C – Mercredi des Cendres – « Le Seigneur nous invite à prendre des résolutions bien concrètes et courageuses »

2019-03-06T23:19:48+01:006 mars 2019|

Mes chers frères et sœurs. Par ce mercredi des Cendres, nous commençons le Carême, une période de quarante jours pour nous préparer à Pâques. C’est un temps pour que chacun de nous reconnaisse ses propres péchés et se convertisse, car le Carême est bien un appel à la conversion. C’est l’appel de la première lecture : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment ». Cela nous rappelle que le carême est un temps favorable pour revenir au Seigneur, un retour qui n’est pas quelque chose d’intellectuel ou d’abstrait. Le Seigneur nous invite à prendre des résolutions qui soient bien concrètes, des résolutions bien particulières c’est-à-dire précises, courageuses, qui nous coûtent. Personne ne pourra prendre ces décisions à notre place ! C’est à chacun dans un cœur à cœur avec Dieu, devant sa conscience, de repérer et reconnaître ce que nous avons à changer, à ajuster, à corriger légèrement voire même profondément pour rendre notre vie agréable à Dieu et aux autres, car notre vie ne pourra jamais être agréable à Dieu si cela ne se manifeste pas dans nos frères et sœurs, dans la famille, dans la communauté ecclésiale et dans les différents milieux où le Seigneur nous envoie pour être témoin de sa présence dans le monde.
Nous allons poser un geste liturgique tout à l’heure, l’imposition des cendres sur la tête en signe de pénitence, avec ces paroles « convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle » ou « souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». Ces cendres rappellent d’une part que nous sommes fragiles et faibles, marqués par la finitude et le péché. Mais d’autre part, et c’est cela qui est le plus important, ces cendres rappellent la miséricorde et l’amour donné sans compter que Dieu porte à chacun de nous si nous lui ouvrons notre cœur en accueillant et acceptant notre fragilité et nos faiblesses. Pour transfigurer nos vies et les rendre semblables à la sienne, Dieu a besoin de notre liberté. C’est cela que saint Paul nous dit dans la deuxième lecture : « Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. »
Cette réconciliation avec Dieu advient avant tout par sa miséricorde qui nous rejoint dans notre situation concrète de pécheur et se réalise à travers notre désir sincère en chacun de s’approcher du sacrement de pardon et de réconciliation. A travers ce sacrement, c’est Jésus lui-même qui nous libère de nos misérables fautes, nous remet sur le bon chemin, nous console en séchant les larmes causées par notre faute, nous libère du poids pesant de notre culpabilité. Ceci pour nous rappeler que le Seigneur est grand dans son Amour, que sa miséricorde est infinie et que notre cœur est appelé à être confiant dans la bonté d’un Dieu qui pardonne toujours, nous faisant passer de la grisaille du péché à la lumière de son pardon, du poids de nos péchés à la douce lumière de son amour qui pardonne tout.
C’est ce pardon que nous avons imploré avec le psalmiste en répétant plusieurs fois : « Pitié Seigneur, car nous avons péché ». Nous sommes tous pécheurs, et pourtant, comme le rappelle saint Jean Paul II : « avec la main tendue, son regard et sa parole consolatrice, Jésus appelle chacun de nous à se relever après la faute parce que chaque personne a une valeur qui dépasse infiniment son péché, et qu’il n’y a aucun péché qui soit impardonnable au cœur de Dieu. Pendant ce carême, reconnaissons-nous humblement pécheurs, sans chercher à nous justifier et mettons-nous résolument en route vers la maison du Père comme le fils prodigue.
L’évangile qui ouvre ce Carême est une leçon de vie, une lumière pour éclairer notre attitude envers Dieu et envers nos frères et sœurs. Jésus analyse les trois piliers de la religiosité des pharisiens que sont l’aumône, la prière et le jeûne. Ces trois signes pénitentiels que nous sommes appelés à vivre chaque jour, et pas seulement pendant le Carême, pour être vrais, doivent trouver leur source dans la sincérité de notre cœur. Si l’aumône, le jeûne et la prière sont accomplis dans le but d’être vu, loué et glorifié par ceux qui nous voient, cela veut dire que nous sommes hypocrites. Reconnaissons tous qu’il y a une petite ou grande dose d’hypocrisie en chacun de nous. Il y a toujours la tentation de chercher à plaire aux hommes plutôt qu’à Dieu, pour soigner notre image, une image qui ne correspond pas forcément à ce que nous sommes en réalité ! Il y a un pharisien qui se cache en chacun de nous. Saint Paul nous met en garde : « Maintenant, est-ce par des hommes ou par Dieu que je veux me faire approuver ? Est-ce donc à des hommes que je cherche à plaire ? Si j’en étais encore à plaire à des hommes, je ne serais pas serviteur du Christ » (Ga1,10). Nous faisons attention à l’image que les gens ont de nous, mais au début du Carême, Jésus nous demande de soigner cette beauté intérieure qui plaira à Dieu. Celui qui se préoccupe de faire plaisir aux hommes, obsédé par son image extérieure finit par être un vrai hypocrite, et saint Paul nous dit qu’un hypocrite ne peut pas être serviteur de Dieu.
Par contre, celui qui veut plaire à Dieu, fait l’expérience de sa présence et désire faire sa volonté chaque jour, et non pas seulement à quelques occasions. Le baptisé vit pour plaire à Dieu. Avant chaque décision, il se demande si elle correspond à la volonté de Dieu. Si nous désirons faire la volonté de Dieu, soyons convaincus qu’il ne nous abandonnera jamais dans l’adversité, qu’il nous ouvrira les portes comme il ouvrit la Mer Rouge aux Hébreux, qu’il ne permettra pas aux lions de nous dévorer comme il le fit pour Daniel. Celui qui fait confiance au Seigneur, même s’il rencontre la tempête et des vents violents en chemin aura la vie sauve car le Seigneur est son Protecteur. Ce Carême sera pour nous une occasion pour grandir dans la confiance en Celui qui a donné sa vie pour nous, celui qui nous a aimé jusqu’au bout.
Pour terminer, je conseille de saisir et vivre pleinement les propositions qui nous sont faites dans cette montée vers Jérusalem avec Jésus qui va y mourir et ressusciter. Prenons un peu plus de temps pour prier, pour lire la Parole de Dieu, ouvrir notre cœur aux plus pauvres par le partage. On peut déjà noter la soirée de Bol de Riz le 29 mars à Fonbeauzard. Pour grandir et nourrir sa foi, participons aux catéchèses et conférences qui nous sont proposées tous les jeudis de Carême à Pechbonnieu. N’oublions pas de bénéficier de la grâce du sacrement de réconciliation. Faisons quelques efforts de jeûne et privation, afin de partager avec les autres. Nous essayerons aussi de vivre et méditer le chemin de croix dans nos églises, le vendredi, pour contempler Jésus qui souffre par amour pour nous. Prions aussi pour les catéchumènes et ceux qui recevront les sacrements de l’initiation chrétienne pendant le temps pascal. Que ce carême nous apporte la grâce de grandir dans la Foi, l’Espérance et l’Amour. Amen.