. Que le Saint-Esprit que nous avons reçu au baptême et à la confirmation nous donne de goûter à cette paix profonde que seul Jésus donne afin d’en témoigner dans le monde. Amen.

Ancien curé de l'ensemble paroissial