Homélie du Mercredi des Cendres -Année A (église d’Aucamville)

2018-01-28T20:19:37+01:003 mars 2017|

Chers amis en ce début de carême, les cendres sont le symbole de notre finitude : en nous laissant marquer le front par les cendres, nous nous rappelons que nous sommes poussières et que nous retournerons à la poussière. Par ce geste, l’Église nous invite à accepter notre condition mortelle ; elle nous met sur le chemin d’avoir moins peur de la mort. La liturgie des cendres nous propose donc ce geste concret qui rend la mort présente, visible. Nous sommes des êtres finis, limités dans le temps et dans l’espace. Notre fin dernière est Dieu, notre créateur.

En ce début de carême, nous sommes touchés par l’appel de la première lecture du livre de Joël.

Le prophète Joël appelle chacun de ses frères à se convertir quels que soient son âge et son emploi. Le prophète décrit une cérémonie de pénitence organisée à l’occasion d’une sécheresse aggravée par une invasion de sauterelles. Pour les hommes de la Bible, ce désastre économique était la preuve de leur péché. Aussi chacun est appelé à se convertir quelque que soit son âge et sa fonction, autrement dit, le peuple est appelé à revenir à Dieu.

Chers amis, nous sommes nous aussi invités en ce temps de carême à revenir à Dieu. Pour revenir à Lui, pour vivre ce temps de carême comme un temps où Dieu m’appelle à lui faire une place réelle dans mon quotidien ou à lui faire encore un peu plus de place, quels moyens vais-je me donner.

L’Évangile qu’on vient d’entendre nous propose trois façons, c’est-à-dire trois chemins qui sont complémentaires pour rendre Dieu présent à ce que nous vivons : l’aumône, la prière et le jeûne.

  1. L’aumône, c’est le partage avec celui qui est dans le besoin, ce frère ou cette sœur en humanité qui est pauvre ; c’est-à-dire en manque de quelque chose dont il a besoin pour vivre pleinement. L’aumône ça n’est pas seulement matériel, c’est aussi de l’ordre d’une présence physique, d’une main tendue, d’une attention réelle à l’autre comme quelqu’un qui compte. Donc, l’aumône c’est poser des actes concrets qui disent ma vie en conformité avec l’Évangile ; des gestes qui manifestent cette présence de Dieu qui a besoin de nos mains et de nos voix humaines pour se dire aujourd’hui et prendre soin de chacun, quel qu’il soit.
  2. La prière. Prier, c’est croire que Dieu est là et c’est tout simplement lui partager ma vie et mes aspirations au bonheur. C’est aussi lui crier mes incompréhensions et mes besoins. La prière c’est notre téléphone pour parler avec Dieu.
  3. Le jeûne, du coup, c’est prendre du temps pour creuser en moi la soif et la faim véritables, celles de Dieu et d’un sens à ma vie. C’est me priver de ce qui n’est pas essentiel ou qui m’empêche de voir cet essentiel. Jeûner c’est faire de la place, c’est faire le vide de ces choses matérielles de mon quotidien qui viennent prendre toute la place dans ma vie et en moi.

Ainsi chers amis, l’aumône , la prière et le jeûne sont donc trois chemins complémentaires et sans doute indissociables pour faire retour vers Dieu.

La deuxième lecture qu’on a entendu ce soir ajoute une quatrième façon de revenir à Dieu. Après l’appel du livre de Joël à revenir à Dieu, c’est la réconciliation avec Dieu. Paul nous dit : « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Pour saint Paul, il faut laisser Dieu façonner notre vie. Autrement dit, il s’agit de se laisser faire et de lui faire confiance. Il nous appelle à revenir à lui ! Il veut nous réconcilier avec lui, c’est-à-dire, recréer la relation, retisser nos liens avec lui. Dieu veut nous redire avec force son amour pour nous et sa confiance en nous, alors que parfois, nous nous éloignons de Lui.

Dans notre vie, nous devons être de véritables ambassadeurs comme saint Paul le souligne dans la seconde lettre aux Corinthiens. En parlant d’ambassadeurs du Christ, Paul rappelle à ses correspondants le service de la parole de Dieu qu’il accomplit avec eux. Il doit avoir le courage de leur faire connaître fraternellement les exigences de l’Évangile, les inviter à ne pas laisser passer le moment favorable pour se convertir.

Ce soir, dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus maintient la nécessité de l’aumône, de la prière et du jeûne. Il est toujours nécessaire de traduire notre vie chrétienne dans des actes de partage, de prière et de maîtrise de soi. Mais Jésus nous met en garde :

-quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi comme ceux qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans la rue.

-Quand tu pries, ne sois pas comme ceux qui se donnent en spectacle,

-quand tu jeûnes, ne prends pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle.

Chers amis, au cours de ce carême, il faut se battre contre tout ce qui nous pousse à négliger les choses de Dieu. Pour nous croyants, le carême marque le moment où il nous faut rentrer en nous-mêmes. C’est un temps d’intimité particulière avec Dieu dans le secret de notre cœur et de notre conscience. C’est dans cette intimité intérieure avec Dieu que s’accomplit l’œuvre essentielle du carême : le travail de conversion.

Que l’Esprit Saint nous accompagne tout au long de cette période de Carême en vue de notre conversion. Amen.

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Vicaire de l'ensemble paroissial