XXXIIè dimanche TO-Ann. A « Veillons et gardons nos lampes allumées ! »

2018-01-28T20:12:54+01:0021 novembre 2017|

Mes chers frères et sœurs, chers amis ! La vie humaine est parfois fatigante et pénible, avec quelques longues et fortes zones de turbulence. La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, dit-on ! Certaines phases de la vie sont ténébreuses et obscures. Lorsque les choses sont lourdes et difficiles, quand notre vie ressemble à une nuit obscure, c’est là qu’au lieu de baisser les bras, nous avons besoin de la lumière, de la confiance en l’autre, en Dieu, en la vie ; par l’audace, en trouvant en nous, au fond de nous et autour de nous une petite lumière allumée pour défier la nuit de la vie ! Cette petite lumière peut être insignifiante par rapport à la masse d’obscurité ou à la lourdeur qui nous écrase. Mais n’oublions jamais que la puissance de la lumière est infiniment plus forte que la lourdeur des ténèbres et de la nuit. Dans une forêt dense ou dans un océan, même sous la pluie, on arrive à percevoir un feu, un phare à des dizaines des kilomètres… Telle est la force de la confiance en la vie !

Alors, oui, d’accord, la vie n’est pas facile ! Celle d’un prêtre, s’engager dans le mariage, fonder une famille, élever ses enfants, prendre soin de ses vieux parents malades, assumer la réalité professionnelle, une mission dans l’Église… tout cela peut être parfois difficile. Mais cela ne doit pas nous faire oublier la beauté de la vie. Malheureusement, il y a des gens, même des chrétiens qui passent leur vie à maudire la vie, à se lamenter, à pleurer tout le temps ! Ces pessimistes éternels vous plombent le moral en famille, au travail, dans la communauté, car ils ne voient jamais le bon côté des choses. Pour eux, tout va toujours mal. Vous avez envie de ne pas les croiser le matin ! Vous parlez d’un événement vécu, et ils commencent toujours par ce qui n’a pas marché, le négatif ! Ils ont leurs lampes éteintes depuis longtemps. D’autres, heureusement sont plus positifs, ceux qui sont dans l’espérance. Ils voient d’abord le bon côté des choses, d’abord le bien dans le collègue de travail, le conjoint, les autres membres de l’équipe… Ils font confiance et ont leurs lampes allumées. Comme les filles de l’évangile de ce dimanche.

La bonne nouvelle de ce dimanche est que nous ne sommes pas condamnés aux ténèbres, au pessimisme. Si nous allumons la lampe de la foi et défions les ténèbres, c’est parce que nous attendons l’Époux, Jésus, qui vit déjà en nous depuis notre baptême. Ce monde, ma vie, la réalité de mon quotidien, qui me fascinent ou me fatiguent, sont une attente de l’Époux, un Dieu Amoureux et Passionné de nous, l’Aimé qui veut me combler de Bonheur. Cette attente de Jésus ne peut que donner de la joie et mettre dans l’espérance ! Une femme enceinte souffre parfois mais sa douleur n’est rien par rapport à la joie de l’attente d’un enfant et surtout à sa naissance… même si la comédienne Florence Foresti nous parle de baby blues…. Une mère oublie rapidement les douleurs de l’accouchement !

Notre vie est une attente : pas celle d’une condamnation à mort ou d’un verdict néfaste, mais l’attente d’une fête des Noces avec l’Époux qui se donne à nous, dans la Joie chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie. Nous sommes appelés à nous armer de courage et de confiance dans la vie, comme ces cinq filles sages et prévoyantes qui défient l’obscurité de la nuit ; à vaincre le sommeil qui alourdit nos âmes tellement affairées dans le rythme chaotique de notre monde. Nous devons vaincre ce pessimisme qui dit que le mariage est voué à l’échec, que la fidélité n’est qu’un pur concept, que la solidarité est devenue un vain mot dans un monde individualiste, qu’il y a crise de vocation des prêtres au lieu de soutenir les séminaristes que nous rencontrons, que nos églises doivent fermer au lieu de voir ces adultes de plus en plus nombreux qui cherchent le Seigneur et se préparent au baptême, à la confirmation, à l’eucharistie !

