Homélie de Noël – Nativité du Seigneur

2018-01-28T20:19:40+01:0030 décembre 2016|

Noël contre la folie des grandeurs. Au début de l’Évangile en cette douce nuit, en cette sainte nuit de Noël ont retenti des noms glorieux : « Sa Majesté » César Auguste, premier Empereur de Rome ; Publius Sulpicius Quirinius, gouverneur de Syrie ; Hérode le Grand… Que de hauts personnages, que d’hommes d’influence ! Quelle est la place de ces hommes de pouvoir dans l’Évangile ? Ils participent au cadre du récit évangélique… comme le cadre d’un écran, entourant l’histoire qui compte vraiment. Mais la naissance de Jésus, en cette période électorale, nous évite de nous prendre trop au sérieux, de rechercher des titres de gloire qui nous gonfleraient d’orgueil.

À ce sujet, frères et sœurs bien-aimés, savez-vous quel livre le Pape François vient d’offrir à ses collaborateurs ? Un livre déjà ancien, L’Art de guérir les maladies de l’âme. Parmi ces maladies, « l’aulicisme ou la fréquentation des grands », mais aussi la « recherche de distinction, des honneurs et des louanges »… Ne pouvons-nous pas, nous aussi, être sujets à ces maladies ? (Chacun pourrait s’examiner.) Or, ces maladies ont comme antidote le mystère de Noël. Contempler Jésus né dans la mangeoire guérit la folie des grandeurs. Nous incliner devant l’enfant de la crèche nous protégera de la course aux honneurs. Comme les bergers, ces marginaux de Bethléem, offrons à ce bébé notre adoration joyeuse, notre simple enthousiasme, et apprenons le mépris des louanges. Vous savez, les honneurs de la République ou même de l’Église, toutes les décorations… c’est bon pour les sapins ! Être reconnu peut nous aider (il est important de savoir encourager à bon escient), mais souvent, les applaudissements nous gonflent inutilement. On pourrait dire que Noël… nous « dégonfle ».

Tenez, pour être plus concret : à quels titres, quelles appellations, quelles marques de respect ou de reconnaissance sommes-nous attachés ? Sans vouloir bouleverser toutes les conventions et convenances, demandons-nous quelle importance nous leur attribuons ! Est-ce que nous aimons être appelé « Madame la Chancelière » ou « la Présidente » ? ou « Père », « Maître » ou « Docteur » ? (Hem, hem…) Est-ce que nous aimons, disons… passer devant les autres (à pied ou en trottinette, quel qu’en soit le modèle) ? Sommes-nous vraiment persuadés que toute fonction est selon l’Évangile un service ? « Tu n’as pas de titre, ni de grade, mais tu dis tu quand tu parles à Dieu » (voilà un secret des gens heureux ! Il y en a ici qui reconnaissent la chanson.) Mais alors, quelle est notre seule fierté ? D’être… amis de Jésus. Quel honneur ! Qui pourrait mériter cette grâce ? En lui, nous devenons fils de Dieu, frères de tous et d’abord de tous ceux qui croient dans le Christ Seigneur. Nous sommes « fils dans le Fils » unique, quelle merveille ! Parce qu’il s’est fait homme… pour que nous devenions enfants de Dieu. Quel échange admirable ! Admirable.

Avez-vous entendu parler de Vianney, jeune chanteur à succès ? Loin de rechercher la gloire, il aime passer du temps auprès des personnes de la rue. « Avec une équipe de bénévoles, dit-il, nous nous relayons pour

[les] accueillir dans la crypte de notre paroisse [parisienne]. Nous dînons puis dormons à leur côté, avant de partager le petit déjeuner. […] Donner quelques heures dans la semaine, de façon très concrète, ce n’est pas grand-chose, mais c’est ce qui me porte. […] Une des chansons de mon album, intitulée Les gens sont méchants, rend hommage à un de ces destins à travers le visage d’une femme victime d’une grande précarité. » Quelques heures de service. Quelques dizaines de minutes de prière. Quelques minutes d’écoute authentique. Qui ne peut pas les donner ? En famille, mais aussi au-dehors ! Tout chrétien, en plus de son devoir d’état, doit s’engager dans un service spirituel ou corporel.

Eh bien, mes chers amis, à la crèche comme dans l’Eucharistie, adorons Jésus, né loin de chez lui (Bethléem n’est pas tout près de Nazareth !), avant de fuir en Égypte où il a été un réfugié. Ainsi, qu’il nous apprenne la simplicité, la petitesse. Qu’il nous guérisse du goût des grandeurs et des titres, des regards ambitieux. Il n’est pas un roi vivant dans le luxe des palais, qu’il nous apprenne que nous dépouiller ouvre le cœur à la louange, que « servir ses frères, c’est régner ». Sa naissance merveilleuse fait communi(qu)er le ciel et la terre. Oui, les anges ont raison : Gloire à Dieu grâce à cet humble enfant. Par lui, paix aux hommes et joie profonde. Amen !

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