Savons-nous un des éléments fondateurs qui spécifient la vie chrétienne ? C’est la force et la capacité de pardonner. La vie commune est essentiellement fondée sur le support mutuel et le pardon. Alors que notre finitude humaine et notre rationalité auraient tendance à nous fixer le nombre de fois qu’il faut raisonnablement pardonner, Jésus Lui, le maître miséricordieux, nous invite à ne pas compter sinon à ne compter que jusqu’à soixante dix fois sept fois, expression qui voudrait dire tout simplement qu’il ne faut jamais s’arrêter de pardonner à qui demande le pardon. Toute vraie religion chrétienne doit se calquer sur ce principe de miséricorde. Les principes de la vie chrétienne, celle apportée par le Christ au nom de qui nous avions été baptisés ont une démarche différente de celle de la vie politique ou de la vie culturelle et donc de la vie ordinaire. Cela ne peut se marchander. Pierre a eu la tentation de marchander le nombre de fois qu’il fallait pardonner. La réponse du Seigneur est sans appel : « je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » Illustrée dans une parabole !
La miséricorde (entendue le pardon,) est l’identité de Dieu, c’est la quintessence de son être. Elle doit alors devenir pour tout chrétien, tout disciple de l’Amour, la finalité et le moyen de la vie chrétienne. « Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements… » Nous dit Ben Sirac le sage dans la première lecture. Cette exigence ouvre à la nécessité de la pratique du sacrement de la réconciliation et du pardon. La confession nous met à l’école du pardon, à l’école du Maître qui sans cesse nous fait jaillir le pardon. Bannissons avec courage des idées préconçues comme : « Je ne lui pardonnerai jamais ce qu’il a fait, le pardon n’est pas possible, le pardon n’est pas de ce monde… » De telles phrases ne sont pas d’une inspiration chrétienne mais mondaine. Elles pourraient nous mettre dans une dynamique d’opposition avec l’Esprit de Dieu qui, est essentiellement amour et pardon. Que notre prière soit une vraie volonté de devenir fils et fille de lumière dans un exercice inlassable du pardon et de l’amour de nos frères, de nos sœurs à l’image de Dieu lui-même qui n’a jamais cessé de nous pardonner. Amen.
