C – 7è dimanche de Pâques – « Soyons enracinés dans la communion trinitaire »

2019-06-05T11:45:39+01:005 juin 2019|

Mes chers frères et sœurs. Dans la Bible, personne n’a jamais vu, de son vivant le Visage du Père. Et pourtant, nous le connaissons grâce au Christ, Dieu fait homme qui est venu nous le révéler. A travers le visage du Fils Unique du Père, nous découvrons le visage du Père, plein d’amour et de tendresse pour chaque être humain appelé à entrer dans la communion avec le Père grâce à la foi en Jésus. Jésus a voulu nous faire connaître le Père, et c’est dans cette connaissance que nous avons la vie éternelle. Il dit lui-même : « Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent toi Père, et celui que tu as envoyé ! » C’est dans cette connaissance du Père et du Fils, qui se fait à travers le saint Esprit que se réalise et s’accomplit pour chaque baptisé le salut. C’est important de souligner cette place du saint Esprit, en ce moment où nous sommes dans la neuvaine de la Pentecôte, depuis ce jeudi de l’Ascension. Comme on chante dans le Veni Creator, le saint Esprit nous fait connaître le Père et le Fils. N’oublions pas de le prier en ces jours qui nous acheminent vers la Pentecôte.

En ce sens, nous comprenons que notre salut est une œuvre de Dieu, de toute la Trinité sainte. Mais cela passe aussi par l’Église, qui est le Corps du Christ, à travers les sacrements qui nous sont donnés. C’est dans les sacrements que Dieu nous transmet sa propre vie, et ça tombe bien avec les grandes célébrations des sacrements que sont les mariages, les premières communions, les confirmations des jeunes et adultes, les baptêmes qui ont repris depuis Pâques, les ordinations diaconales et presbytérales à la fin du mois. L’Église est notre Mère, et c’est Dieu lui-même qui nous donne sa vie à travers cette structure millénaire, dont « le personnel » n’est certes pas saint, mais qui elle-même est sainte parce qu’elle vit de Dieu et est mue par le Saint Esprit.

L’Église est donc associée par Jésus lui-même pour réaliser le salut de l’humanité. C’est ainsi qu’il a choisi, au lancement de l’Église, des apôtres et des disciples avec lesquels travailler à cette même mission. Il ne l’a pas fait sur un coup de tête, mais il a discerné, réfléchi, a prié pendant toute une nuit pour que son Père lui indique qui il devait choisir. C’est cela que nous lisons dans l’évangile de Luc (6, 12-16) « En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître. » Il est vrai que quand nous contemplons le groupe des Douze, avec leurs différences et leurs fragilités, nous nous demandons bien comment ça a pu marcher. Parmi eux, il y a un traître qui le vend, un chef qui le renie, un Thomas qui veut toujours des preuves, un Jean qui est trop jeune avec la tête en l’air… Et tous, plus ou moins lâches.

Pourtant, ce choix des Douze est un don du Père au Fils et à l’Église. Jésus le dit lui-même dans sa prière sacerdotale que nous venons d’écouter : « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi ». (Jn 17, 6-9)

A la veille de sa mort, Jésus s’inquiète du devenir de ses disciples, car il connaît leurs qualités et leurs défauts Il prie pour eux en les confiant au Père. A travers cette prière, c’est pour nous aussi, disciples d’hier, d’aujourd’hui et de demain qu’il prie. Il ne veut pas notre perte, la destruction de la communauté par des divisions car il sait bien que le Tentateur et Diviseur est à l’œuvre, à l’attaque dans les cœurs, pour les faire tomber, les arracher de la communion trinitaire, semer la zizanie. C’est pour cette raison que Jésus prie pour eux et pour nous : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous-mêmes ».

Chaque fois que nous sommes tentés par les divisions, les conflits, les incompréhensions, méditons cette prière de Jésus. La foi peut être blessée par les épreuves, les points de vue, les jugements et les regards différents que nous pouvons porter sur certains événements difficiles de la vie de l’Église, des évêques, des prêtres et des fidèles laïcs. Cela a existé dès la naissance de l’Église. En regardant son histoire et celle de notre communauté, nous pouvons nous rendre compte qu’il y a toujours eu des divergences, les tensions, les blessures, les épreuves… mais l’Église est toujours là, vivante parce qu’elle est enracinée dans la trinité Sainte.

Un saint homme disait avec raison, à la veille du jubilé de l’An 2000 à Rome : « Si l’Église vit encore aujourd’hui, deux mille ans après la résurrection du Christ, malgré les papes, les évêques, les prêtres et les fidèles de piètre qualité que nous sommes, c’est vraiment le signe que l’Église est d’abord l’œuvre du saint Esprit et non pas une œuvre humaine. Et c’est la présence du saint Esprit qui sanctifie l’Église, et non pas la somme de la sainteté de ses membres qui sont tous pécheurs ».

L’unité, la sainteté, la croissance, la mission de l’Église se réalisent par le Saint Esprit envoyé aux apôtres à la Pentecôte. Le saint Esprit nous apprend à demeurer dans l’amour le Père et le Fils. Jésus nous dit : « celui qui demeure en moi, comme je demeure dans le père, celui-là porte beaucoup de fruit ». Le Saint Esprit vivifie notre foi, nous encourage dans les épreuves, nous illumine dans la désolation, nous donne de la joie pour rendre grâce au Père et au Fils pour les merveilles qu’ils accomplissent en nous et dans l’Église.

Depuis le jeudi de l’Ascension, nous sommes tournés vers la Pentecôte, en attente du saint Esprit. Avec les disciples au Cénacle, nous attendons du Don par excellence, le Dispensateur de tous les dons de Dieu… le Défenseur, le Consolateur, l’Avocat que le Père et le Fils nous envoient. Nous en avons besoin ! Demandons-le avec instance.

Je vous invite, à vivre dans la foi cette neuvaine à l’Esprit Saint que nous avons commencé à l’Ascension. Prions le Saint Esprit nous-mêmes, sur nos familles, notre communauté et sur toute l’Église. Prions le saint Esprit sur tous ces 105 adultes qui vont recevoir la confirmation dimanche à la Pentecôte à la cathédrale Saint-Etienne. Il y en a 24 de notre communauté paroissiale. Prions le saint Esprit sur les jeunes qui vont faire leur profession de foi le même jour à Lalande. Je vous invite d’ailleurs à venir tous, samedi soir, à la veille de la Pentecôte pour cette soirée de louange paroissiale, pour qu’ensemble, nous attendions le Saint Esprit, comme les disciples, en présence de Marie. Nous serons aidés par la communauté de l’Emmanuel.

Demandons le Saint Esprit pour ceux qui se préparent au mariage pendant cet été, afin que les époux soient toujours unis dans le Seigneur. Invoquons le saint Esprit pour tous les enfants qui se préparent à recevoir l’Eucharistie pour la toute première fois en ce mois de juin. Prions l’Esprit de Dieu sur Aymar et Paul qui seront ordonnés diacres pour notre diocèse le 23 juin… Que tous ces sacrements, reçus et vécus dans la foi nous enracinent davantage dans la communion trinitaire, qu’ils affermissent et vivifient le dynamisme missionnaire de chaque baptisé et de l’Église toute entière, pour que personnellement et ensemble, nous annoncions le Christ Ressuscité, présent dans nos vies, jusqu’à la fin de temps, comme il nous l’a promis avant de monter siéger à la droite du Père. Amen.

Ancien curé de l'ensemble paroissial