C – 8 TO – « Nous sommes envoyés non pour dénoncer ou accuser mais pour être témoins et messagers de l’Evangile »

2019-03-03T09:43:28+01:003 mars 2019|

Chers amis, dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous propose quelques réflexions afin que notre vie soit vécue avec sagesse car autrement, elle risque de s’engager sur de mauvaises voies et peut mal se finir. La première chose requise par la sagesse c’est de choisir un bon maître. Sans maître, on ne peut pas apprendre la sagesse, on manque d’expériences. Il faut en effet profiter de l’expérience des maîtres. Jésus nous rend attentif à ce point en disant : «  Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans un trou. ? Si nous choisissons un aveugle pour maître, c’est-à dire une personne ignorante qui ne possède pas la vraie sagesse, alors nous courons certainement de grands risques, le risque d’un échec.

Chers amis, il nous faut choisir Jésus comme maître car il est l’unique maître empli par la sagesse divine. Seuls ceux qui ont appris de lui peuvent bien guider les fidèles. Dans le même temps, ces réflexions de Jésus nous invitent à être attentifs car de nombreux maîtres se présentent dans notre monde, qui prétendent connaître le vrai chemin, le vrai sens de notre vie. Mais en réalité, ils n’ont pas la vraie sagesse. Nous devons toujours revenir à Jésus pour qu’il nous guide vers la plénitude de la vie. Il veut notre bien et nous demande d’être dociles car il nous conduit à la communion avec Dieu et à la communion avec nos frères et sœurs. Jésus formule ensuite une demande en utilisant une image symbolique assez paradoxale : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » aujourd’hui, Jésus insiste sur le regard que nous portons sur les autres, en particulier sur nos frères et sœurs. Nous voyons plus facilement leurs défauts que leurs qualités. Ces défauts, il faut vivre avec, et ce n’est pas drôle. Nous voudrions aider nos frères à se corriger. Mais nous oublions que nous sommes mal placés pour le faire. Car nous aussi, nous avons nos défauts. Nous sommes souvent comme cet homme qui voudrait enlever la paille qui est dans l’œil de son frère. Mais il ne remarque pas qu’il y a une poutre dans le sien. Nous avons trop tendance à juger sévèrement les autres et à être conciliants envers nous-mêmes. Les torts des autres, leurs faux pas, leurs mensonges, nous les voyons facilement. Le Christ nous met aujourd’hui en garde. Il se pourrait que nous voyions mal et que notre jugement soit faussé. C’est vrai, il y a des défauts dans celui ou celle que nous jugeons. Mais des fois nous oublions qu’il y en a tout autant en nous-mêmes. Mais ces défauts qui sont en nous, nous ne les voyons pas, nous ne voulons pas les voir, nous n’avons pas le courage de les voir. Nous pensons que ce n’est qu’une paille alors que c’est une belle et grosse poutre. Dans notre vie de tous les jours, nous devrions être, avant tout, préoccupés à enlever la poutre qui se trouve dans notre œil, c’est-à-dire à corriger nos défauts, notre comportement et alors la paille qui est dans l’œil de notre frère ne nous serait plus un obstacle. Il est toujours utile d’aider les autres par un conseil ou une observation, mais cela doit être fait avec humilité. Lorsque nous observons et faisons noter à nos frères un défaut, nous devons être conscients de nos propres défauts. C’est seulement ainsi que l’on pratique véritablement la charité fraternelle. Saint Paul apôtre dans sa lettre aux Galates, nous exhorte à «  porter les fardeaux les uns les autres » (Ga 6,2) c’est-à dire à être charitables, indulgents et compréhensifs. C’est ainsi que l’on accomplit la loi du Christ qui est la loi de la vraie charité. Lorsque nous jugeons les autres nous nous mettons en danger nous-mêmes, comme le dit le Seigneur, « la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous » (Lc 6,38). Cet évangile nous invite à changer notre regard sur les autres et sur nous-mêmes. Juger les autres, c’est de l’hypocrisie, c’est vouloir se mettre à la place de Dieu. Nous sommes trop mal placés pour le faire. Le jugement appartient à Dieu seul. A notre jugement, il manque la miséricorde. Pour comprendre cet évangile, c’est vers Jésus qu’il nous faut regarder. Tout au long de sa vie, il a accueilli les publicains, les pécheurs, les pharisiens et les infréquentables de toutes sortes. Il aurait pu leur reprocher leur mauvaise vie et les rejeter. Mais lui-même nous dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Chers amis, cet évangile rejoint notre Église dans ce qu’elle vit actuellement. Tout au long des siècles, elle a connu des crises très graves, des hérésies, des abus, des contre-témoignages de toutes sortes. Mais le Seigneur a toujours mis sur sa route les personnes qu’il fallait pour l’aider à se remettre en accord avec l’Évangile. Dans les moments dramatiques, des grands témoins de la foi ont donné le meilleur d’eux-mêmes. A travers eux, c’est l’appel du Seigneur qui retentissait : « Convertissez-vous et croyez à l’évangile ! »

Nous, chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes envoyés non pour dénoncer ou accuser mais pour être témoins et messagers de l’évangile auprès de tous ceux et celles qui nous entourent. Le Seigneur nous assure de sa présence. Nous pouvons tous compter sur lui, même dans les situations les plus désespérées.

La première lecture correspond à cet enseignement de l’évangile sur le cœur bon et le cœur mauvais. Le livre de Siracide entendu dans la première lecture observe : «  C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ; ainsi la parole fait connaître les sentiments. » C’est en fonction des paroles d’un homme que l’on peut voir son cœur. « Ne faites pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé, car c’est cela qui permet de le juger. » A partir du discours d’un homme, de la manière dont il parle, on peut voir ce qu’il a dans le cœur. Et Jésus dans l’évangile nous dit ceci : « L’homme bon tire le bien de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui sort du cœur. » Ce que dit la bouche de Jésus sort de son cœur qui est bon. S’il dénonce ainsi le comportement de ses disciples ce n’est pas pour les écraser mais pour en former au moins quelques-uns à vivre en vérité ce qu’il enseigne, à devenir des « maîtres » en matière de fraternité. Dans l’extrait de la lettre aux Corinthiens que nous avons entendu dans la seconde lecture, nous trouvons cette exhortation : « Soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez ne sera pas stérile. » Notre peine n’est pas veine car le Seigneur par l’Esprit Saint a mis sa charité dans notre cœur. Dans la lettre aux Romains, Paul rappelle que l’espérance n’est pas veine car Dieu a mis son amour en nos cœurs pour les transformer et pour transformer toute notre vie ( Rm 5,5).

Chers amis, en nous rassemblant aujourd’hui pour l’eucharistie, nous nous tournons vers Celui qui est notre Maître par excellence, Il est notre lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. C’est cette lumière de l’évangile que nous voulons accueillir en nous. Le Christ veut qu’elle brille aux yeux du monde afin que les hommes rendent gloire à Dieu. Nous lui demandons qu’il soit toujours avec nous et nous toujours avec lui pour cette mission qu’il nous confie. Amen.

About the Author:

Vicaire de l'ensemble paroissial