Homélie du 5ème dimanche de carême : A Pâques, il sera délivré à jamais de la mort

2020-04-04T16:58:50+01:004 avril 2020|

Chers amis, dimanche après dimanche, les évangiles de ce carême nous préparent à Pâques. Aujourd’hui, nous allons méditer sur le sens de la mort et de la résurrection. C’est le thème central des textes de ce dimanche. Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel compare le peuple élu, en exil à Babylone, à des morts au fond d’un tombeau : apparemment il n’y a plus d’espoir d’en sortir et tel est bien le sentiment qui prédomine chez le peuple. Mais Dieu par son esprit de vie, va ouvrir ces tombeaux et ramener le peuple en Palestine sa patrie : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. » Ici, il s’agit d’une véritable résurrection collective, signe de la résurrection des morts où l’humanité se rassemblera près de Dieu dans la joie et la vie sans fin.

Chers amis, nous le savons, dans la conception païenne, la mort est l’ennemie de la vie, elle en est la négation brutale, elle en est la fin c’est-à-dire. le terme et l’arrêt. Dans la pensée chrétienne, la mort est une chose amie de la vie, elle n’est pas conçue en dehors de la vie. Autrement dit, le chrétien vit pour mourir et ainsi vivre de vie éternelle. La mort représente pour le chrétien l’entrée dans la vie, le passage, comme s’exprime saint Jean en parlant de notre Seigneur « Jésus sachant que l’heure était venue de passer de ce monde à son Père. » La mort est une voie obligée, un passage au Père c’est-à-dire. le retour du sein du Père. La mort est pour nous l’instant où se réalise totalement et définitivement la rencontre de notre vie temporelle et de la vie éternelle, céleste. Et saint Paul apôtre dans sa lettre aux Romains, souligne que le chrétien est un être voué à la mort et marqué par le péché. «  Si le Christ est en vous, dit Paul, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous ; celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » Pourquoi avoir donc peur de la mort ? La mort a été vaincue par la vie ; la mort n’a pas le dernier mot, Jésus l’a vaincue.

Et l’évangile d’aujourd’hui, nous montre que Jésus est le vainqueur de la puissance de la mort. Marthe et Marie sont bouleversées par la mort de leur unique frère Lazare. Elles avaient pourtant averti Jésus que son ami était gravement malade. En parlant ainsi, elles frappent à la porte du cœur de Jésus, elles interpellent son amour, elles tentent de laisser entendre leur détresse à son amitié. Jésus s’en fou : « Il demeura pourtant deux jours à l’endroit où il se trouvait ». Cela montre que pour Jésus, il importe davantage de vaincre la mort que d’éloigner la maladie. Aimer, pour lui, ce n’est pas un remède à sa maladie, mais la gloire de sa résurrection. L’attitude de Jésus nous semble indigne. Lazare est malade ; puis la mort s’en suit, Jésus ne bouge pas. Le défunt est enterré et la décomposition du corps commence, jusqu’au quatrième jour. Jésus permet la décomposition de s’exercer, il n’empêche ni la pourriture ni l’odeur infecte. Il accepte que le séjour des morts se saisisse de Lazare, l’entraîne, le garde, l’engloutisse. Il agit ainsi pour que tout espoir humain soit perdu. Voilà pourquoi Jésus est resté au même endroit, à attendre la mort de Lazare. Et dit : «  Lazare est mort et je m’en réjouis. » Pourquoi Jésus se réjouis ? Le Christ se réjouit parce que la tristesse de la mort allait bientôt se transformer en la joie de la résurrection. Ce n’est pas du sadisme. Le quatrième jour après la mort de Lazare, Jésus arrive, il trouve les deux sœurs et leurs voisins abattus. Ils pleurent, ils ont perdu un être cher. Marthe lui dit : « Seigneur si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ».Jésus réplique : «  Ton frère ressuscitera ». Et Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. » Marthe est femme croyante. Elle professe sa foi en la résurrection des morts. C’est vrai, il faut une foi forte pour espérer une vie nouvelle après cette vie terrestre. Jésus l’invite à faire un pas nouveau : «  Moi, je suis la résurrection et la vie, crois-tu cela ? Il s’agit de passer de la foi en la résurrection finale, au dernier jour. Jésus va faire un miracle, avant il prie  « Père je te rends grâce parce que tu m’as exaucé…si j’ai parlé, c’est pour cette foule, qui est autour de moi, afin qu’il croit que tu m’as envoyé ». Après sa prière, il cria d’une voix forte : «  Lazare, vient dehors », et le mort sortit, les pieds et les mains attachées, le visage enveloppé d’un suaire. » Chers amis, si Lazare sort les pieds et les mains liés de bandelettes et le visage enveloppé, cela signifie symboliquement qu’il reste encore un mortel. Ce miracle placé juste avant la passion de Jésus préfigure sa mort et ce que sera sa propre résurrection. Jésus sortira du tombeau à Pâques, il sera délivré à jamais de la mort. En Jésus la vie aura triomphé. La résurrection de Jésus Christ est le centre de notre foi. Jésus lui-même nous dit : Moi je suis la résurrection et la vie ».

Est-ce que nous croyons sincèrement à la résurrection des morts ? Sans la résurrection, la vie humaine n’a pas de sens. La résurrection de notre Seigneur à Pâques annonce la nôtre. La fête pascale nous montrera que la vie a vaincu la mort. La mort n’a pas le dernier mot de notre histoire humaine. C’est la fête de Pâques qui donnera sens à notre mort prochaine. Que toutes les familles endeuillées par l’épidémie du coronavirus soient consolées et réconfortées par celui qui a le pouvoir sur la mort c’est-à-dire notre Seigneur Jésus Christ. Nous prions pour le personnel soignant qui se donne corps et âme pour lutter contre cette pandémie qui sème la mort et le désespoir. Que les scientifiques soient accompagnés par notre prière afin qu’ils trouvent un remède le plus rapidement possible. Que Dieu augmente en nous la foi en la résurrection des morts. Et que la Vierge Marie prie pour nous maintenant et à l’heure de notre mort. Amen

Père Jean