Dans l’évangile de ce dimanche, nous contemplons dix filles qui attendent l’arrivée de l’Époux pendant la nuit. Mais cinq parmi elles n’ont pas prévu d’huile pour leurs lampes. Leur échange est étonnant :« ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’ Les prévoyantes leur répondirent :‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter. » Dure réponse qui nous laisse perplexes ! Un peu plus de solidarité quand même ! Les filles prévoyantes appellent à la responsabilité et ont raison. Si elles donnent la moitié de leur huile, il en manquera pour tout le monde. Une remarque dure, mais tellement vraie, déplaisante mais tellement honnête. Dans la vie, quand on aime quelqu’un, on est honnête avec lui, on lui dit la vérité des choses, pour l’aider à avancer, à être responsable, à être vraiment libre. Il n’est pas bon de caresser l’autre dans le sens du poil, même quand il se trompe et fait des bêtises, juste pour lui faire plaisir. Dans ce cas, on le perd, on l’enfonce dans son mal au lieu de le sauver, de lui apprendre à se prendre en main, à grandir dans l’Amour vrai et dans cette vérité qui rend libre.

Dans la vie, les autres ne peuvent pas toujours porter le chapeau de nos responsabilités, et surtout en matière de foi, nous sommes uniques ! Nous sommes, certes le peuple des enfants de Dieu, appelés ensemble ! Mais la foi nous dit aussi que chacun est unique aux yeux de Dieu et qu’il attend de chacun de nous une relation libre et responsable ; un oui personnel et libre que nous sommes appelés à prononcer chaque jour car le Seigneur, l’Époux que nous attendons, refuse de nous prendre dans la masse. Il a prononcé et appelé chacun de nous par son nom, et il attend de chacun de nous la liberté totale dans l’accueil de son Amour, dans une relation personnelle.

Pour garder nos lampes allumées, nous avons besoin d’huile, quelque chose qui brûle et illumine. Nos lampes ont besoin d’énergie, nourrir la confiance, faire grandir la foi. Le désir de Dieu ou de l’autre, la curiosité pour apprendre, l’inventivité, la créativité, la formation sont différentes huiles qui permettent à notre l’Amour, la Foi et l’Espérance de grandir chaque jour dans notre cœur, pour ne pas s’éteindre… Seuls les cœurs ardents d’amour et de joie peuvent défier les ténèbres des jours difficiles et témoigner au monde de la lumière de l’espérance et de la confiance.

Il y a un dernier élément important dans cet évangile. Les vierges folles et imprudentes reprennent courage, se remettent en marche pour aller chercher de l’huile pour leurs lampes. Elles ont à nouveau le désir d’aimer. La passion pour l’Époux est revenue. Mais c’est trop tard ! Quand elles reviennent, la porte de la salle est déjà hermétiquement fermée. Choquant pourrions-nous dire, d’apprendre que Dieu ferme la porte à ces cinq vierges, lui qui ne cesse de nous dire qu’il se tient à la porte et attend patiemment celui qui lui ouvre pour entrer et demeurer avec lui. Les filles insistent en vain : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’ Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas ». Trop tard vraiment ! Notre Dieu n’est pas cruel. Il nous rappelle seulement qu’il s’agit d’une loi de la vie : il y a des occasions qui ne se répètent pas, des moments de la vie qui sont uniques dans nos relations, dans nos amours, et dans la foi. Ces occasions-là, il ne faut pas les louper, passer à côté car on risque de les regretter plus tard : regretter de n’avoir pas prononcé un « je t’aime » à telle occasion, de n’avoir pas demandé pardon, de n’avoir pas posé un geste de confiance, de foi ou d’amour, de n’avoir pas pris une décision quand il le fallait! Tu n’as pas eu le courage de dire « je t’aime » à quelqu’un, et tu l’as perdu pour de bon ! Cette occasion ne se reproduira plus !

Avec Dieu c’est pareil ! Combien de fois nous disons : « quand je serai à la retraite, je m’occuperai des choses de Dieu, de ma foi ! Quand j’arriverai à mieux m’organiser, je trouverai le temps pour prier, pour prendre soin de mon âme, pour rendre service aux autres…mais aujourd’hui, je fais mon devoir d’état, je m’occupe de mes études, de ma profession, je prends soin de mon corps…» Mais tu n’auras peut-être jamais cette occasion-là ! C’est chaque jour qu’il faut chercher Dieu, se décider pour lui : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure». Ça fait peur, mais c’est tellement vrai ! Dans la vie, il a y des moments où il ne suffit plus de récupérer l’huile de la confiance, du désir, de rallumer sa lampe et s’avancer dans la nuit… Il se peut que la route soit bloquée, que le cœur de l’autre soit déjà occupé par quelqu’un d’autre, par quelque chose d’autre, par d’autres priorités ! Alors, soyons vigilants dans la vie, les lampes toujours allumées ! Veillons sur nous-même, sur notre vie, sur notre foi, sur notre amour, sur notre famille…Veillons aussi sur Dieu qui vit dans le cœur de chacun de nous, depuis le baptême, et qui attend de chacun de nous le oui de la vie en plénitude, du bonheur sans fin. Amen.

Ancien curé de l'ensemble paroissial