C – Solennité de Pentecôte – « Le Saint-Esprit nous permet de voir Dieu agissant dans ce que nous vivons chaque jour »

2019-06-20T05:54:54+01:0012 juin 2019|

Mes chers frères et sœurs. Ce week-end conclut pour l’Église le temps pascal, avec la solennité de la fête de la Pentecôte. Dimanche, en l’église de Lalande, nous célébrerons la Profession de Foi de 13 jeunes de notre ensemble paroissial. C’est beau de vivre cette étape importante à la Pentecôte ; sans le Saint-Esprit, il nous est impossible de témoigner de notre foi. S’il est difficile pour nous les adultes d’en témoigner au quotidien, ceci est beaucoup plus difficile pour des jeunes collégiens. Comme nous, ces jeunes collégiens ont besoin de la force et du souffle du Saint-Esprit pour professer leur foi dans notre monde actuel et dans l’Église. Dans le diocèse de Toulouse, la Pentecôte correspond à la célébration du sacrement de confirmation pour une centaine d’adultes à la cathédrale Saint-Etienne à 16h00. Il en a 200 cette année dans tout le diocèse de Toulouse. Parmi eux, 26 sont de notre ensemble paroissial : vous avez leur nom sur la vie chez nous de juin. Je vous invite à les porter dans votre prière. En  France, en 10 ans, le nombre des confirmés adulte a doublé ! Çà veut dire que l’Esprit de Pentecôte souffle et que nous devons être dans l’espérance. Ces adultes reçoivent le Saint-Esprit pour devenir vraiment missionnaires de la Bonne Nouvelle du Christ Ressuscité.

Cependant, je trouve très dommage que cette belle fête de Pentecôte soit un peu méconnue et n’aie pas encore, dans les habitudes des chrétiens, la même importance que les fêtes de Noël  et de Pâques ou de la Toussaint. Ce qui montre bien le déficit et le retard que nous avons eus et que nous avons encore pour redécouvrir toute la place que le Saint-Esprit joue au sein de la Trinité Sainte, dans la vie de l’humanité depuis la création, dans la vie de chaque baptisé, dans la vie de l’Église. Le Credo de Nicée-Constantinople rappelle l’importance du Saint-Esprit au sein de la Trinité en disant  « qu’il procède du Père et du Fils et avec le Père et avec le Fils il reçoit même adoration et même gloire ».

Le théologien Yves Congar souligne un élément important. Contrairement à ce qui est couramment affirmé, il rappelle que l’Église n’est pas née le jour de la Pentecôte. A la Pentecôte, l’Église « vient à la lumière », elle sort de la cachette et devient « plus lumineuse pour elle-même et pour toute l’humanité ». Cela veut dire que chaque membre de l’Église, quand il a reçu le Saint-Esprit, doit sortir de sa cachette pour montrer cette Lumière au monde, pour rayonner de la présence du Saint-Esprit qui demeure en nous. Qu’est-ce qui pourrait apporter plus de lumière dans notre vie, que le Saint-Esprit, qui est Dieu et qui  nous sanctifie, Dieu qui vient de Dieu lui-même ?

Pendant toutes ces dernières semaines du temps pascal, saint Jean nous a plusieurs fois parlé dans son évangile de l’unité et de la communion trinitaire. Jésus, dans sa prière sacerdotale, veut nous projeter dans cette unité : « Qu’ils soient tous un, comme toi en moi et moi en toi, qu’ils soient un en nous afin que le monde croit que tu m’as envoyé ! »Nous sommes appelés à entrer dans cette communion trinitaire. Tout cela ne peut être rendu possible que par le Saint-Esprit. En Dieu il y a une communion, un dynamisme éternel d’amour intrinsèque par lequel le Père et le Fils s’aiment. Cet Amour que le Premier donne et que le Second reçoit et échange, c’est le Saint-Esprit, qui est aussi une Personne en tant que telle, comme lien entre le Père et le Fils. Le Saint-Esprit est l’Amour qui lie le Père au Fils de manière qu’Ils soient Un. Mais ce qui est plus merveilleux, c’est que cet Amour-Don devient aussi un don « ab extra » : il est communiqué à nous aussi par le Père et le Fils pour que nous vivions dans la communion trinitaire et que nous vivions dans cette même unité-communion avec la Trinité sainte et aussi entre nous tous. Seul le Saint-Esprit nous permet, dans l’Église Universelle et dans chaque petite cellule d’Église (famille, groupe, service, mouvement, petite communauté locale, paroissiale, doyenné, diocèse…) de construire chaque jour cette unité et cette communion.

