Homélie de l’Assomption : père Pierre nous enjoint au combat spirituel… avec Marie, présence aimante planétaire !

2020-08-15T17:55:33+01:0015 août 2020|

Nous célébrons l’Assomption de la Vierge Marie en cette année spéciale de pandémie du coronavirus. Et nous nous rappelons ce que le Père Alain Quilici écrivait dans le style des Pères du désert, à propos du coronavirus et de sa façon de se transmettre : « Père Anselme : …faute de voir le diable, on peut du moins découvrir sa méthode. Théodule : Voilà qui devient intéressant. Et quelle est cette méthode ? Père Anselme : Cette méthode est très clairement détaillée dans le livre de l’Apocalypse. Dans ce livre inspiré on voit qu’il y a un opposant au Christ et à ses fidèles. On l’appelle le Dragon. Sa méthode est double : d’une part il essaye de décourager les fidèles en leur faisant peur. Là où Jésus n’est que douceur, lui n’est que violence. Là où Jésus est toute tendresse, lui est toute cruauté. D’autre part, il singe tout ce qui vient de Dieu, car il voudrait qu’on le prenne pour Dieu. »

Il singe tout ce qui vient de Dieu, donc aussi il singe la femme enveloppée de soleil, que nous célébrons aujourd’hui dans son Assomption, Marie.

Je vous propose trois éléments particuliers de cette fête : L’apparition de Marie, la couronne de Marie, la beauté de Marie

L’apparition de Marie

Marie entre chez sa cousine Élisabeth dans l’évangile, et dans la lecture de l’Apocalypse, un signe grandiose apparaît dans le ciel : une femme. Même si cette femme désigne l’Église, Marie est figure de l’Église et les commentateurs et la liturgie de cette fête nous invitent à contempler en cette femme, Marie. Depuis cet évènement de l’Assomption, Marie est au Ciel et elle n’a cessé dans l’histoire et particulièrement en ces deux derniers siècles de faire des apparitions : les experts de la 42° semaine mariale à Saragosse en 1986 ont dénombré au moins 21.000 apparitions mariales depuis l’an 1000, et l’Église, dans sa prudence, n’en a authentifié officiellement qu’une quinzaine.

Au cours de ce seul XX° siècle, il a été recensé près de 400 apparitions mariales (ou prétendues telles), et 200 pour la seule période de 1944 à 1993. Pour 7 d’entre elles, l’évêque local a reconnu le caractère surnaturel des faits : Fatima (1917 – Portugal), Beauraing (1932 – Belgique), Banneux (1933 – Belgique), Akita (1973 – Japon), Syracuse (1953 – Italie), Betania (1976 – Venezuela), et tout récemment Kibeho (1981 – Rwanda) , auxquelles il faut ajouter Zeitoun (1968 – Egypte) et Shoubra (1983 – Egypte), reconnus par le pape de l’Église copte, et les apparitions du Laus ( 2008 – France) . Dans 17 cas, l’évêque – indépendamment d’un jugement concernant le caractère surnaturel des faits – a autorisé l’expression d’un culte sur les lieux de l’apparition. Enfin, 79 d’entre elles ont reçu un jugement négatif.

De son côté, le virus a fait son apparition dans tous les pays et sa réapparition dans certaines zones ou villes, ce qui oblige à un reconfinement : le virus oblige à se renfermer, à nous séparer, à nous méfier les uns des autres et il nous fait peur.

Marie par ses apparitions rassemble le peuple de Dieu dans la joie et la paix, fortifie notre foi et nous redonne l’espérance.

La couronne de Marie :

Elle est couronnée d’étoiles nous dit Saint Jean.

Nous le savons, le virus tire son nom de son apparence, comme une couronne.

Sur la tête de Marie, il y a douze étoiles en couronne. Voici comment saint Bernard commente cette couronne de Marie : « Ce front est bien digne d’être ceint d’étoiles, d’autant qu’il brille d’un éclat plus vif qu’elles, et qu’ainsi c’est lui qui est leur parure. Pourquoi les étoiles ne couronneraient-elles pas la femme que le soleil a vêtue ? Comme au jour du printemps, les roses et les lis des vallées l’entouraient. Le bras gauche de l’Époux soutient sa tête et du bras droit il l’étreint. Nul ne peut estimer ces joyaux, dire le nom de ces étoiles qui sont serties dans le diadème de Marie. Déchiffrer les signes et la composition de cette couronne passe l’entendement humain. Pour ma part, sans perdre la notion de ma petitesse et en me gardant de vouloir sonder les divins arcanes, je crois pouvoir dire que ces douze étoiles figurent les douze prérogatives qui sont réservées à Marie. On peut, en effet, distinguer en elle des prérogatives célestes, charnelles et du cœur. S’il y a quatre prérogatives de chaque espèce, la multiplication me donne nos douze étoiles dont reluit le diadème de notre Reine.

J’y vois étinceler d’un éclat particulier d’abord la naissance de Marie, deuxièmement la salutation de l’ange, troisièmement la survenue de l’Esprit, quatrièmement l’ineffable conception du Fils de Dieu.

Et je trouve encore un rayonnement extraordinaire au premier voeu de virginité, à la maternité immaculée, à la grossesse sans fatigues, à l’enfantement sans douleurs.

