Homélie de père Pierre – 21ème dimanche TO C (21/08/22) « combien seront sauvés, combien non ? »

2022-08-21T09:32:19+01:0021 août 2022|

L’Évangile de ce jour (Lc 13, 22-30) nous présente Jésus qui passe en enseignant dans les villes et les villages en direction de Jérusalem, où il sait qu’il doit mourir sur la croix pour notre salut à tous.  

Jésus répond à une question : Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens à être sauvés ? La question était discutée à cette époque – combien seront sauvés, combien non… – et il existait différentes manières d’interpréter l’Écriture à ce sujet, selon les textes que l’on prenait. Nous ne savons rien sur celui qui pose cette question : un veuf, une maman inquiète pour un de ses enfants qui a mal tourné ?   

En tout cas, c’était quelqu’un qui croyait à la vie éternelle, mais qui se posait la question si c’était difficile d’y arriver, comme les pharisiens le disaient selon l’opinion la plus courante de l’époque. Dans notre culture, c’est l’opinion contraire qui prévaut. De nos jours on pense volontiers que la grande majorité des gens sont gentils, et iront donc au ciel. 

La réponse de Jésus est pleine d’enseignements : Jésus retourne la question – qui concerne davantage la quantité, « peu de gens… ? » – et il situe au contraire la réponse sur le plan de la responsabilité, nous invitant à bien employer le temps présent. Il dit en effet : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas ». la réponse du Sauveur vise concrètement la vie de ceux qui l’interrogent, parce que le vrai problème, concret, n’est pas de savoir si les autres se sauvent, mais de connaître comment nous pouvons nous sauver. 

Par ces paroles, comme dit le pape François, Jésus fait comprendre que ce n’est pas une question de nombre, il n’y a pas de « numerus clausus » au paradis !  

Mais il s’agit de passer dès maintenant par le bon passage, et ce bon passage est pour tous, mais il est étroit. Voilà le problème. Jésus ne veut pas que nous soyons dans l’illusion en disant : « Oui, soyez tranquilles, c’est facile, il y a une belle autoroute et au fond un grand portail… ». Il ne nous dit pas cela : il nous parle de la porte étroite. 

 

Mais en cela il nous donne une première vérité : D’abord, le Ciel existe bien. Puisqu’il y a une porte pour y accéder ; la manière dont Jésus décrit le salut, la vie éternelle C’est le banquet dans le Royaume des Cieux,.Ensuite, second enseignement l’enfer existe. C’est tout ce qui est « dehors », là où il y a « des pleurs et des grincements de dents ». Ce sont des images qui expriment la frustration désespérée éprouvée par celui qui s’est coupé pour toujours de l’amitié avec Dieu. 

 

Enfin, pour avoir accès au ciel, il faut donc passer par la porte étroite:  troisième enseignement : Nous devons donc nous poser la question : est-ce que le verbe ‘s’efforcer’ est celui qui caractérise le mieux notre vie chrétienne ? Le verbe grec est « agonizomai ». Ce terme grec a une connotation d’effort suprême. C’est ce verbe qui a donné en français le verbe ‘agoniser’ et le substantif ‘agonie’. Les Grecs utilisaient ce terme pour décrire les compétitions de leurs Jeux Olympiques, et aussi pour le combat corps-à-corps avec l’ennemi. Il faudrait donc traduire plutôt : « Luttez pour entrer par la porte étroite ».  C’est le thème du combat spirituel. 

nous devons sans cesse faire des efforts. Il ne suffit pas d’avoir une connaissance superficielle du Christ, comme les gens qui disaient : « Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places. » 

Il nous dit les choses telles qu’elles sont : le passage est étroit. Dans quel sens ? Dans le sens où, pour être sauvé, il faut aimer Dieu et son prochain, et ce n’est pas commode ! C’est une « porte étroite » parce que c’est exigeant, l’amour est toujours exigeant, il demande un engagement, ou plutôt un « effort », c’est-à-dire une volonté déterminée et persévérante de vivre selon l’Évangile. Saint Paul l’appelle « le bon combat de la foi » (1 Tm 6, 12). Il faut un effort de tous les jours, de tout le jour pour aimer Dieu et son prochain. 

Ce que Jésus veut nous faire comprendre est clair. Il veut que nous prenions l’aventure de notre vie au sérieux, que nous fassions des choix responsables. Il veut nous conduire tous au Ciel, mais il ne peut le faire que si nous prenons la décision de le suivre. 

 Pour ceux qui passent leur temps à utiliser leur pouvoir  en détournant la justice, en exploitant les pauvres, en continuant de saboter la planète, en faisant des guerres injustes, cet évangile nous rappelle qu’ils sont sur la voie large de la perdition et qu’ils font le choix de l’enfer s’ils ne changent pas de direction. 

pour nous, chrétiens, cela signifie que nous sommes appelés à instaurer une véritable communion avec Jésus, en priant, en allant à l’église, en nous approchant des sacrements et en nous nourrissant de sa Parole. Cela nous garde dans la foi, nourrit notre espérance et ravive notre charité. Et ainsi, avec la grâce de Dieu, nous pouvons et nous devons employer notre vie pour le bien de nos frères, combattre toute forme de mal et d’injustice.

Que la Vierge Marie nous y aide. Elle est passée à travers la porte étroite qu’est Jésus. Elle l’a accueilli de tout son cœur et l’a suivi tous les jours de sa vie, même lorsqu’elle ne comprenait pas, même lorsqu’une épée transperçait son âme. C’est pourquoi nous l’invoquons comme « Porte du ciel » : Marie, Porte du ciel, une porte qui reproduit exactement la forme de Jésus, la porte du cœur de Dieu, un cœur exigeant mais ouvert à tous.