Dimanche 9 août, 19è TO, homélie de père Jean : « N’ayons plus peur de nos peurs, de tout ce monde intérieur qui nous empêche de vivre »

2020-08-09T10:24:12+01:009 août 2020|

Chers amis, le récit de l’évangile de ce dimanche fait directement suite à celui de dimanche dernier. Après avoir multiplié les pains pour les milliers de personnes, Jésus se trouve d’abord seul dans la montagne pour prier, puis, vers la fin de la nuit ; il, rejoint les disciples embarqués, en marchant sur la mer. La scène décrite dans l’évangile de ce dimanche est vraiment surprenante. Les apôtres sont seuls en pleine nuit dans la barque qui devait les conduire sur l’autre rive. Ils sont au milieu de la mer lorsque la mer se déchaîne ; c’est à ce moment précis que Jésus les rejoint en marchant sur les eaux. Le récit nous raconte la frayeur des disciples à la vue de cet étrange personnage : un fantôme. Ce qu’il faut retenir dans ce récit, ce n’est pas d’abord l’extraordinaire du récit, mais l’appel à la confiance qui jaillit ici comme une délivrance. Jésus leur dit : « Confiance ! C’est moi, n’ayez pas peur.» Cette invitation de Jésus touche un aspect essentiel de l’expérience des disciples, puis des premières communautés chrétiennes. Après la lapidation d’Étienne, l’exclusion des premiers chrétiens des synagogues et les terribles persécutions qu’ils durent subir, comment n’auraient-ils pas cédé à la peur ? Devant cette peur, Jésus les rassure et se fait reconnaître d’eux.
Chers amis, les évangiles nous rappellent sans cesse que la peur fait partie du chemin de la foi. D’ailleurs le prophète Elie, après son triomphe sur le mont Carmel, ne s’est-il pas enfui devant les menaces de Jézabel, pour se réfugier sur le Mont Horeb, comme nous le rappelait la première lecture. Quant à saint Paul, c’est une autre crainte qui étreint son cœur lorsqu’il proclame, dans son épître aux Romains, l’amour qu’il porte à son peuple, alors que celui-ci l’a rejeté. Aussi ne devons-nous pas être surpris que Jésus ait tant insisté, en répétant à ses disciples : « n’ayez pas peur. » Et pour nous, cette insistance du Seigneur à l’égard de ses apôtres, ces colonnes de l’Église, a quelque chose de rassurant et même d’émouvant. Eux aussi, tout apôtre qu’ils fussent, témoins de tant de miracles et de merveilles, eux aussi ont eu peur. Ils ont hésité, ils ont douté, ils ont fui, comme nous. Mais ils sont toujours revenus. Et voilà bien la marque propre des vrais disciples de Jésus. Ils ne sont ni meilleurs, ni plus courageux, ni plus solides que nous, mais ils ont gardé la foi, à travers toutes les épreuves, les difficultés et les échecs de toutes sortes. Dans cet évangile, Pierre se propose alors d’aller à sa rencontre, mais il a peur et s’enfonce. Jésus lui reproche ses doutes et son peu de foi.
Chers amis, sur le modèle de Pierre, nous voyons bien qu’il nous arrive de demander des choses qui dépassent nos capacités. « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau. » C’est vrai, il y a en chacun de nous cette volonté de vouloir faire comme Jésus. L’important réside avant tout dans la confiance que nous accordons au Seigneur, dans la foi avec laquelle nous lui emboîtons le pas. Dieu ne nous demande jamais l’impossible, il nous demande de garder notre confiance totale en lui. Saint Augustin disait un jour : « [ ]Dieu ne te demande pas de faire l’impossible, mais il t’exhorte par son commandement à faire ce que tu peux et à demander dans la prière ce que tu ne peux pas encore.»
Chers amis, que nous allions ou non sur le lac à la manière de Pierre, ce qui compte avant tout, c’est d’éprouver la présence de Dieu ; Dieu est là au cœur de nos tempêtes. La confiance en Dieu combattra nos peurs. Voyant qu’il y avait du vent, Pierre eut peur, et comme il commençait à s’enfoncer, Pierre cria : «  Seigneur sauve-moi ». L’appel de Pierre est un aveu. Ce cri est notre cri, dans nos peurs de tous les jours, dans nos souffrances, nos incompréhensions ou nos angoisses ; l’humilité de Pierre va lui permettre d’être sauvé. Donc, la foi est pour nous tous un combat contre le doute et la peur. Pierre, le premier des disciples, nous est présenté en fait comme un modèle, un modèle dans sa rencontre avec le Seigneur qui sauve. Telle est la leçon de ce récit : seule la foi au Christ sauveur peut nous sortir de la noyade des angoisses et du doute.
L’évangile de ce dimanche se termine sur la prosternation de ceux qui étaient restés dans la barque, ils disaient : « Vraiment, tu es le fils de Dieu.» Cela veut dire que dans nos tempêtes, nous reconnaîtrons la présence de Dieu en nos vies dans l’audace de la rencontre avec celui qui fait taire les tempêtes , pour le découvrir dans le cœur disponible, confiant et croyant. N’ayons pas peur ! N’ayons plus peur de nos peurs, de tout ce monde intérieur qui nous empêche, si souvent, de vivre et de faire le premier pas. Puisque Jésus est là , puisqu’il demeure avec nous, jusqu’à la fin du monde, de quoi aurions-nous encore peur ? Amen.

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Vicaire de l'ensemble paroissial