Mes chers frères et sœurs. Depuis une semaine nous avons entrepris notre marche par cette route de l’Avent qui nous mène vers la fête de Noël. J’espère que chacun de nous a commencé cette marche de manière décisive et déterminée pour aller à la rencontre de ce Dieu d’Amour qui vient nous sauver. Nous cheminons -et tel est le sens de toute la vie chrétienne- à la découverte de Dieu qui se révèle chaque jour à chacun de nous à condition de le faire naître dans notre cœur. Afin que cette découverte de Dieu se réalise pleinement, la parole de Dieu du premier dimanche de l’Avent nous invitait à ne pas laisser endormir notre cœur, mais à « veiller » en attendant le Christ qui vient nous sauver. Veiller, c’est parfois très difficile surtout quand on a sommeil et que nos paupières sont lourdes. Dans ce cas, une lumière, un café, un peu de musique…nous permettent de tenir bon. Dans une perspective spirituelle, veiller, c’est d’abord aller chercher au fond de nous toutes ces ténèbres, ces lourdeurs, ces fatigues qui engourdissent notre cœur et nous incitent à dormir au lieu de sortir, de marcher et aller à la rencontre des autres, du Seigneur.
Sur le chemin vers Noël que nous avons emprunté, l’Eglise nous invite à écouter et contempler des compagnons de route qui nous soutiennent : l’ange Gabriel, Marie, saint Joseph, Elisabeth, Zacharie… et d’autres encore. Parmi eux, il y en un que nous connaissons particulièrement, surtout parce qu’il est un peu bizarre dans sa façon de faire, de parler, de s’habiller, de manger… Ce sont ses manières qui nous fascinent. Il vivait dans le désert de Judée et s’appelle Jean-Baptiste. Tout en étant profondément humble comme l’atteste l’évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent à travers les paroles et les attitudes que nous contemplons chez Jean-Baptiste : « Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales », ce prophète apparaissait aussi comme très autoritaire et très austère.
Tous ceux qui le suivaient n’avaient aucun doute sur sa mission : c’était vraiment un grand prophète envoyé par Dieu. Qui était-il vraiment ? Ce précurseur du Christ était aussi son cousin, fils de Zacharie et d’Elisabeth. Jean-Baptiste faisait partie des Esséniens, un groupe particulièrement religieux dans le Judaïsme qui attendait la venue imminente du Messie Sauveur d’Israël. Ainsi, ils se préparaient dans la foi et invitaient tout le peuple d’Israël à faire de même. Comme l’Eglise nous invite pendant le temps de l’Avent à vivre la Pénitence, de même, les Esséniens appelaient le peuple d’Israël à poser des actes pénitentiels bien particuliers pour montrer leur préparation spirituelle à la venue du Messie.
Parmi les actes pénitentiels proposés par les Esséniens, il y avait le baptême de purification des péchés, vivre les œuvres concrètes de justice. Pour les Esséniens, et avec Jean-Baptiste en particulier, il n’y avait pas de demi-mesure dans la vie de foi, car pour eux, le messie attendu était quelqu’un de très exigeant avec qui on ne joue pas à cache-cache. Ce n’est pas comme ce Dieu « cool, copain, camarade…» que certaines leçons de catéchisme d’il y a un temps apprenaient aux enfants…. Pour les Esséniens, il faut jouer franc-jeu avec Dieu, ne pas faire les choses à moitié. Jean-Baptiste prêchait un Messie droit et juste qui a pour mission principale de bien poser les choses, en distinguant nettement le bien du mal, en insistant sur le bien qu’il faut absolument faire, et en dénonçant le mal et le péché qu’il faut forcément éviter. D’où certaines attaques dures contre les impies, les injustes, les hypocrites, les méchants. C’est pour cela qu’il s’adresse directement à certaines catégories comme les pharisiens : « Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. »
Il est bien attirant ce Dieu ? C’est le Dieu qu’il nous faudrait actuellement n’est-ce pas ? Oui ou non ? N’est-ce pas qu’il arrive à chacun de nous parfois, d’invoquer un Dieu Vengeur qui mette un peu d’ordre dans notre société qui parfois prend le mal pour le bien, choisit la culture de la mort au lieu de promouvoir et défendre la vie fragile, qui confond plaisir et vrai bonheur ! Parfois, nous voyons tellement la violence du mal et de la méchanceté, des contre-valeurs, des mensonges et des idéologies… que nous voudrions un Dieu qui vienne mettre un peu d’ordre dans les cœurs en utilisant de gros moyens comme il le fit pour Sodome et Gomorrhe par le feu ou par le déluge qui engloutit comme à l’époque de Noé…
En tout cas, si tel est le visage de Dieu que nous avons ou prions, le temps de l’Avent nous appelle à la conversion de notre cœur. Ce temps nous appelle d’abord à être rigoureux, exigeant avec nous-mêmes avant de le demander aux autres. Un grand saint dit que nous devons prêcher par le témoignage de notre vie d’abord, et seulement si c’est nécessaire ensuite par la parole… Si nous voulons que le monde se convertisse, commençons par nous convertir nous-même afin que par attraction, en regardant notre vie, le monde se tourne vers le Dieu qui vit en nous.
Le temps de l’Avent est une invitation à la conversion : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers » Le temps de l’Avent est un appel à quitter l’hypocrisie et le mensonge pour faire place à la Lumière d’en haut qui vient car le Christ est Lumière née de la Lumière…. comme le dit Jean dans le prologue de son Evangile et nous le professons chaque dimanche quand nous disons le Credo de Nicée-Constantinople. Jésus étant la lumière, qui, parmi nous pourrait honnêtement dire, en se regardant avec cette pure lumière du Christ que sa vie est parfaite et qu’il n’a rien à se reprocher, rien à convertir dans sa vie ? Personne ! Même pas celui qui vous parle !
Préparer la route au Seigneur, c’est d’abord convertir notre cœur et mener une vie qui soit authentiquement chrétienne dans sa substance et par sa force de témoignage. Préparer le chemin du Seigneur, c’est construire des ponts de paix, s’accueillir mutuellement dans nos familles, nos communautés et nos milieux professionnels. C’est faire que toute notre vie soit un éternel jubilé de miséricorde par l’amour et la tendresse que nous témoignons… « Seigneur, donne-nous de voir les zones d’ombre que nous portons en nous-mêmes, et les ayant éclairées, donne-nous de Te laisser nous habiter pour nous convertir par ta présence. » Amen.