Enfin, il y a une lumière particulière dans la douceur pleine de réserve, la pieuse humilité, la foi magnanime, le martyre du cœur. Je laisse à votre zèle la méditation attentive de chacune de ces prérogatives… »

Cette couronne pourquoi faire ?

A quoi sert la couronne du coronavirus ? Les protéines de surface qui couronnent l’enveloppe des particules virales sont celles qui permettent au virus de s’accrocher aux cellules pour les infecter. Le virus se sert de sa couronne pour nous infecter.

Marie se sert de sa couronne pour nous désinfecter du mal : car toutes les prérogatives de Marie n’ont qu’un but : accueillir Jésus, et ainsi préparer le salut des âmes, le salut du genre humain. Marie l’a fait avec tout son cœur, et Elle a bien mérité d’être couronnée au Ciel.

La beauté de Marie :

Le roi sera séduit par ta beauté nous dit le psaume : C’est la beauté de Marie : elle entre au palais du roi, vêtue d’étoffes d’or : elle est l’arche d’alliance : en elle se réalise l’alliance dont les piliers sont la foi et l’amour, présents de façon éminentes dans la vie de Marie.

Dans les apparitions Marie est toujours la belle Dame : La Belle Dame apparue à Benoîte au Laus, se présente « plus éclatante que le soleil ». C’est à Bernadette deux siècles plus tard que Marie, en dévoilant son identité profonde « Je suis l’Immaculée Conception » livre en même temps le secret de sa beauté.

Il est marquant de constater que les deux bergères rapportent en des termes très proches l’expérience qu’elles ont faite lors des apparitions mariales. Benoîte affirme que « Du visage de Marie sort tant de lumière qu’elle n’a jamais pu bien remarquer ses traits » (Manuscrits du Laus), tandis que Bernadette témoigne : « Je voyais une lumière éclatante… Mais une lumière comme il n’y en a pas sur terre, même celle du soleil. Au milieu de cette lumière, je voyais une figure merveilleuse, mais qui n’était pas comme les figures de la terre. » (René Laurentin, Bernadette vous parle).

Marie apparaît transfigurée, tel le Christ sur le Mont Thabor lorsque son humanité laisse transparaître la gloire de sa divinité « Il fut transfiguré devant ses disciples ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. » (Mt 17, 2). La beauté de Marie est « lumière », elle n’est pas de ce monde et ne répond pas aux critères esthétiques du moment. La preuve en est qu’à toutes les époques, elle est appelée la Belle Dame. La beauté de Marie a quelque chose d’éternel, d’intemporel, qui nous rappelle qu’elle la tient d’un Autre, de Dieu lui-même.

« Dieu est Amour, Dieu est Lumière » (cf 1Jn). L’amour transfigure, l’amour illumine, nous en sommes témoins au plan humain : l’amour en un sens « rend beau ». Le visage de jeunes mariés, d’une jeune maman en sont une éloquente illustration. Marie est toute belle car en elle rien ne fait obstacle à l’Amour de Dieu. Elle en est le pur réceptacle, toute transparente à la Lumière de Dieu qu’elle reçoit et transmet sans déperdition.

La beauté virginale de Marie s’oppose à la beauté glaciale du dragon : Lui aussi a un diadème ! Un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Mais il ne peut balayer les étoiles de la tête de Marie, et ses prérogatives. Marie est entrée au Ciel. Elle n’entre pas seule, mais avec un cortège parmi les chants de fête, nous dit le psaume de cette fête. Le coronavirus nous fascine avec son pouvoir de mort, suscitant un cortège de désolation par toute la terre, répétant la méthode historique du démon semant la mort par toute la terre par la maladie du péché.

Mais Marie en son Assomption est bien le signe de la victoire de Jésus son Fils sur le mal et sur la mort : le mal n’a pas le dernier mot de l’Histoire, la mort n’est pas le dernier moment de la vie des victimes du coronavirus ; Marie prie pour nous de façon réelle et efficace maintenant et à l’heure de notre mort. Ses apparitions dans l’Histoire de l’Église et du monde en sont une douce confirmation. Sa couronne de vie, elle veut nous la partager, et sa beauté immaculée nous rappelle notre vocation à tous : être saints et immaculés dans l’amour.

Concluons par cette prière de Saint Bernard : « Et maintenant, Mère de miséricorde, par cette même compassion de ton âme si pure, la Lune (c’est l’Église) se prosterne à tes pieds et t’adresse de pieuses supplications, parce que tu es devenue sa médiatrice auprès du Soleil de justice. Que dans ta lumière elle voie la lumière et que par ton intercession elle obtienne la grâce de ce Soleil qui t’a vraiment aimée plus que toutes les créatures, qui t’a parée, revêtue d’une étole de lumière, et qui a ceint ta tête d’une couronne de beauté ! Tu es pleine de grâce, pleine de rosée céleste, appuyée sur ton bien-aimé, inondée de délices. Nourris aujourd’hui tes pauvres, ô Notre-Dame, fais que les petits chiens aussi aient leur part de miettes; de ta cruche qui déborde, ne donne pas à boire seulement au serviteur d’Abraham, abreuve aussi ses chameaux. Car tu es vraiment la Vierge élue dès l’origine et destinée au Fils du Très Haut, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni à jamais. Ainsi soit-il. »

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