Homélie du XXVIè dimanche du temps ordinaire -Année A

2018-01-28T20:12:58+01:003 octobre 2017|

Je ne sais pas si vous vous souvenez mais déjà dans l’Évangile de dimanche dernier il y avait une histoire de vigne, un maître de domaine sortait à toute heure du jour pour embaucher des ouvriers à sa vigne. Dans l’Évangile de ce dimanche il est encore question de vigne, mais cette fois Jésus nous entraîne dans une histoire de famille. Un homme avait deux fils, et il demande à chacun d’eux d’aller travailler à la vigne.

Deux fils, deux trajectoires. Deux trajectoires différentes qui se croisent et qui s’inversent, un peu comme nos trajectoires faites d’avancées, de recul, de oui et de non.

En méditant sur ces textes, je me suis remémoré une histoire de famille. Un petit garçon d’une dizaine d’année, à qui son grand-père avait demandé de venir après l’école pour l’aider à arroser son jardin, avancé en âge ce travail devenait difficile pour lui. Le oui avait été donné sans problème. Mais cette fois-là après l’école les copains avaient projeté une partie de foot, et à cette époque rien ne pouvait rivaliser avec une partie de foot, pas même un oui donné, et même pas les devoirs. Les jeunes, les devoirs c’est important. Je me souviens de mon retour à la maison, et le visage de mon grand-père triste parce que je n’avais pas été fidèle à ma parole, j’éprouvais alors un grand moment de solitude, et comme disent les jeunes : j’étais passé à côté de ma vie. Alors si en plus je revenais avec un match perdu… j’étais au bout de ma vie. Mais mon repentir et son pardon m’ont permis de rebondir…

A défaut d’arroser le jardin, Il est donc question d’aller travailler à la vigne. Dans l’Ancien testament le vignoble ou la vigne sert de métaphore pour le peuple de Dieu, elle prépare l’implantation du royaume, et le déploiement du drame du salut. Si à son époque Jésus adresse cette parole aux grands prêtres et aux anciens du peuple, c’est parce qu’ils n’ont pas reçu la parole de Jean-Baptiste appelant à la conversion, et qu’ils n’accueillent pas Jésus comme l’envoyé du Père. Je cite l’Évangile : « Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole » ;

Si aujourd’hui cette Parole nous est adressée, c’est pour que nous prenions conscience que le fruit de la vigne dépend aussi de notre implication et de notre travail en son sein… Deux dimanches de suite que nous avons le thème de la vigne. Mes amis, si nous avons des trajectoires personnelles et différentes nous avons aussi une trajectoire commune, une trajectoire communautaire : celle-ci passe par œuvrer ensemble dans et pour le peuple de Dieu, et le peuple de Dieu en ce qui nous concerne au premier chef c’est notre communauté, nous sommes donc appelés à travailler pour la rendre plus belle, plus charitable, plus miséricordieuse, et en ce début d’année pastorale plus missionnaire.

Je ne suis pas vigneron, mais tout comme la vigne, notre communauté locale (Aucamville-St Loup- Cammas) demande une attention constante et une implication de tous avec ce que chacun peut y apporter : services de la catéchèse, du catéchuménat, de la liturgie, à la maison de la fraternité, dans les différents groupes de prière, dans les sacristies… et ma liste n’est bien sûr pas exhaustive. Mais l’essentiel n’est pas uniquement dans le nombre de services mais surtout dans la façon dont nous mettons en œuvre ces services, afin qu’en nous voyant de l’extérieur, des observateurs soient interpellés par l’amour qui nous unit. C’est bien ce à quoi nous invite l’apôtre Paul dans le très beau passage de la lettre aux Philippiens. Il nous exhorte à « Rechercher l’unité… » S’il nous exhorte ainsi c’est parce qu’il sait l’enjeu que représente le témoignage d’une communauté unie, je vous renvoie au chapitre deuxième des Actes des Apôtres. Nous savons que sur le papier cela reste facile mais plus difficile dans la pratique quotidienne, quand nos trajectoires personnelles croisent cette trajectoire commune. Tout comme la vigne doit lutter contre la maladie et les intempéries, nous devons nous aussi parfois lutter avec l’aide de la grâce pour rechercher cette unité. Paul toujours dans la seconde lecture nous donne une clé, un chemin. Il écrit : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ.» Et plus loin il précise : « Mais il s’est abaissé, prenant la condition de serviteur ». Avoir les dispositions qui sont dans le Christ, c’est prendre le tablier de serviteur pour se mettre au service de ses frères, Lui dont le seul but est de faire la volonté du Père. Faisons nous aussi la volonté du Père et avec humilité considérons les intérêts d’autrui avant nos propres intérêts afin de faire resplendir nos familles, nos lieux de vie, notre communauté c’est-à-dire l’Église, par l’amour fraternel, l’espérance, la foi et la miséricorde, pour qu’en premier lieu par notre unité nous interpellions, nous annoncions le Christ ressuscité et que nous devenions une communauté de disciples missionnaires. Ainsi nous pourrons chanter avec le psalmiste « Tu es heureux, tu prospères. Ton épouse est comme une vigne féconde »

Vous l’avez saisi la vigne c’est l’Église. Elle est faite d’un corps physique, corps réel incarné par nos personnes, mais aussi d’un corps mystique où notre participation est renouvelée à chaque Eucharistie. Frères et sœurs quand le fruit de la vigne sera dans le calice sur l’autel, avec le pain, signe de l’alliance entre Dieu et les hommes, en nous approchant pour recevoir le Seigneur, demandons lui la grâce d’avoir les mêmes dispositions qui sont en lui, et qu’il a pour son épouse : l’Église, afin que nous puissions la faire grandir et lui faire porter un fruit qui demeure.

Faisons nôtre ce désir de la petite Thérèse de l’enfant Jésus: « Dans le cœur de l’Église ma mère je serai l’amour ». Qu’il en soit ainsi.

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