Toute la vie de notre Seigneur est marquée par la présence du Saint-Esprit. C’est le Saint-Esprit, l’acteur principal de la conception virginale de Marie : L’ange Gabriel dit à Marie « L’Esprit saint descendra sur toi et te couvrira de son ombre » ! Quand le Saint-Esprit est « descendu » sur Marie, le Verbe de Dieu s’est incarné et est devenu l’un de nous. Plus tard, c’est ce même Esprit qui est descendu, sous la forme d’une colombe, sur Jésus lors de son baptême dans le Jourdain. Il l’avait conduit auparavant dans le désert pour y être tenté, l’a accompagné tout au long de sa mission d’annonce et d’inauguration de la Bonne Nouvelle du Royaume. Le Saint-Esprit a été présent, avec lui, pendant sa Passion et au moment d’expirer, Jésus remit l’Esprit au Père (Jn 19, 30) : «Père, entre tes mains je remets mon Esprit » (Lc 23, 46).

C’est ce même Esprit que le Christ Ressuscité souffle sur ses apôtres réunis dans le Cénacle, avec Marie et quelques femmes, priant d’un seul cœur, lors de la merveilleuse apparition du Ressuscité pour les rendre ministres de la rémission des péchés. C’est le Paraclet promis, celui qui devait les conduire vers la Vérité tout entière… Le jour de la Pentecôte juive (50 jours après Pâques), cet Esprit est répandu sur la première communauté chrétienne encore embryonnaire, en lui donnant un élan nouveau, une motivation, une force et le courage renouvelé pour annoncer que le Crucifié est Ressuscité.

Grâce au Saint-Esprit, les apôtres n’ont plus peur. Ils sortent sur la place publique, émerveillant peuples et nations présents à Jérusalem pour la Fête du Temple. On les prend pour des fous, on pense qu’ils sont remplis de vin doux…Témoigner de notre foi dans le monde actuel, n’est-ce pas parfois être un peu fou ? Acceptons-nous d’être des fous de Jésus Ressuscité en l’annonçant autour de nous ? Par la grâce du Saint-Esprit, tous ces peuples  reçoivent et comprennent le message des apôtres : l’annonce de la Résurrection. C’est le même Esprit qui nous est donné aujourd’hui encore dans l’Église. Il nous donne la force, la ténacité, le courage pour professer notre foi, annoncer le Christ dans chaque situation et en tout lieu, même quand cela nous semble impossible. Par le Saint-Esprit, nous recevons la force pour espérer, au-delà des épreuves et de nos faiblesses, reprendre confiance en nous-mêmes quand nous nous sentons incapables d’avancer, trouver le courage de nous relever après chaque chute, de fuir et avoir en horreur la vaine gloire et l’autosuffisance qui nous guettent tous dans les différentes missions qui nous sont confiées. Le Saint-Esprit nous apprend à nous faire petits dans le Christ qui élève les humbles et les pauvres, comme nous le rappelle Marie dans le Magnificat. Par ses nombreux dons, le Saint-Esprit nous rend capables de dépasser nos appréhensions, nos peurs, nos angoisses, pour entrevoir déjà la victoire dans toutes les occasions de chute et d’échec. Il nous permet de voir Dieu agissant dans ce que nous vivons chaque jour…

En ce mois de juin dont le cœur est la Pentecôte, prions le Saint-Esprit pour notre monde qui a tant besoin d’espérer. Prions-le pour notre communauté en cette fin d’année pastorale, pour nos familles, l’Église, pour ceux qui croulent sous les épreuves, ceux qui reçoivent des sacrements ou des missions nouvelles. Que le Saint-Esprit nous aide tous à être des membres vivants du Corps du Christ et nous fasse entrer chaque jour dans la communion trinitaire, qui est la seule et unique finalité de notre vie chrétienne.

Ancien curé de l'ensemble paroissial