Homélie de Michel, diacre du Jeudi Saint C (14/04/22) « Le sacrement du frère »

2022-04-15T12:34:23+01:0015 avril 2022|

Chers frères et sœur, vous l’avez peut être remarqué mais il y a plusieurs Points communs entre les 3 textes qui ont été proclamés et qui sont important pour ce que nous vivons ce soir : Il s’agit de faire mémoire, mais aussi de recommandation, de commandement.

La première lecture, dans le livre de l’Exode, Moise transmet les recommandations qu’il a reçues du Seigneur au peuple d’Israël. Recommandations qui précèdent sa libération de l’esclavage des égyptiens. Ce sont les recommandations pour ne pas être touchés par le fléau qui va s’abattre sur l’Égypte et ainsi, être libéré, sauvé. Salut qui se concrétisera par la sortie d’Égypte, et la traversée de la mer rouge.

Dans le passage de l’évangile de St Jean, Jésus commande à ses apôtres qu’ils se lavent les pieds les uns les autres, en suivant son exemple. C’est la signification du geste qui sera fait tout à l’heure.

« Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. »

Dans l’épître aux Corinthiens, st Paul nous rappelle les paroles de Jésus, lors du dernier repas pris avec ses disciples : La nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous, Faites cela en mémoire de moi. »

Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »

Si nous sommes rassemblés ici ce soir, c’est en réponse à cette demande, à cette Parole de Jésus qui nous l’a commandé. Nous sommes ensemble pour faire mémoire du sacrifice du Christ, qui a donné sa vie pour nous, mais aussi pour rendre grâce, car c’est par ce sacrifice que nous sommes sauvés. L’Eucharistie est la source et le sommet de notre vie en Christ! Quand nous recevons Jésus dans l’hostie, il nous donne la force d’aimer, il nous transforme communion après communion, il fait de nous un seul corps mystique, et il nous prépare ici bas à la vie éternelle1: « Celui qui se nourrit du Christ dans l’Eucharistie n’a pas besoin d’attendre l’au-delà pour recevoir la vie éternelle : il la possède déjà sur terre, comme prémices de la plénitude à venir, qui concernera l’homme dans sa totalité. » L’Eucharistie comme sacrement des sacrements. Il y a un bien lien étroit entre l’agir de Jésus sa Parole, et l’agir de l’Église au travers des sacrements.

Chers catéchumènes dans 3 jours vous recevrez le sacrement du baptême, le plus important car il ouvre la porte vers les autres sacrements, vous allez recevoir la grâce d’une nouvelle naissance, naissance à la vie divine, devenant par la même membre visible de son Église. Le baptême, c’est le lieu de la rencontre avec le Seigneur, et c’est en réponse à cette dernière recommandation du Christ à ces disciples avant de monter vers le père :

« Allez ! De toutes les nations, faites des disciples : baptisez les au nom du père du fils et du St Esprit, apprenez les à observer tout ce que je vous ai commandé… » Mt 28, 19-20.

« Jésus souffla sur eux et leur dit recevez l’Esprit Saint » Le jour de Pentecôte des catéchumènes recevront le sacrement de confirmation. Réception de la grâce de l’achèvement de l’incorporation au Christ par la plénitude de l’Esprit. C’est le sacrement de la croissance pour une vie dans l’Esprit pleine et entière. Par la confirmation nous sommes appelés à devenir des témoins du Christ mort et ressuscité.

Si le Seigneur a guérit les foules, et nous avons d’innombrables exemples, (la femme adultère, et le paralytique). L’Église nous donne deux sacrements de guérison : le sacrement de réconciliation et le sacrement des malades, guérison de l’âme et du cœur pour le premier, et celle du corps pour le second, là encore les deux sacrements s’appuie sur l’agir et la Parole du Christ.

« L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne deviendrons qu’une seule chair. » Le mariage sacrement de l’amour, donné aux personnes qui ont reçu cet appel, don qui nous est donné pour faire vivre la famille, lien conjugal indissociable, il donne la grâce de la charité conjugale. Il donne aux époux la grâce de témoigner de l’amour du Christ pour son Église, puisqu’il en son le signe.

Il y a pour terminer : le sacrement de l’ordre. Par l’imposition des mains, des ministres sont ordonnés pour être configuré au Christ pasteur, ou serviteur suivant qu’il soient évêque, prêtre ou diacre. (Ministre = serviteur) La grâce qui est donnée est celle de servir l’évangile pour faire grandir le royaume. Je rends grâce pour les frères prêtres qui se mettent à notre service, et dont c’est la fête aujourd’hui. Mais je rends grâce également pour les frères diacres qui demeurent dans la joie du service.

Ainsi les 7 sacrements qui sont à notre disposition touchent toutes les étapes de la vie du chrétien : Ils donnent naissance et croissance, guérison et mission à notre vie de foi. Et il s’enracine dans l’agir et la Parole de Christ.

Mais il y a une dimension essentielle qui traverse la vie de Jésus, sa parole et son agir, une dimension que l’on peut déceler dans chaque chapitre, chaque péricope, dans chacun de ses gestes : c’est l’amour du frère. « Je vous donne un commandement nouveau,
dit le Seigneur :« Aimez-vous les uns les autres,
comme je vous ai aimés. » Sans l’amour il manquera une dimension à notre agir. Et voilà comment Jésus nous enseigne ce soir : il se met à genoux aux pieds de chacun de ses disciples, et il leur lave les pieds. Il ne se met pas seulement dans le rôle du serviteur, mais pour son époque dans le rôle d’esclave. Geste d’amour, geste inouïe qui nous montre comment le Seigneur, nous demande d’agir. « Je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Il n’y a que Jésus pour agir ainsi, il n’y que lui, pour nous indiquer comment nous mettre au service les uns les autres, lui le maître et Seigneur se fait encore une fois le serviteur de tous.

Nous avons là chers frères et sœurs ce que l’on pourrait qualifier de « nouveau sacrement » (c’est-à-dire un signe et un moyen) sacrement que l’on aurait pu appeler : le service du frère dans la charité et l’humilité ». Sacrement ou nous sommes tous ministres, il peut être donné par tous et reçu par tous, nous sommes donc tous sans exception appelés à nous mettre au service les uns les autres, en allant jusqu’à nous laver les pieds si il le faut, mais aussi à accepter qu’un autre nous lave les pieds. L’attitude de Pierre nous éclaire sur cette difficulté.

Chers amis par ce geste, et par cette recommandation, le Seigneur nous révèle que l’homme n’est jamais aussi grand que quand il est à genoux.

Amen

1 Jean-Paul II, Encyclique Ecclesia de Eucharistia, n°18