Laissons le Christ Ressuscité vivre et nous façonner par sa présence

2017-04-18T20:19:22+01:0018 avril 2017|

Savez-vous que Pâques pourrait être qualifiée comme la « fête des Rolling stones » c’est-à-dire des pierres roulées ? Oui, en ce dimanche de Pâques, nous devons contempler les « rolling-stones » de nos vies. C’est cela qu’il faut apprendre et faire découvrir à ces enfants baptisés en cette fête de Pâques. Nous devons chercher en nous toutes ces pierres qui ont besoin d’être roulées, de tous ces bazars qui encombrent nos cœurs, de toutes ces relations toxiques qui nous empêchent de vivre vraiment et dont nous avons du mal à nous libérer, toutes ces idées bizarres qui empêchent la lumière du Ressuscité d’atteindre notre cœur. La fête de Pâques nous appelle à nous débarrasser de toutes ces masses pesantes qui sont à l’entrée de notre cœur et qui la bloquent, empêchant Dieu d’y entrer. Il s’agit aussi de tous ces bruits qui font taire Dieu quand Il veut nous parler.

Pendant tout le temps de Carême, et en particulier le vendredi saint, nous avons contemplé tous les ennemis de Jésus. Ces derniers, chefs de prêtres et pharisiens, avaient voulu faire taire Jésus, parce qu’Il le considérait comme excessif dans son amour et ses enseignements. Ils l’ont considéré comme peu religieux et irrespectueux des normes et de l’autorité. C’est ainsi qu’ils l’ont condamné à mort, à une mort cruelle sur la croix, faisant fuir tous ses disciples, morts, eux aussi, mais de peur. Ces chefs des prêtres Juifs ont cru que condamner et crucifier Jésus, le prophète gênant, à la veille de la grande fête de la Pâque Juive, serait passé inaperçu. Par excès de prudence, pour éviter des coups inattendus de ses disciples qu’ils prenaient pour des « fanatiques », ceux qui écoutaient son enseignement, les chefs des prêtres font surveiller son tombeau par des militaires bien armés. Vous vous imaginez un peu ! Faire surveiller le tombeau d’un cadavre, pour éviter qu’une bande de bergers et pêcheurs paralysés par la peur, ne puissent le voler ! Quel excès de prudence !

Et pourtant ! Ceux parmi vous qui ont eu la joie de participer à la plus importante des veillées de prières chrétiennes, la veillée Pascale, ont écouté l’évangile de saint Matthieu et ont contemplé cet ange assis sur la pierre roulée, la « rolling-stone », disant aux saintes femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. »

Ces femmes étaient prêtes, après une nuit d’insomnie, et voulaient poser un geste purement féminin, une attention vraiment maternelle : laver et nettoyer ce corps blessé de Jésus qui a été enterré la veille dans la précipitation, à la va vite, à cause de la fête du Sabbat. C’est comme cela que nous faisons aussi quand nous pensons honorer Dieu en lui mettant un petit coup de parfum ou de baume de temps en temps ! Nous croyons rendre heureux notre Seigneur en lui construisant des monuments, alors que, lui, veut que nous soyons des pierres vivantes, des membres vivants de son Corps ressuscité des morts, en étant ses témoins dans nos familles, nos cercles d’amis, nos collègues de travail. Au lieu de mettre du baume sur son Corps, le Christ Ressuscité nous demande de nous convertir à une vie nouvelle.

Alors, tous nos masques de pénitents, nos visages de carême toujours tristes et en larmes aux pieds de la croix, tout cela, Jésus Ressuscité nous dit que ce n’est pas ce qu’il attend de ses disciples. Le Christ ressuscité nous appelle à la vie et à sa joie. Il n’y a plus de crucifié au matin de Pâques, plus de cadavre devant lequel nous devons pleurer. Le corps a disparu ! Jésus s’en est allé, « libéré et délivré » ! Jésus est libre de la mort. Si Dieu pour nous est un cadavre que nous devons vénérer de temps en temps, l’ange du matin de Pâques nous dit que nous nous sommes trompés d’adresse et de religion. Nous devons aller ailleurs, pas dans le christianisme. Nous rencontrons tous des gens qui disent qu’ils n’ont pas la foi, qui sont barricadés dans un athéisme militant, parfois idéologique… Mais beaucoup ne pourront jamais croire, parce que quand nous discutons avec eux, nous nous rendons compte qu’ils continuent à frapper à la porte d’un tombeau vide. Mais Dieu ne vit pas dans un tombeau vide. Il est vivant, dans le quotidien.

Les femmes, en allant au tombeau tôt le matin, sont très préoccupées par une idée. Il font une fixation : la « rolling stone ». Une grande pierre les sépare du corps de Jésus : « Qui nous roulera la pierre qui est à l’entrée du tombeau ? » C’est un souci légitime, mais bien inutile !

En cette fête de Pâques, nous devons nous poser certaines questions. Quelle est la pierre qui a enseveli, enterré ma foi pour qu’elle ne soit plus vivante ? Quelle pierre lourde retient le Seigneur loin de ma vie quotidienne ? Quelle pierre m’empêche d’être vraiment heureux ? Nous avons parfois une vie remplie d’excuses, de prétextes, une vie qui pose des conditions pour atteindre le bonheur. « Si j’étais, si j’avais, si je pouvais… je serais plus heureux ! » Que des conditionnels dans nos vies ! Ce n’est pas vrai ! Si je ne suis pas heureux ici et maintenant, je ne le serai pas demain en posant des conditions. Les blessures, les doutes, les douleurs passées, toutes ces pierres tombales lourdes, seul Dieu est capable d’envoyer son ange pour les rouler, les déplacer, voire même les anéantir comme il le fit au matin de Pâques.

Le Seigneur nous demande de courir au tombeau, avec Pierre et Jean. Il nous invite à voir le linceul qui couvrait son visage, de constater ces multiples signes de sa résurrection et d’en tirer les conséquences pour notre vie de chaque jour. Le Seigneur nous demande de vivre en ressuscités, nous aussi, parce que par le baptême, le Ressuscité déjà, vit en chacun de nous. Mais faut-il encore que nous le laissions vivre en nous et nous façonner par sa présence. Vivre en ressuscité, c’est chercher d’abord ce qui est essentiel dans la vie, c’est désirer ce qui compte vraiment au lieu d’encombrer le cœur de pacotilles. Que cette fête de Pâques renouvelle notre vie en profondeur. Joyeuse Pâques !

Ancien curé de l'ensemble paroissial