Père Gibson : « Carême, chemin de jubilation ! »

2021-03-01T09:53:12+01:001 mars 2021|

Nous y sommes déjà depuis le 17 Février dernier par l’imposition des cendres, symbole de notre finitude et appel à la conversion par la pénitence. Beaucoup redoutent d’entrée de jeu, cet exercice spirituel, ne le considérant d’abord que dans son aspect matériel comme de la mortification ou de la punition dans un monde où la notion de la souffrance et de l’abnégation est en recul par l’irruption du progrès vertigineux et effréné de la technologie. Mais le carême est avant tout un temps de joie, de jubilation ! Il est essentiellement pour tout chrétien un temps et un lieu spirituels. Un temps de rencontre intense avec le spirituel, avec Dieu. Et Dieu avait dit à Moïse devant le buisson ardent : « Ôte tes sandales, car le lieu où tu te tiens est sacré ». Cette notion d’« ôter » les sandales est fondatrice du sens spirituel du carême. Dans le carême pour prétendre rencontrer Dieu à l’instar de Moïse il faut ôter, il faut se dépouiller, il faut se désencombrer, il faut se rendre léger en ôtant car Dieu est Essentiel dans le sens des essences dont parle le philosophe Edmund Husserl. Ce philosophe existentialiste pense bien que l’apothéose, la vérité des choses, du réel se trouve dans la connaissance de leurs essences et l’on n’y parvient que par des «réductions eidétiques», procédé par lequel les choses sont mises en épochè (entre parenthèses), ôtées ! Il s’agit vraiment d’être dans un état d’esprit, dans des dispositions spirituelles du désir de Dieu. Dans le livre de carême (que je vous recommande) édité par notre Diocèse en rapport à «Laudato Si», Mgr Robert Le Gall aborde l’esprit du carême dans la même optique en disant : «Pour une saveur plus fine, il convient de «réduire» certains aliments. Ainsi faisons-nous pendant le Carême, ainsi fait Dieu, pour que nous ayons du goût pour Lui, pour que nous percevions davantage le goût de Dieu. Réduisons le surplus d’eau, de graisse, d’orgueil, pour que nous découvrions notre substance dépouillée de tout superflu». Cette Substance fera alors notre joie, notre bonheur car Dieu y est. Cette substance pourra faire l’âme de notre communauté paroissiale où l’on ne viendrait pas seulement comme consommateur de messes et de sacrements mais comme membre d’un même corps partageant les joies et les peines de tous les autres et avec tous les autres. C’est une telle communauté qu’il nous faut désormais bâtir avec le secours de l’Esprit Saint et le désir et la fraternité de tous. Bon Carême.